Cyclisme. Diabétique, coureur pro et rempli d’ambition

Quentin Valognes, qui souffre du diabète depuis l’âge de 6 ans, dispute ce dimanche ses premiers championnats de France professionnels. Une véritable leçon de vie et de courage.

Sprinteur pas comme les autres, Quentin Valognes (à gauche) mérite le plus grand respect. 
Sprinteur pas comme les autres, Quentin Valognes (à gauche) mérite le plus grand respect.  Twitter Quentin Valognes

    Son histoire, Quentin Valognes, toujours enthousiaste à l'idée de partager son parcours, l'a déjà racontée de nombreuses fois. Il en a même écrit un livre, «Diab, un ami pour la vie», diffusé à plusieurs milliers d'exemplaires. Un témoignage d'où se dégage une grande maturité malgré ses 20 ans.

    « Ma maladie m'a fait grandir plus vite, j'en ai tiré une grande force, celle d'aller jusqu'au bout et de ne jamais abandonner», explique le Caennais qui a été diagnostiqué diabétique de type 1 (diabète insulinodépendant) à l'âge de 6 ans. Mais sa maladie ne l'a pas empêché d'accomplir son rêve de devenir coureur cycliste professionnel depuis le 1er janvier dernier.

    Quentin Valognes dont «toute la famille fait du vélo» appartient à l'équipe américaine Novo Nordisk, entreprise danoise leadeur dans le traitement du diabète, composée uniquement de coureurs diabétiques. Cette année, il a beaucoup couru à l'étranger : Dubaï, Abu Dhabi, Taïwan, Estonie, Canada, Azerbaïdjan...

    « Me retrouver face aux Cavendish ou Kittel, c'était grandiose »

    « Mes débuts pros, je les ai faits au Tour de Dubaï. Me retrouver face aux Cavendish ou Kittel, c'était grandiose. J'étais en plein rêve. Mais j'ai vite été rattrapé par la réalité : je me suis dit qu'il me restait beaucoup de boulot. Mais c'est déjà une belle revanche sur la vie de montrer à ceux qui n'y croyaient pas que c'était possible, que j'ai franchi cette première étape.»

    Ce dimanche à Saint-Omer, le sprinteur participera à ses premiers championnats de France pros. «Je suis avide de découvertes, j'aime bien les autres cultures mais ça fait du bien de rentrer en France de temps en temps. C'est la fête du vélo. Les gens vont peut-être mieux me découvrir. On sera trois de l'équipe Novo Nordisk avec Romain Gioux et Corentin Cherhal. On espère se montrer pour qu'on parle de nous et diffuser le message de l'équipe. »

    « Notre mission, c'est d'éduquer et inspirer ceux qui souffrent du diabète »

    « Notre mission, enchaîne-t-il, c'est d'éduquer, d'encourager et d'inspirer les personnes qui souffrent du diabète, partout dans le monde. Mais notre discours est universel. Il s'adresse à tout le monde. Par notre exemple, on veut montrer qu'il faut toujours rester positif et toujours y croire malgré ce qui peut nous arriver dans la vie.»

    Ce rôle de messager, Quentin Valognes le prend très à coeur. Adolescent, il n'avait pas hésité à alerter les médias et les politiques de sa région, pour qu'ils prennent en charge un capteur non-remboursé par la sécurité sociale. «Quand j'étais petit, je ne voyais pas encore les conséquences de ma maladie sur mon quotidien. C'est venu un peu plus tard. Un jour, je me suis retrouvé à l'hôpital. Les médecins m'ont tenu un discours assez alarmiste. Mais j'ai compris que je devais être plus attentif à la gestion de ma maladie. Je ne voulais pas que ma famille en subisse les conséquences financières, donc je me suis battu pour essayer d'ouvrir des portes et financer cet appareillage. Au lieu de me décourager, j'ai réagi inversement. Cela a toujours été le moteur de ma vie.»

    « J'ai appris à me battre avec la maladie et non contre »

    Sur les conseils de l'ancien sprinteur pro Frédéric Moncassin, Quentin a rejoint en 2013 l'équipe junior de Novo Nordisk à Atlanta. Un choix salutaire. «Avant, le diabète était mon ennemi, je me battais tous les jours contre lui. Mais en arrivant dans cette équipe, j'ai appris à me battre avec la maladie et non contre. On est étroitement suivis, on surveille notre taux de sucre, avant, pendant et après la course. On reçoit aussi des injections. Tout cela n'est pas contraignant, on y est habitués. On appartient à une équipe composée à 100 % de diabétiques, c'est vrai que c'est plus facile. Mais, dans une équipe normale, on pourrait avoir les mêmes soins, ce serait autorisé.»

    Objectif Tour de France en 2021 !