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Le marathon diplomatique aux résultats incertains de Hollande

La Russie et la France vont désormais « coordonner » leurs frappes en Syrie, a annoncé le chef de l’Etat, après sa rencontre avec Vladimir Poutine.

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Publié le 27 novembre 2015 à 02h31, modifié le 27 novembre 2015 à 18h07

Temps de Lecture 5 min.

Après des passages éclairs à Washington et à Moscou, François Hollande va se saisir de l’ouverture de la COP21, dimanche 29 novembre, à Paris, pour poursuivre ses intenses consultations en vue de renforcer la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI). Plusieurs des principaux acteurs de la crise syrienne seront en effet présents en France, du président de l’Iran, Hassan Rohani, à celui de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan. Dès dimanche, le président français s’entretiendra avec le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et il recevra à dîner, lundi, son homologue américain, Barack Obama.

  • On ne parle plus de « coalition » mais de « coordination »

Deux semaines après les attentats de Paris, le président Hollande achève un exceptionnel marathon diplomatique destiné à accélérer la mobilisation politique et la coordination militaire contre l’EI. Au-delà de la multiplication des rencontres, force est de constater que le résultat des efforts déployés par M. Hollande est encore incertain.

Les contours de la « grande et unique coalition » contre les djihadistes prônée par le président lors de son intervention devant le Congrès, le 16 novembre, demeurent flous. D’ailleurs, l’Elysée parle désormais plutôt de « coordination » que de « coalition », tant cette dernière suppose un consensus politique sur les objectifs recherchés, aujourd’hui introuvable.

  • David Cameron veut étendre les frappes britanniques de l’Irak à la Syrie

Le premier ministre britannique, David Cameron, a apporté, lundi 23 novembre lors d’une visite à Paris, un soutien explicite à la France dans sa politique de frappes contre l’Etat islamique en Syrie et affiché sa volonté de voir le Royaume-Uni faire de même.« Je soutiens fermement l’action entreprise par le président Hollande pour frapper l’Etat islamique en Syrie », a déclaré M. Cameron lors d’une déclaration avec François Hollande à l’Elysée. Il a ajouté avoir la « ferme conviction que la Grande-Bretagne doit en faire de même ».

Jeudi 26 novembre, dans une intervention solennelle à la Chambre des communes, M. Cameron a cherché à convaincre les députés d’étendre à la Syrie des frappes aériennes que la Royal Air Force limite jusqu’à présent à l’Irak. « Si nous n’agissons pas maintenant, quand la France, notre amie et alliée, a été frappée à ce point, alors nos amis et alliés seront fondés à demander : “Alors quand ?” », a-t-il lancé. Il a présenté aux députés un « plan global » associant actions militaire, diplomatique et humanitaire.

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  • Peu d’engagements de la part d’Obama

A Washington, mardi, Barack Obama a fait assaut de bonne volonté pour soutenir M. Hollande, en défendant un renforcement du partage du renseignement, une coopération militaire plus étroite et une montée en puissance des frappes contre l’EI, notamment contre les convois pétroliers qui alimentent le trésor de guerre de l’organisation terroriste.

« Mais Obama n’a pas fondamentalement changé sa stratégie de guerre à distance, essentiellement aérienne », note Camille Grand. Et le président américain n’a pas dissimulé son scepticisme face à un rapprochement avec la Russie, tant que Moscou continue de défendre le régime syrien.

  • Angela Merkel apporte son soutien, mais modestement

En recevant la chancelière Angela Merkel à l’Elysée, mercredi, M. Hollande a publiquement demandé à l’Allemagne de « s’engager encore davantage »aux côtés de la France dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI). La réponse n’a pas tardé. La chancelière Angela Merkel a annoncé le déploiement de plusieurs avions de reconnaissance, mais le pays ne participera aux bombardements contre l’organisation Etat islamique

En l’occurrence, une frégate équipée de missiles antiaériens qui protégera le porte-avionsCharles-de-Gaulle, quatre à six avions de combat Tornado, équipés de système de reconnaissance (mais sans armement), ainsi qu’un satellite d’observation qui travaillera avec le système français Helios. Et pour la logistique, un avion-ravitailleur qui fait défaut à la France.

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Par ailleurs, l’Allemagne devrait faire passer de 100 à 150 le nombre de militaires assurant la formation des peshmergas – combattants kurdes – dans le nord de l’Irak. Autant de décisions qualifiées de « difficiles, mais importantes et nécessaires » par la ministre de la défense.

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  • Coordination entre le France et la Russie en Syrie

Avant de s’engager dans cette tournée diplomatique au pas de charge, François Hollande a fait un pari ambitieux : profiter de l’onde de choc des attentats de Paris pour tenter de faire bouger les lignes sur la crise syrienne, dont les métastases se font sentir bien au-delà du Proche-Orient. M. Hollande a été le premier à bouger en proposant une main tendue à la Russie, principal allié, avec l’Iran, du régime de Bachar Al-Assad.

En déclarant devant le Congrès que la lutte contre l’EI était désormais la priorité de l’action française, le chef de l’Etat a atténué la position de Paris qui estimait, jusqu’alors, que le combat contre les djihadistes ne pouvait se concevoir que s’il y avait aussi une perspective claire d’éviction de Bachar Al-Assad. « Le mouvement de la France a consisté à réviser ses priorités pour ne pas poser un obstacle à un rapprochement avec la Russie », observe Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique.

Vladimir Poutine a visiblement saisi cette ouverture. A l’issue des entretiens, jeudi soir à Moscou, entre les présidents français et russe, M. Hollande a déclaré que les deux pays allaient dorénavant « coordonner » leurs frappes en Syrie contre l’EI, mais aucun progrès n’a été enregistré sur le front politique, concernant le rôle de Bachar Al-Assad.

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  • Le sort de Bachar Al-Assad reste toujours un obstacle

Même si François Hollande peut se targuer d’avoir obtenu, à Moscou et Washington, des avancées sur le terrain de la coopération militaire, leur impact demeurera limité tant que persistera le principal obstacle : l’absence d’un accord a minima sur l’avenir politique de la Syrie et donc sur le sort de Bachar Al-Assad.

Seules les troupes déjà présentes au sol pourront consolider les éventuels reculs de l’EI, désormais soumis à des bombardements plus soutenus. Or, les combattants locaux et leurs parrains régionaux ne pourront accepter de se mobiliser dans le cadre d’une « coalition » anti-EI que s’il existe une perspective politique conduisant au départ du président Assad. Pour l’heure, elle n’existe pas.

La Russie et l’Iran participent certes aux discussions multilatérales sur la Syrie, entamées à Vienne, aux côtés de leurs adversaires du Golfe. Mais le processus n’en est qu’à ses balbutiements. Et, à ce stade, aucun mouvement majeur n’est perceptible entre les protagonistes. « Les attentats de Paris ont provoqué un tremblement de terre politique, constate Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’Union européenne en Syrie et expert de la Fondation Carnegie. Mais ils n’ont pas encore conduit à un séisme diplomatique ».

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