Dépêche

Triple meurtre de Bozel: l'accusé a tué pour l'argent, selon ses proches

Chambéry (AFP) - Sa mère et sa sœur en sont convaincues: Jordan Lenisa, 27 ans, jugé pour le meurtre de son père et de ses deux frères à Bozel (Savoie) en 2012, "a fait ça pour l'argent: il en voulait toujours plus".

"C'est un constat terrible de voir qu'il aime plus l'argent que sa propre famille. Malheureusement, force est de constater que c'est ça. Pour moi, il est très clair, le mobile: c'est l'argent", a déclaré mercredi la mère de l'accusée, Murielle Lenisa, 46 ans, à la barre de la cour d'assises de Savoie.

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Le 26 juillet 2012 à Bozel, alors âgé de 23 ans, Jordan Lenisa a tué son frère Benjamin, 17 ans, d'une balle dans la tête, et son petit frère Victor, qui allait fêter ses huit ans le lendemain. Il a ensuite attendu le retour de son père, Florent, 49 ans, pour l'abattre lui aussi.

Après ces trois premiers meurtres, le jeune homme s'en était pris à sa mère, tentant de l'étrangler, de l'étouffer avec des coussins et de l'assommer à coups de bûche. Elle était parvenue à s'extirper de l'emprise de son fils, à le calmer et à appeler les secours.

"C'était un guet-apens, il nous attendait tous froidement, c'est très clair", a estimé sa mère, grande femme aux longs cheveux blonds. "Ça a été pensé, prémédité et il est venu faire ça pour l'argent. Il faut qu'il assume ce qu'il a fait", a-t-elle ajouté.

Atteint de graves troubles de la personnalité, Jordan Lenisa dit lui avoir tué son père par "haine", parce qu'il le "rabaissait tout le temps", et d'avoir "entendu une voix" qui lui disait de tuer aussi ses deux frères.

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"Je suis là pour lui dire la vérité"

"On ne va pas tuer son papa à 14H00 en sachant très bien qu'il est au bureau", a pointé sa mère. "Je ne suis pas là pour l'acculer, mais pour dire la vérité", avait-elle prévenu en début d'audition, avant de se tourner vers l'accusé et de lui lancer d'une voix étranglée: "Sache que tu es mon fils et que je t'aime."

Un peu plus tôt, Charlène Lenisa, 25 ans, chemise rayée, bras tatoués et cheveux coupés en brosse, avait raconté, dans un témoignage entrecoupé de sanglots, la douleur d'avoir survécu au drame familial. "C'est dur de rester. C'est un combat de tous les jours", a-t-elle dit en se rappelant du "rayon de soleil" qu'était son petit frère.

"Jordan, tu voulais l'argent, mais tu as perdu la plus belle richesse que tu avais: c'est la famille, tout l'amour qu'on avait pour toi", a-t-elle dit à son frère en retenant ses larmes. "C'est ma sœur, je l'aime plus que tout au monde", a répondu ce dernier d'une voix tremblante. "Jordan, je peux pas croire aujourd'hui que tu m'aimes. Tu disais aimer Victor et tu l'as tué", lui a-t-elle rétorqué.

Revenant sur le mobile, elle a rappelé comment Jordan, menteur, flambeur, volait régulièrement des choses à sa famille, prenait de l'argent dans la tirelire de ses petits frères: "Des fois, il disait en rigolant: Moi, je ne joue pas au loto, je joue à l'héritage."

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La famille possédait deux Ferrari et avait un train de vie aisé, grâce à la réussite de Florent Lenisa qui avait fait fortune en brevetant un procédé d'isolation des murs et façades. Pour Charlène, c'est la "soif d'argent" de son frère qui est à l'origine du drame: "J'ai l'intime conviction que, quand je rentrais, c'était fini pour moi aussi."

"Elle est peut-être sur la bonne voie", a lâché Jordan, interrogé sur les propos de sa sœur. Avant de se reprendre: "Jamais je ne l'aurais tuée, jamais, jamais..."

Le verdict est attendu jeudi après le réquisitoire de l'avocat général et la plaidoirie de la défense.

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