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Les filles de Jacqueline Sauvage demandent une grâce totale à l'Élysée

Les trois filles de Jacqueline Sauvage (Sylvie, Fabienne et Carole) arrivent à l'Élysée avec leurs avocates, le 29 janvier 2016. AGNES COUDURIER-CURVEUR/AFP

Dans une lettre adressée à François Hollande, les trois filles se disent «inquiètes» pour l'état de santé de leur mère, condamnée à dix ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent. «Une pétition de plus de 300.000 signataires a été jointe à cette demande», ont précisé les avocates.

Les filles de Jacqueline Sauvage ont déposé ce vendredi à l'Élysée une demande de «grâce totale» de leur mère, selon ses avocates. Cette femme de 68 ans avait été condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent. «Une pétition de plus de 300.000 signataires sollicitant la libération immédiate de leur mère a été jointe à cette demande», ont précisé Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta. Dans leur lettre adressée à François Hollande, les trois filles se disent «désespérées» de ne pas avoir leur mère près d'elles, «inquiètes pour son état de santé» et «craignant pour sa vie». Elles disent aussi ne «plus» savoir «comment intervenir face à toutes ces interminables procédures qui n'aboutissent pas».

Devenue un symbole des victimes de violences conjugales, Jacqueline Sauvage avait obtenu le 31 janvier, après une forte mobilisation, une grâce partielle de François Hollande, lui permettant de présenter immédiatement une demande de libération conditionnelle, rejetée en appel. Après ce nouveau coup dur, Jacqueline Sauvage avait renoncé fin novembre à se pourvoir en cassation «épuisée par ce parcours judiciaire.»

Grâce partielle «exceptionnelle»

Le 10 septembre 2012, après plus de quarante-cinq ans de calvaire sous les coups de son mari violent et alcoolique, Jacqueline Sauvage avait tué Norbert Marot, 65 ans, de trois coups de fusil dans le dos, dans leur pavillon résidentiel de la Selle-sur-le-Bied, dans le Loiret. La veille de l'homicide, leur fils s'était suicidé. Lors du procès, les trois filles de Jacqueline Sauvage avaient témoigné à charge contre leur père, expliquant avoir été violées et battues, comme l'était leur mère. «Notre père est décédé et pour moi, c'est un soulagement», avait déclaré l'une d'elles à la barre.

LIRE AUSSI:» Jacqueline Sauvage: une affaire à multiples rebondissements

Jacqueline Sauvage devant le tribunal de Blois, en décembre 2015.

En première instance comme en appel, Jacqueline Sauvage a été condamnée à dix ans de réclusion criminelle. Les jurés n'ont pas retenu la légitime défense, qui suppose la proportionnalité de la riposte et la concomitance de l'acte et de l'agression. Sa condamnation a cependant suscité une vague d'indignation et de mobilisation, notamment de la part de plusieurs élus comme Valérie Pécresse, la présidente Les Républicains de la région Île-de-France, le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde ou la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo. Sollicité par de nombreux élus et par les filles de l'accusée, François Hollande, «face à une situation humaine exceptionnelle», lui a accordé le 31 janvier dernier une grâce partielle, notamment de la période de sûreté. Une mesure qui lui a permis de présenter immédiatement une demande de libération conditionnelle au lieu d'attendre plusieurs années.

Refus de libération

Mais le 12 août, le tribunal d'application des peines (TAP) de Melun a refusé de la libérer, malgré les recommandations du parquet. Le tribunal a notamment reproché à Jacqueline Sauvage «de ne pas assez s'interroger sur son acte» et a estimé qu'elle ne pouvait «prétendre vivre à proximité des lieux des faits, dans un environnement qui, compte tenu des soutiens dont elle bénéficie et de la médiatisation des faits risquerait de la maintenir dans une position victimaire». Jacqueline Sauvage avait en effet fait savoir qu'elle souhaitait, une fois libre, aller vivre chez l'une de ses filles, dans le Loiret, à une quinzaine de kilomètres du meurtre.

Après le refus du TAP de Melun, elle avait toutefois proposé une nouvelle adresse de logement, dans une autre région. Cela n'a ne semble-t-il pas suffi non plus à convaincre les juges. Dans son arrêt, la cour d'appel de Paris a estimé que Jacqueline Sauvage continuait «à se poser en victime (...) tout en remettant en question l'élément d'intentionnalité», que «sa réflexion demeure pauvre et limitée puisqu'elle peine encore à ce jour à accéder à un réel et authentique sentiment de culpabilité». «La société n'est pas prête à comprendre les femmes victimes de violences», avait alors expliqué Janine Bonaggiunta, «consternée» par cette annonce.

Les avocates avaient indiqué que Jacqueline Sauvage et sa famille renonçaient à se pouvoir en cassation, après le rejet de sa demande de libération conditionnelle. Incarcérée en Seine-et-Marne, elle a la possibilité de déposer une nouvelle demande de libération si elle le souhaite.

Les filles de Jacqueline Sauvage demandent une grâce totale à l'Élysée

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237 commentaires
  • Vincent NETTER

    le

    Peut-être Hollande prononcera une grâce complète après le suicide de cette femme, plus victime que coupable ?

  • Gwendal1

    le

    il est évident que certains ici partagent les idées et sont dans le même camp que le mari

  • Alvin Karpis001

    le

    Je ne suis pas juriste mais ... n'est-ce pas une simple question de ne pas ouvrir une porte à une jurisprudence (ou une sorte de "guide" pour tuer son conjoint et s'en tirer) ? Je ne doute pas que cela ait été atroce pour elle mais en effet des moyens (même si réputés souvent inefficaces) existaient. J'imagine que la grâce présidentielle n'entre pas dans une jurisprudence mais les étape précédentes le pourraient, non ?

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