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A Ivry, un centre pour les femmes et les familles migrantes

Le centre d’accueil ouvre ses portes aujourd’hui. Une pièce de plus dans le dispositif d’accueil parisien rehaussé pour l’heure d’un volet « grand froid ».

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Publié le 19 janvier 2017 à 10h57, modifié le 19 janvier 2017 à 13h27

Temps de Lecture 3 min.

Le centre d’Ivry-sur-Seine le 16 janvier.

C’est l’étape numéro 2. Le centre d’hébergement Paris-Ivry destiné aux femmes et aux familles de migrants ouvre ses portes jeudi 19 janvier. 91 places sont prêtes, première tranche d’un ensemble qui pourra héberger 400 personnes à la mi-mars. « C’est un lieu qualitatif avec une école intégrée et un dispositif de soins », commente Aurélie El Hassak Marzorati, directrice adjointe d’Emmaüs Solidarité, en faisant visiter les grandes chambres familiales.

Le centre d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) est une pièce du dispositif global d’accueil des migrants dans la capitale. Les familles n’y viendront pas directement mais devront passer par le premier accueil, le fameux centre humanitaire qui a ouvert ses portes boulevard Ney, dans le 18arrondissement, en novembre 2016.

Si tous les migrants y passent, les hommes non accompagnés sont les seuls à rester sur ce site qui en héberge 400. Les familles, hier dirigées vers des hôtels sociaux ou des centres d’accueil et d’orientation (CAO) spécifiques, prendront désormais la direction d’Ivry. « Depuis novembre, 129 femmes isolées, 70 couples et 76 couples avec enfants sont entrés dans notre dispositif d’hébergement », note-t-on chez Emmaüs, en observant une accélération des arrivées de ce public depuis le début d’année. Si les hommes ne restent qu’une dizaine de jours dans le centre humanitaire, les familles, elles, pourraient y demeurer plusieurs mois avant de reprendre leur parcours migratoire.

« Un gymnase pour les jeunes »

Cette ouverture ne résout pas pour autant tous les problèmes auxquels Paris est confronté, deux mois après l’ouverture de son centre. Afin de ne pas l’engorger, le nombre d’entrées quotidiennes doit être identique au nombre de rendez-vous que la préfecture donne chaque jour pour la vérification du statut administratif de chaque exilé. Or, comme 50 personnes seulement peuvent être reçues, quand bon an mal an 70 réfugiés arrivent dans la capitale chaque jour, une vingtaine d’hommes et de femmes sont laissés dehors.

Mardi matin 17 janvier, un groupe d’exilés a forcé l’entrée du centre du boulevard Ney, jugeant trop inhumain de rester devant un espace humanitaire par des températures négatives. Le soir, pour la première fois, un dispositif spécifique d’hébergement d’urgence a été mis en place pour ce public. « Nous avons installé des lits pour 70 d’entre eux sous la bulle d’accueil. En plus, nous avons ouvert un gymnase pour les nombreux jeunes, afin de compléter les 250 places que nous leur offrons en hôtel. Et puis, parce qu’il restait encore des besoins non satisfaits, une centaine de lits ont été réservés à la Boulangerie, un centre d’hébergement bien connu des sans-domicile », rappelait-on à la Mairie de Paris, mercredi.

En définitive, toutes les places proposées n’ont pas été occupées, alors même que selon les soutiens parisiens, une centaine de migrants auraient dormi dehors dans la nuit de mardi à mercredi. Et ce en dépit d’une maraude spécifique des pouvoirs publics (afin de signaler à chaque sans-domicile les places disponibles) et des initiatives de Parisiens qui, via les réseaux sociaux, avaient proposé une chambre vacante ou un canapé. Selon Agathe Nadimi, bénévole très engagée auprès des mineurs parisiens, « tous les migrants n’ont pas dormi au chaud dans la nuit de jeudi à vendredi ». Problème d’adéquation du dispositif ou volonté de certains de rester près du centre humanitaire ? La question reste ouverte.

Le cabinet du préfet de région, Jean-François Carenco, rappelait mercredi que 9 000 migrants sont aujourd’hui hébergés dans 89 structures en Ile-de-France. L’objectif affiché par le ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, en début de semaine, qu’« aucun sans-domicile ne dorme dehors » quel que soit son statut administratif, serait donc devenu possible par cette période de grand froid et de primaire socialiste. Cet hébergement « restera ouvert le temps nécessaire », ajoutait-on à la préfecture de région.

A Calais, en revanche, les mineurs qui tentent leur chance vers la Grande-Bretagne risquent chaque nuit l’hypothermie alors que les conteneurs qui ont accueilli 1 500 personnes au temps de la « jungle » restent vides. La visite de Bruno Leroux à Calais cette semaine a été ajournée. De même que la remise en place d’un dispositif d’accueil humanitaire. La promesse en avait été faite par son prédécesseur, Bernard Cazeneuve, au lendemain de l’évacuation du plus grand bidonville de France.

  • Un homme ferme des rideaux dans un gymnase où des familles sans-abris sont logées, le 5 janvier à Lyon. Les mesures du plan grand froid declenché par le gouvernement commencent à être appliquées dans la région.

    Un homme ferme des rideaux dans un gymnase où des familles sans-abris sont logées, le 5 janvier à Lyon. Les mesures du plan grand froid declenché par le gouvernement commencent à être appliquées dans la région. JEFF PACHOUD / AFP

  • Ouverture de gymnases, renforcement des maraudes : les associations qui viennent en aide aux sans-abri ont salué lundi les initiatives prises par les pouvoirs publics face à la vague de froid attendue cette semaine, tout en pointant le manque structurel de places d’hébergement à long terme.

    Ouverture de gymnases, renforcement des maraudes : les associations qui viennent en aide aux sans-abri ont salué lundi les initiatives prises par les pouvoirs publics face à la vague de froid attendue cette semaine, tout en pointant le manque structurel de places d’hébergement à long terme. JEFF PACHOUD / AFP

  • Pour parer à l’arrivée d’air froid venu du nord-est de l’Europe, le premier ministre a annoncé samedi la mise en place de mesures pour venir en aide à ceux qui dorment à la rue : bilans quotidiens avec les préfets, ouverture de « places exceptionnelles » d’hébergement, renforcement des effectifs...

    Pour parer à l’arrivée d’air froid venu du nord-est de l’Europe, le premier ministre a annoncé samedi la mise en place de mesures pour venir en aide à ceux qui dorment à la rue : bilans quotidiens avec les préfets, ouverture de « places exceptionnelles » d’hébergement, renforcement des effectifs... JEFF PACHOUD / AFP

  • Sécurité civile, police, gendarmerie et sapeurs-pompiers sont mobilisés tandis que les associations et les collectivités sont appelées à ouvrir si besoin des salles de sport, des salles communales ou encore des accueils de jour.

    Sécurité civile, police, gendarmerie et sapeurs-pompiers sont mobilisés tandis que les associations et les collectivités sont appelées à ouvrir si besoin des salles de sport, des salles communales ou encore des accueils de jour. JEFF PACHOUD / AFP

  • Alors que la semaine dernière l’ONG Médecins sans frontières avait accusé les policiers à Paris de se livrer à du « harcèlement » et à des « violences » contre les migrants en leur « confisquant leurs couvertures », et en « utilisant parfois des gaz lacrymogènes pour les disperser », le ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, a assuré que « personne ne devra rester dans la rue, ni sans domicile fixe, ni migrant », et qu’« il y aura de la place pour tout le monde » au chaud à l’abri.

    Alors que la semaine dernière l’ONG Médecins sans frontières avait accusé les policiers à Paris de se livrer à du « harcèlement » et à des « violences » contre les migrants en leur « confisquant leurs couvertures », et en « utilisant parfois des gaz lacrymogènes pour les disperser », le ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, a assuré que « personne ne devra rester dans la rue, ni sans domicile fixe, ni migrant », et qu’« il y aura de la place pour tout le monde » au chaud à l’abri. JEFF PACHOUD / AFP

  • Une famille sans abri vient dîner, le 16 janvier, à La Cantine savoyarde, une cantine solidaire, à Chambéry.

    Une famille sans abri vient dîner, le 16 janvier, à La Cantine savoyarde, une cantine solidaire, à Chambéry. JEFF PACHOUD / AFP

  • Dans un logement d’urgence géré par La Sasson, le 16 janvier, à Chambéry.

    Dans un logement d’urgence géré par La Sasson, le 16 janvier, à Chambéry. JEFF PACHOUD / AFP

  • « Gardez-en un peu pour les autres. » A Chambéry, le 16 janvier, la nuit était glaciale mais Anthony Greggia, installé dans une maison abandonnée avec sa compagne et leurs cinq chiens, s’excuse presque quand La Sasson leur apporte nourriture et couvertures.

    « Gardez-en un peu pour les autres. » A Chambéry, le 16 janvier, la nuit était glaciale mais Anthony Greggia, installé dans une maison abandonnée avec sa compagne et leurs cinq chiens, s’excuse presque quand La Sasson leur apporte nourriture et couvertures. JEFF PACHOUD / AFP

  • Le jeune homme de 25 ans accueille la maraude sociale de La Sasson, accompagné cette fois du préfet de Savoie, Denis Labbé (à gauche), et de quelques élus.

    Le jeune homme de 25 ans accueille la maraude sociale de La Sasson, accompagné cette fois du préfet de Savoie, Denis Labbé (à gauche), et de quelques élus. JEFF PACHOUD / AFP

  • A la lueur des lampes de poche et dans les effluves d’un petit chauffage au pétrole, il raconte sa recherche de travail, son quotidien « dans les papiers » administratifs depuis « un an ». Mais sans logement officiel, la clé du vrai changement. « Il faudrait qu’on arrive à vous reloger », souhaite le préfet.

    A la lueur des lampes de poche et dans les effluves d’un petit chauffage au pétrole, il raconte sa recherche de travail, son quotidien « dans les papiers » administratifs depuis « un an ». Mais sans logement officiel, la clé du vrai changement. « Il faudrait qu’on arrive à vous reloger », souhaite le préfet. JEFF PACHOUD / AFP

  • En ce début de semaine polaire, la priorité de La Sasson est de mettre à l’abri du froid. Avec 259 places prévues, plus celles, plus sommaires, mobilisables « en une heure », « on a les capacités d’héberger » ceux qui en ont besoin dans cette ville de près de 60 000 habitants, affirme Paule Tamburini, directrice de La Sasson.

    En ce début de semaine polaire, la priorité de La Sasson est de mettre à l’abri du froid. Avec 259 places prévues, plus celles, plus sommaires, mobilisables « en une heure », « on a les capacités d’héberger » ceux qui en ont besoin dans cette ville de près de 60 000 habitants, affirme Paule Tamburini, directrice de La Sasson. JEFF PACHOUD / AFP

  • Comme Liyanage, 47 ans, qui a élu domicile pour la nuit au milieu des boîtes aux lettres dans un hall d’immeuble cossu du centre-ville. Divya Perrot, 42 ans et chargé ce soir-là de la maraude, respecte un rituel, toque à la porte et attend que l’homme, en chaussettes, vienne lui ouvrir. Il se préparait à s’endormir tout habillé, à même le sol, dans ses bien légères couvertures. Ce n’est pas la première fois mais le lendemain, il ira au relais « grand froid ».

    Comme Liyanage, 47 ans, qui a élu domicile pour la nuit au milieu des boîtes aux lettres dans un hall d’immeuble cossu du centre-ville. Divya Perrot, 42 ans et chargé ce soir-là de la maraude, respecte un rituel, toque à la porte et attend que l’homme, en chaussettes, vienne lui ouvrir. Il se préparait à s’endormir tout habillé, à même le sol, dans ses bien légères couvertures. Ce n’est pas la première fois mais le lendemain, il ira au relais « grand froid ». JEFF PACHOUD / AFP

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