Les automobilistes se ruent sur les pompes à essence

Après le Grand Ouest, la région parisienne commence à pâtir à son tour des mouvements de blocage des raffineries et dépôts de carburants à travers le pays. À la station-service Leclerc du Kremlin-Bicêtre, les automobilistes se sont rués sur les pompes pour éviter d'être à sec. Aux alentours de 11 heures, c'est sous la pluie qu'ils venaient se ravitailler: «Je viens d'arriver et je me rends compte qu'il y a des ruptures. Je prends des précautions si jamais le mouvement s'étale. Mais il n'y a pas de souci, c'est compréhensible», raconte Gaspard qui finira tant bien que mal par faire son plein de gazole.

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D'autres en revanche sont un peu plus crispés: «Je suis commercial donc ça m'embête un peu. Je suis venu car j'ai entendu qu'il risquait d'y avoir des soucis. Il reste du gazole sur une seule borne, j'en profite. D'autant que j'étais quasiment à sec», témoigne Laurent, le doigt pointé sur son cadran d'essence. Pour Constantin, retraité, la situation est moins pénible mais l'oblige à quelques sacrifices: «Je vais moins voir mes petits-enfants» regrette-t-il. Après s'être rendu dans quatre stations-service, toutes vides, il s'est arrêté à la station du Kremlin-Bicêtre malgré la quasi-pénurie de Sans-Plomb 98: «Je suis presque à sec donc je mets du sans plomb 95 plutôt que du 98. Je sais que ce n'est pas très bon pour la voiture mais je n'ai pas le choix», explique-t-il pompe en main.

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Rupture de gazole et de SP 98

Si la situation est relativement normale pour le sans plomb 95, la station est au bord de la pénurie pour ce qui est du gazole et du sans plomb 98. Seules deux pompes sur six en proposent. Résultat, la file de voitures qui attend pour faire le plein s'étend jusque sur l'Avenue Fontainebleau, compliquant légèrement la circulation.

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De son côté, Philippe, qui vient tout juste d'arriver à la borne, préfère jouer la carte de la prudence: «Je suis prévoyant, au cas où… Il y a beaucoup plus de monde que d'habitude ici. Je savais que psychologiquement, les gens -et j'en suis la preuve- allaient très vite se ruer sur les pompes. Il me reste encore la moitié de ma réserve, je vais mettre 20 litres. Je l'avoue, je fais un peu de zèle».

Dans l'ensemble, une bonne majorité d'automobilistes présents à la station-service du Kremlin-Bicêtre semblent «comprendre le mouvement». Certains apparaissent toutefois résignés: «On est un peu en panique, on fait plus le plein par précaution que par urgence. De toute façon, ça se fera quand même, lâche Isabelle au sujet de la loi travail. Ils font ce qu'ils veulent».

«Aucune indication pour la suite»

Dans le magasin Leclerc, à quelques pas des pompes à essence, le manager de la station-service ne masque pas son agacement: «C'est embêtant pour les clients. C'est comme ça depuis vendredi soir. On est censé être ravitaillé tous les matins à 6 heures 30. Or, on n'a plus rien depuis samedi matin et on ne nous donne aucune indication pour la suite».

Depuis hier, le mouvement s'étend dans le sud de la France avec le blocage du dépôt de Fos-sur-Mer. Plus de 1500 stations-service sont en rupture totale ou partielle de carburant tandis que six raffineries sur huit sont bloquées. Lors d'un déplacement en Israël, le premier ministre Manuel Valls s'est dit «très déterminé à ce qu'il n'y ait aucune pénurie en France».