François de Rugy et Jean-Vincent Placé le 4 avril 2015 à l'Assemblée nationale à Paris

François de Rugy et Jean-Vincent Placé, le 4 avril 2015 à l'Assemblée nationale à Paris.

afp.com/Bertrand Guay

Jamais deux sans trois? Après François de Rugy jeudi, Jean-Vincent Placé vendredi, y aura-t-il un autre écologiste qui claquera la porte d'Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV)? François de Rugy y croit en tous les cas. "Je pense qu'il va y en avoir d'autres dans les mois qui viennent", a lancé le patron des députés EELV depuis l'université PS de La Rochelle. "Ils ont tous une trouille, c'est qu'il y en ait d'autres", confie à L'Express un cadre du parti en évoquant l'actuelle direction. La secrétaire nationale Emmanuelle Cosse, tout comme Cécile Duflot, ne répondraient pas plus au téléphone aux journalistes qu'aux élus.

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Pourtant vendredi, la candidate la plus probable au départ, Barbara Pompili a indiqué qu'elle restait à EELV. Au sujet de "l'écologie pragmatique", la députée de la Somme déclare: "François en a fait le deuil, moi je n'y arrive pas, ou en tout cas pas encore". Sans enthousiasme, la parlementaire reste donc. Mais reste. Une stratégie, selon certains, pour bloquer l'accès de la coprésidence du groupe écolo de l'Assemblée nationale à Cécile Duflot. François de Rugy étant le seul à partir, son remplaçant sera forcément un homme, parité oblige.

D'autres rendez-vous importants à venir

Barbara Pompili espère toujours convaincre ses camarades de participer au gouvernement. "Je me bats. On verra bien ce que ça donnera, éventuellement après (les régionales), on en tirera les conséquences." Comme elle, d'autres profils réformateurs estiment que le calendrier est mal choisi et qu'il était trop tôt pour prendre la tangente. Pour le sénateur EELV André Gattolin, l'heure du choix sonnera véritablement lors de l'entre-deux-tours des régionales. "C'est dommage que De Rugy et Placé partent car ceux qui avaient un point de vue raisonnable seront de moins en moins nombreux. Mais la vraie question, c'est celle d'un accord avec le PS entre les deux tours des régionales. Si on fait perdre à la gauche des régions, notamment dans celles où le FN est fort, alors je me poserai la question" de rester, confie-t-il à L'Express.

Pour son collègue de l'Assemblée nationale Eric Alauzet, le "rendez-vous important" se posera davantage lors de la décision d'une candidature écologiste à la présidentielle, "par exemple s'il y a une candidature EELV capable de faire trébucher le candidat de gauche". En attendant, le député du Doubs va "encore essayer un peu de tenter de changer" EELV. "De Rugy et Placé sont des éclaireurs. Moi, je reste. Ça va être encore plus dur au sein du mouvement mais je vais continuer à apporter de la nuance. Ça durera ce que ça durera..."

"J'ai pas envie de retenter l'aventure groupusculaire"

Bref, s'ils comprennent De Rugy et Placé, les représentants de l'aile "réformatrice" d'EELV divergent sur le timing. "Ils sont dans des stratégies personnelles par rapport à l'annonce d'un remaniement gouvernemental...", confie l'un d'eux. Mais sans grande chance de succès, Hollande ayant plusieurs fois fait savoir qu'il souhaitait rassembler des formations et non des individus. Se posera alors la question de la nouvelle structure pour les représenter. Un autre frein pour les candidats au départ. "J'y crois qu'à moitié. J'ai pas envie de retenter l'aventure groupusculaire", glisse Eric Alauzet. "Corinne Lepage [Rassemblement citoyen-Cap21, Jean-Luc Bennahmias [Front démocrate]... Ce n'est pas avec ça que l'on crée une dynamique. Ils sont à la tête chacun de groupuscules de quelques centaines d'affidés", abonde André Gattolin.

Présents à La Rochelle pour l'université d'été du PS, le Rassemblement Citoyen-Cap21, le Front démocrate ainsi que Génération Ecologie se présentent en effet comme autant de formations écologistes, "partenaires loyaux du gouvernement". La ligne revendiquée par les deux démissionnaires d'EELV.

"Un mouvement écologiste pro-Hollande, c'est un peu court"

C'est pour avoir rejoint le Front démocrate et Génération Ecologie que le député des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert avait été exclu d'EELV en juin dernier. Ce dernier, présent lui aussi à La Rochelle, a annoncé vendredi que Jean-Vincent Placé avait rejoint l'Union des écologistes, son "comité de liaison" qui vise à "rassembler sous une bannière commune tous ceux qui partagent nos idées". Autre parlementaire à militer sur cette ligne, le député du Gard Christophe Cavard, qui, lui, avait déjà démissionné, en raison de "l'esprit sectaire" d'EELV, en juin.

"Un mouvement écologiste pro-Hollande, c'est un peu court comme raisonnement", glisse Julien Bayou, porte-parole d'EELV. Le tenant de l'aile gauche du parti remarque que "s'il s'était agi d'une scission d'EELV, De Rugy et Placé seraient partis ensemble". "Là, ça ressemble davantage à deux départs individuels..." Pour l'instant.

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