Nanterre : les patrons du fast-food n'étaient pas très carrés

Nanterre : les patrons du fast-food n'étaient pas très carrés

    Les deux gérants du fast-food Hector Chicken, à Nanterre, n'ont eu qu'à traverser une rue pour se rendre au tribunal. Ils en sont ressortis ce lundi soir avec deux et quatre mois de prison pour travail dissimulé, emploi d'étrangers en situation illégale, et abus de biens sociaux. Ils écopent aussi d'une amende, et ont interdiction de gérer une entreprise pendant cinq ans. Soupçonnés d'avoir logé dans des conditions insalubres des Roumains en situation illégale, ils ont été relaxés pour ces faits.Lors d'une descente le 4 février 2010 dans ce restaurant, les gendarmes de Nanterre découvrent que sur les sept salariés présents, cinq de nationalité roumaine ne sont pas déclarés, et trois vivent sur place. Ils dorment sur deux lits de camp, dans une remise aménagée à l'entresol. Le lieu, bas de plafond, ni ventilé, ni éclairé naturellement, est baigné par la chaleur qui remonte de la cuisine, accompagnée par les effluves de fritures.« Les Roumains sont meilleurs travailleurs »« Ã? la base, l'idée c'était d'y faire un endroit pour qu'ils puissent se reposer », affirme Gilles, 60 ans, officiellement le gérant de la société, prévenu avec Paul, 59 ans, qu'une majorité de salariés reconnaît comme le patron. Le premier indique avoir fait appel à des Roumains car ils étaient « meilleurs travailleurs que les Nanterriens » qu'il recrutait par Pôle emploi. A leur arrivée, il assure qu'il leur proposait de vivre dans un de ses appartements à Neuilly, avenue Charles-De-Gaulle. Certains auraient préféré loger au restaurant pour avoir plus d'intimité, après s'être mis en couple. « Je savais qu'ils dormaient quelques fois là-haut, mais ils étaient à l'aise avec l'idée de vivre sur place », soutient-il. L'absence de partie civile ne lui apporte pas de contradiction.Pour être embauchés, les salariés devaient effectuer une période d'essai de six heures, non rémunérée. Au moment de la descente des gendarmes, certains n'avaient pas été payés, d'autres avaient touché un peu de liquide pris directement dans la caisse, et plusieurs n'avaient pas de contrat de travail.« Pas très carré », pointe la présidente du tribunal. « On a fait une ouverture catastrophique, reconnaît Gilles. On était totalement débordésâ?¦ on travaillait 16 heures par jour. Qu'on ait fait quelque chose de mal, c'est indéniable. »