Le cercueil de l’ancien président israélien et Prix Nobel de la paix Shimon Pérès a été mis en terre au cimetière national du mont Herzl, à Jérusalem, vendredi 30 septembre. Des dizaines de dirigeants venus du monde entier, parmi lesquels les présidents américain, palestinien, français ou allemand, ont assisté à l’inhumation de M. Pérès, à quelques mètres d’un autre Nobel de la paix, Yitzhak Rabin. M. Pérès est mort mercredi à 93 ans des suites d’un accident vasculaire cérébral.
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- 90 délégations de 70 pays, la sécurité renforcée
Drapeaux en berne, Jérusalem était déjà en état de siège alors que ne faisait que commencer l’hommage à l’ancien homme d’Etat. Avec l’arrivée des responsables étrangers, le mont Herzl et une grande partie de la ville se trouvaient largement coupés du monde. Quatre-vingt-dix délégations de soixante-dix pays étaient attendues.
Israël n’avait pas connu tel événement depuis les funérailles, en 1995, de l’ancien premier ministre Yitzhak Rabin. Ce dernier, qui avait été récompensé l’année précédente, avec Shimon Pérès et le dirigeant palestinien Yasser Arafat, du Nobel de la paix, avait été assassiné par un extrémiste juif.
Les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs arrestations préventives. D’autant que ces obsèques coïncident avec le début des congés des grandes fêtes juives, qui font redouter aux autorités un accès de violences palestiniennes. Huit mille policiers sont mobilisés. Le ministre de la sécurité intérieure, Gilad Erdan, a ordonné de surveiller les réseaux sociaux pour prévenir toute attaque d’un individu isolé. « Nous avons affaire à une opération d’une ampleur sans précédent », a dit le chef de la police, Roni Alsheikh.
- Nétanyahou et Abbas se serrent la main
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, se sont longuement serré la main et ont échangé quelques mots avant les funérailles, et ce pour la première fois depuis le sommet sur le climat à Paris, il y a près d’un an.
La venue à Jérusalem de M. Abbas est un événement rare, qui ne s’était pas produit depuis des années, le président palestinien devant bénéficier d’un accord spécial des Israéliens pour se rendre dans la Ville sainte. M. Abbas était notamment accompagné du numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et du chef des services de sécurité palestiniens.
M. Abbas, qui a salué la mémoire d’un « partenaire pour la paix des braves », a été vivement critiqué par le Hamas pour sa présence aux funérailles de M. Pérès, un « criminel » pour le Hamas et la rue palestinienne.
Le président français, François Hollande, accompagné de Nicolas Sarkozy, a salué la présence de Mahmoud Abbas aux funérailles, disant voir en elle le signe que « nous ne renonçons pas » à la paix israélo-palestinienne.
- Aucun autre président arabe
Le président de l’Autorité palestinienne est le plus haut représentant arabe présent à ces funérailles. Aucun autre président arabe n’avait fait le déplacement. L’Egypte, un des deux seuls pays arabes à avoir fait la paix avec Israël, le deuxième étant la Jordanie, a toutefois confirmé la présence de son ministre des affaires étrangères, Sameh Choukry.
Parmi les autres dirigeants mondiaux présents à Jérusalem, le président américain, Barack Obama, a classé Shimon Pérès parmi « les géants du XXe siècle », comme le leader sud-africain Nelson Mandela. M. Obama, au début de son éloge funèbre, a noté la présence exceptionnelle de Mahmoud Abbas, « le rappel que la paix est un chantier inachevé », selon lui.
Etaient aussi présents le prince Charles, le roi d’Espagne et William Clinton, qui avait permis en 1993 la signature du premier accord d’Oslo et la fameuse poignée de main entre les ennemis israélien et palestinien.
- Défilé de 30 000 Israéliens
Jeudi, trente mille Israéliens, selon les chiffres du Parlement, ont défilé devant la dépouille de Shimon Pérès. Face à une telle affluence, les autorités ont prolongé de 21 heures jusqu’à 23 heures l’accès du public à l’esplanade. Maintenus à distance par un cordon, beaucoup ont pris des photos du cercueil couvert du drapeau bleu et blanc frappé de l’étoile de David.
Aux yeux de ses compatriotes, Shimon Pérès était le dernier survivant de la génération des pères fondateurs de l’Etat d’Israël. Maintes fois ministre, deux fois premier ministre (1984-1986 et 1995-1996) et président de l’Etat d’Israël (2007-2014), il était devenu dans son pays une personnalité largement consensuelle, considérée comme un sage de la nation. Benyamin Nétanyahou a salué en lui « un grand homme » pour Israël et pour le monde.
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