Pékin affirme avoir déjà rapatrié 634 "fugitifs" accusés de corruption cette année
Alors que le 6e plénum du 18e Congrès du Parti communiste doit renforcer la lutte contre la corruption, Pékin met en avant les résultats de mesures prises depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping.
Par Claude Fouquet
A l'occasion du 6e plénum du 18 Congrès du Parti communiste chinois , qui se tient depuis le début de la semaine, Pékin semble bien décidé à mettre en avant ses efforts destinés à lutter contre la corruption dans le pays. Ainsi que le succès de ces derniers, dans le cadre de l'opération "Foxhunt". Ainsi, selon un bilan présenté par le numéro deux du ministère de la Sécurité publique, sur les neuf premiers mois de l'année, quelque 634 citoyens chinois, accusé par Pékin de corruption, ont été ramenés en Chine. C'est presque autant que les 700 "fugitifs" rapatriés en 2015 .
Sur l'ensembe des personnes rapatriées, 205 ont, selon l'agence de presse Chine Nouvelle, détourné plus de 100 millions de yuans (13 millions d'euros environ). Elles étaient souvent en fuite depuis plusieurs années : 48 depuis plus de cinq ans et 17 depuis plus de dix ans.
Pressions sur les proches et "notice rouge" d'Interpol
Sur ces 634 personnes, certaines sont, officiellement, revenues d'elles-mêmes, même si le plus souvent c'est sous la pression qu'ils prennent leur décision. Pékin a en effet l'habitude, notamment, de geler les avoirs des proches restés en Chine.
C'est le cas, par exemple, de Zhou Shiqin, une ancienne comptable des chemins de fers qui était en Australie depuis une dizaine d'années. Accusée par Pékin d'avoir détourné des fonds de son ancien employeur, elle a préféré retourner en Chine dans l'espoir, affirme-t-elle dans les journaux australiens, d'être lavée de tout soupçon.
Une démarche qui, pour l'heure, n'a pas véritablement porté ses fruits puisque Zhou Shiqin s'est retrouvée en bonne place cette semaine dans un documentaire en plusieurs parties, diffusé par la télévision chinoise et au cours duquel a été présentée la "notice rouge" d'Interpol dont elle fait l'objet.
Coopération internationale
D'autres "fugitifs" ont été rapatriés grâce à la coopération des autorités des pays dans lesquels ils se trouvent. Ainsi, selon le "China Daily", Pékin est ainsi actuellement en "négociations avancées" avec les Etats-Unis afin de pouvoir récupérer cinq fugitifs figurant sur la liste des 100 personnes les plus recherchées.
En septembre dernier, Paris a, de son côté, extradé pour la première fois un Chinois accusé de corruption par la justice de son pays. Un "retour au pays" qui, soulignait alors le "Quotidien du peuple", constituait la première application concrète de l'accord d'extradition entre les deux pays qui est entré en vigueur à l'été 2015. Le "fugitif", Chen Wenhua, était accusé par la police chinoise d'avoir détourné près de 2,7 millions d'euros d'argent public entre 2009 et 2012. Il était en France depuis 2013.
Et la France n'est pas le seul pays européen à coopérer. L'Italie ou bien encore l'Espagne ont aussi collaboré avec la Chine dans le cadre de traités d'extradition.
Un million de fonctionnaires condamnés en Chine
Mais c'est sur le territoire chinois que les résultats de cette chasse à la corruption sont les plus spectaculaires. Selon des chiffres rendus publics ces derniers jours en effet, depuis 2013 et le lancement de la campagne anti-corruption par Xi Jinping, plus d'un million de fonctionnaires ont ainsi condamnés par Pékin.
Un chiffre qui englobe aussi bien ceux qui sont coupables de détournements de fonds que ceux qui ont "simplement" abusé de leur pouvoir.