Julien Courbet devant le tribunal

L'animateur était cité à comparaître devant le tribunal correctionnel de Caen pour complicité d'atteinte à la vie privée lors d'un numéro de "Sans aucun doute".

Par notre correspondant à Caen,

L'ancienne émission « Sans aucun doute » sur TF1 et son animateur Julien Courbet ont été au centre d'un procès pour atteinte à la vie privée, devant le tribunal correctionnel de Caen.
L'ancienne émission « Sans aucun doute » sur TF1 et son animateur Julien Courbet ont été au centre d'un procès pour atteinte à la vie privée, devant le tribunal correctionnel de Caen. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Habitué à défendre des causes, grandes ou petites, dans des émissions TV ou radio, Julien Courbet devait se défendre vendredi 21 octobre 2016 devant le tribunal correctionnel de Caen : il était jugé pour complicité d'atteinte à la vie privée dans le cadre de l'émission Sans aucun doute, sur TF1 en juin 2006.

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L'animateur, qui intervenait un peu plus tôt sur une radio généraliste, n'a pas le don d'ubiquité : il n'était pas présent à Caen. Dans certaines affaires, la loi n'oblige pas à être présent, mais seulement représenté par un avocat. C'était aussi le cas de deux autres prévenus : Patrick Le Lay, PDG de TF1 lors de la diffusion de l'émission incriminée et une journaliste de TF1.

Seul présent à l'audience : Vincent B., 41 ans, qui est à l'origine du dossier. Confronté à une séparation difficile en 2005-2006, il n'a pas vu sa fille de 4 ans depuis plusieurs mois. Pourtant la justice a fixé la résidence de la fillette au domicile du père, mais la mère refuse de lui confier l'enfant. Le père se tourne vers Julien Courbet et l'émission Sans aucun doute, qui selon l'avocat de TF1, « porte assistance aux personnes en situation difficile ».

La belle-mère estime avoir été piégée

Le 5 juin 2006, le père, équipé d'une caméra cachée fournie par la journaliste de TF1, pénètre dans le jardin de sa belle-mère, dans un village du pays d'Auge. Disant chercher des informations, le père demande où se trouve sa fille, la belle-mère appelle les gendarmes : ils fouillent en vain la maison. À la clé, une séquence avec des images fortes.

Lors de la diffusion de l'émission sur TF1 le 23 juin 2006, la séquence laisse apparaître, malgré des floutages, l'arrière de la maison, le jardin et la voiture de la belle-mère. Le visage de cette dernière est reconnu par des proches et des collègues de travail.

Les propos de la belle-mère sont issus d'un entretien téléphonique mené le 8 juin 2006 par Julien Courbet. La belle mère se trouve plus ou moins accusée d'enlèvement de l'enfant. En dépit de l'opposition de la belle-mère, qui estime avoir été piégée, une partie de ses propos est diffusée lors de l'émission du  23 juin 2006.

Six mois plus tard, la belle-mère, qui aurait vu sa carrière de cadre bancaire très entamée par cette émission, porte plainte pour atteinte à la vie privée. « Elle a été humiliée, présentée comme une menteuse et une mauvaise mère », assure son avocat.

TF1 avait un droit de vie et de mort (sur l'émission)

Suivent plusieurs années de procédure et d'instruction : fin 2014, quatre prévenus sont renvoyés en correctionnelle. Le jour de l'audience, vingt mois plus tard le 21 octobre 2016, les débats ont duré presque cinq heures. La défense fait valoir que l'émission comporte une enquête suivie d'une confrontation entre les protagonistes, « le tout sans intention de nuire ».

Cité par le président du tribunal, Julien Courbet a déclaré aux enquêteurs : « TF1 avait un droit de vie et de mort, une fois l'émission entière a été trappée. » La procureure de la République  estime que la caméra cachée traduit l'absence de consentement de la plaignante : « Et son jardin est un lieu privé. Les méthodes de camouflage ont été insuffisantes. » Quant à l'enregistrement, il a été réalisé également sans consentement.

La procureure a requis des peines d'amende de 10 000 € et 15 000 €, à l'encontre de Julien Courbet et de Patrick Le Lay. Et 1 000 € d'amende contre le père et 2 000 contre la journaliste. Délibéré le 15 décembre 2016.

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Commentaires (5)

  • xav2301

    Sans remettre en cause le bien fondé de ce recours, je ne connais pas le dossier, nous avons une nouvelle explication aux problèmes de la justice et probablement de la police.
    Comment une société moderne peut accepter qu'une affaire au demeurant assez minime puisse accaparer pendant 10 ans des enquêteurs et des juges ? Un mois de délibération pour quoi faire ? Ils ne peuvent pas décider immédiatement ? Ensuite il y aura appel... Il faut faire le ménage pour retrouver de la productivité plutôt qu'embaucher !

  • Cricri de B

    1)Je déteste l'emploi de la caméra cachée qui avec des montages racoleurs et le parti-pris de favoriser une des deux parties conduit à la recherche de l'audimat et non de la vérité. Vive le vrai journalisme d'investigation.
    2) 10 ans pour juger cette affaire ! C'est scandaleux de laisser la victime, il y en a forcément une et je me garderai bien de me prononcer sur son identité, 10 ans dans l'attente du jugement et de la reconnaissance de son innocence.

  • nemo9

    C'est dans la loi non ?
    Et pourtant si on enfreint la loi et si des gens essayent de faire justice ils ont tort car ils doivent attendre que la loi un jour, un mois, une année... Agisse.
    Voilà encore une raison de douter de la justice !