Uber : Travis Kalanick, le bad boy de la nouvelle économie

VIDÉO. Le fondateur de l'application Uber Travis Kalanick a été contraint à la démission sous la pression des actionnaires. Portrait d'un gourou imbuvable.

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Malgré une capitalisation boursière à quelque 70 milliards de dollars, les actionnaires de ont décidé d'écarter Travis Kalanick.
Malgré une capitalisation boursière à quelque 70 milliards de dollars, les actionnaires de ont décidé d'écarter Travis Kalanick. ©  dpa-Zentralbild /Picture-Alliance/AFP

Temps de lecture : 3 min

Génie, visionnaire, riche, libertaire, sans scrupules : voilà quelques mots qui peuvent qualifier Travis Kalanick, 41 ans, créateur et ex-patron de l'application Uber. Fondée en 2009, la firme spécialisée dans la mise en contact direct entre utilisateurs et prestataires de services a même eu l'honneur de voir son nom transformé en concept économique devenu un must chez les politiques : l'uberisation.

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Mais son invention disruptive et une capitalisation boursière à quelque 70 milliards de dollars n'ont pas convaincu les actionnaires de garder Travis Kalanick. En cause, des scandales sexuels, des sorties médiatiques sexistes et des polémiques incessantes au statut du personnel de l'entreprise.

Un management sans ménagement

« Dans la communauté entrepreneuriale, certains créateurs ont le statut de loup solitaire. Je tombe certainement dans cette catégorie. » Voilà ce que le fondateur de Uber dit de lui. Ce surdoué de l'informatique, sans diplôme – il quitte l'université pour se concentrer sur l'entrepreunariat –, est considéré comme l'une des personnes les plus créatives et innovantes dans le monde. Mais son style autoritaire et cassant a freiné son ascension fulgurante. Notes sur un barème de cinq étoiles, harcèlement moral et faibles revenus font office de politique des ressources humaines dans l'entreprise.

En 2016, au Royaume-Uni, des chauffeurs Uber portent plainte contre l'entreprise afin de passer d'un statut d'auto-entrepreneur – où ils n'ont ni revenu minimum, ni protection sociale, ni retraite – à celui d'employé et obtiennent gain de cause. Une énième défaite de Travis Kalanick et de son modèle économique. De plus en plus controversé, le patron de Uber n'avait pas hésité à demander à son bras droit Emil Michael – vice-président de Uber – de débloquer un million de dollars afin d'enquêter sur la vie privée de journalistes qui critiquaient l'entreprise.

Sexisme

Contrairement aux autres géants de l'innovation (Tesla, Google), Uber traîne une image d'entreprise agressive. La réputation de sexisme de Kalanick n'a rien arrangé. Ainsi une ex-employée, Sarah Lacy, avait rebaptisé sur son blog l'entreprise « Boober » – contraction de boob (sein) et Uber –, car « le succès [de Kalanick] a pu lui apporter de nombreuses femmes dans son lit ». Une autre employée Susan Fowler avait tenu la chronique du sexisme dont elle était victime au siège de l'entreprise. Envoyant son témoignage aux ressources humaines, elle s'était vu rétorquer, devant l'avalanche de faits, qu'elle devait y être pour quelque chose. Un exemple qui vient d'en haut : Kalanick avait aussi jugé que les femmes victimes de viols dans les voitures étaient responsables en raison « de leurs habits trop provocants ».

En février 2017, une vidéo filmée par une caméra embarquée et publiée par l'agence de presse Bloomberg News fait surface. Sur celle-ci, on y voit un Kalanick énervé face à un chauffeur Uber désemparé. Le conducteur lui dit qu'à cause de la baisse des prix des courses imposée par la firme, il est ruiné. Le patron lui répond qu'il n'y est pour rien, que tout est de sa faute à lui et claque la portière violemment en lui souhaitant bonne chance.


Le 12 juin 2017, Emil Michael démissionne à la suite d'une affaire d'escort girls en Corée du Sud. Michael, Kalanick et quatre autres membres du bureau exécutif de l'entreprise avaient bénéficié des services tarifés de jeunes femmes. Quelques jours plus tard, c'est au tour du patron gourou, Travis Kalanick, de démissionner sous la pression des actionnaires. Une grande première dans le monde de la nouvelle économie.

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Commentaires (4)

  • Alex_555

    C était tellement bien joué.

  • bonsens9

    Qu'il faut se calmer sur l'idolâtre vouée aux start upper

  • malherbe14

    De toutes facons, le responsable c'est le consommateur : s'il ne veut pas payer au juste prix un service, un produit quelqu'il soit, il génère cette "économie" de la misère dont il est a terme la victime.
    Ce n'est pas de l'économie, c'est l'application de la culture socialiste : on tire tout le monde par le bas !