Sainte-Geneviève : le braqueur collectionnait les emblèmes nazis

 Tribunal d’Evry. Le prévenu avait braqué deux commerces et provoqué un accident de la circulation.
Tribunal d’Evry. Le prévenu avait braqué deux commerces et provoqué un accident de la circulation. (LP/C. Ch.)

    Au moment de son interpellation, l'accusé, un ex-tireur sportif, possédait plusieurs armes à plomb et gaz ainsi qu'une carabine 22 long rifle retrouvée chargée et chambrée à son domicile. Il collectionnait aussi les emblèmes nazis. Ce jeudi, à la barre du tribunal correctionnel d'Evry, cet homme de 41 ans ne semble pourtant pas en mener large. Quand il s'exprime, il est au bord des larmes. Malgré son âge et un casier quasi-vierge, deux conduites en état d'ivresse remontant à une douzaine d'années, le quadragénaire comparait pour des faits graves de braquages, blessure involontaire, violences sur une policière, port d'arme et exhibition d'insignes nazis, le tout commis en l'espace d'à peine deux jours. Il a été condamné pour l'ensemble de son œuvre à 30 mois de prison dont 18 mois ferme avec maintient en détention.

    Le 20 mars dernier, le prévenu, ivre, se rend dans un bar près de la gare de Sainte-Geneviève-des-Bois. Face à deux jeunes clients, il exhibe une fausse carte de gendarmerie, deux armes de poing ainsi que ses tatouages, une croix gammée notamment. Il tire ensuite un coup de feu en direction du sol, règle ses consommations et part. Peu après, il entre dans une maison de la presse, le visage dissimulé, sort son arme et s'empare du contenu de la caisse estimé à environ 2 000 € par les victimes.

    Le lendemain midi, il braque le Lidl de Sainte-Geneviève. « Il m'a mis le pistolet sur la tête et m'a dit que j'avais 30 secondes pour ouvrir ma caisse », témoigne une employée encore choquée. Le braqueur repart avec près de 500 €. Dans sa fuite, il percute une automobiliste qui le prend en chasse et note sa plaque d'immatriculation. La plaignante, qui souffre d'un léger traumatisme crânien et d'un coup du lapin suite au choc, s'évanouit au commissariat et se verra prescrire 7 jours d'incapacité totale de travail. Le suspect est interpellé dans la foulée. Au commissariat, il tente de s'emparer de l'arme d'une policière. « Il ne lâchait pas. Je l'ai saisi à la gorge pour me dégager. Heureusement, mes collègues sont arrivés », raconte-t-elle.

    Pour se justifier, l'homme invoque l'alcool, des décès dans sa famille et ses dettes de 70 000 €. « J'ai pété un plomb. Je venais de recommencer à boire. Je ne suis pas comme ça. Je demande pardon à toutes les victimes. » Sur ses insignes nazis, il peine à s'expliquer. « Je suis fasciné par la Seconde Guerre mondiale, la stratégie des batailles. Mais je suis contre la Shoah. Je vais faire effacer mes tatouages, c'est une erreur. » La substitut du procureur n'est pas convaincue : « il a dit avoir lu « Mein Kampf » et s'est acheté un drapeau nazi. Ce n'est pas simplement par amour de la stratégie militaire. Il y a une adhésion à cette idéologie. C'est quelqu'un de dangereux ».