COP21 : déjà un “succès considérable”, estime Fabius
Le président de la conférence de Paris sur le climat se félicite des promesses déjà faites par 183 pays.
Par Les Echos
Ni plus ni moins qu’ « un succès considérable », juge Laurent Fabius à 48 heures de l’ouverture de la COP21. Il évoque un point précis : le fait que 183 pays ont déjà formulé des promesses chiffrées de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.
Ces engagements « couvrent près de 95% des émissions mondiales. C’est inédit, c’est un des premiers éléments du succès de Paris », a ajouté le ministre français des Affaires étrangères, après avoir remis à Christiana Figueres, la principale responsable de l’ONU sur le climat, la clé du centre de conférence où se tiendra la COP, au Bourget, près de Paris.
Ces contributions ne sont « pas encore parfaites » car elles ne « permettent pas encore d’aller » vers un réchauffement limité à « 2 degrés ou 1,5 ». Cependant, « elles nous éloignent du risque des 5 ou 6 degrés » de hausse qu’entraînerait « l’inaction », a souligné Laurent Fabius. « Ce sera l’un des éléments de cette négociation de voir comment nous pouvons combler le “gap” » (l’écart), a-t-il ajouté.
Objectif 2°C
Lors de la COP, les représentants de 195 pays vont tenter de parvenir à un accord mondial permettant de limiter à 2°C le réchauffement de la planète. Selon les scientifiques, une hausse de la température au-delà de cette limite entraînerait une aggravation des dérèglements déjà constatés (montée des eaux, fonte des glaciers, disparition d’espèces...).
Les négociateurs devront reconnaître que les contributions ne sont « pas suffisantes » et l’accord devra mettre en place « un processus d’améliorations continues et d’augmentation des efforts », avec des étapes éventuellement « tous les cinq ans », a déclaré Christiana Figueres. Elle a appelé de ses vœux « un protocole de vérification qui serait suivi par tous les pays ».
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Les points sensibles
Interrogée sur le caractère contraignant ou non de l’accord espéré à Paris, elle a affirmé qu’il contiendrait « différents éléments, d’une nature contraignante différente ». La nature juridique du futur accord de Paris est l’un des points en discussion.
Laurent Fabius a rappelé par ailleurs qu’il serait « illusoire de penser qu’on pourrait fixer dans l’accord (...) un prix du carbone unique ». « Peut-être, si les parties l’estiment utile, y aura-t-il une mention de cette question très importante du prix du carbone. Mais évidemment, il y a des différenciations selon les régions et les techniques », a-t-il dit.
Ban Ki-moon réclame un accord, même imparfait
De son côté, samedi, le secrétaire général de l’ONU a exhorté les dirigeants du monde à « trouver un terrain d’entente », même imparfait : « Il n’y a jamais d’accord parfait », a-t-il reconnu. Mais « même s’il reste quelques motifs de mécontentement, on pourra avancer et après cinq ans avoir une révision et un suivi » des engagements, a-t-il avancé.
[["Together we can build a healthier future for people and the planet." - Ban Ki-moon on #COP21 & #Action2015
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— United Nations (@UN) 26 Novembre 2015
Selon lui « il y a presque un consensus sur l’idée d’un tel mécanisme », qui permettrait de contrôler et de revoir les engagements pris par les pays pour diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre. Jusqu’à présent, l’Inde s’est pourtant opposée à un tel système.
« Pour nous, ça va passer. Ca ne peut pas casser », a-t-il encore déclaré. « Il est vital que cette fois, nous parvenions à un accord mondial, solide et ambitieux sur le changement climatique. »
Mobilisation mondiale pour des mesures fortes
Dans les rues du monde entier ce samedi, des milliers de personnes ont manifesté, justement pour réclamer des mesures fortes. De Manille à Bogota en passant par New-Delhi, Tokyo, Londres ou Sao Paulo, des marches pour le climat sont organisées un peu partout durant tout le week-end. Sauf à Paris où elles sont interdites en raison de l'état d'urgence décrété après les attaques sanglantes du 13 novembre.
Environ 3.000 personnes ont ainsi défilé samedi à Manille, aux Philippines. En Australie, environ 5.000 personnes ont participé à Brisbane à une marche ouverte par des aborigènes et des habitants des îles du Pacifique. Des défilés ont également eu lieu au Bangladesh et en Nouvelle-Zélande.
Source AFP