Champagne-sur-Seine : les réfugiés écrivent leur dégoût des terroristes

Champagne-sur-Seine : les réfugiés écrivent leur dégoût des terroristes

    « Nous sommes contre les terroristes, qui ne sont pas de vrais musulmans ». L'indignation n'a pas épargné les réfugiés syriens et irakiens hébergés depuis septembre à Champagne-sur-Seine. Ils ont dit leur rage et leur tristesse sur une banderole, écrite avec les professeurs qui leur apprennent le français bénévolement.« Nous voulons exprimer notre soutien et notre solidarité avec les Français », poursuivent-ils alors qu'ils ont craint les regards noirs lors des jours qui ont suivi les attaques terroristes de Paris. « Nous sommes très tristes. Nous avons eu très peur et nous avons voulu faire quelque chose pour les Français, pour montrer qu'on aime la France. Nous voulons être avec les Français contre le terrorisme ».D'où ils viennent, les scènes qu'a vécues la capitale le vendredi 13 novembre dernier, ne sont pourtant pas rares. « Mais justement, on ne veut pas que ça arrive ici en France, insistent, en anglais, Mahmoud et Ousama deux Irakiens qui s'expriment au nom du groupe. Et surtout, ceux qui font ça sont des fous. Ils tuent même les enfants ».Les réfugiés ne veulent en aucun cas être assimilés aux terroristes. « On veut prouver que nous sommes de bonnes personnes », disent-ils en chÅ?ur, inquiets de pouvoir refaire leur vie sur cette terre d'accueil. Même les bombardements français à Raqqa en Syrie, destinés à combattre Daech trouvent grâce à leurs yeux. « Les civils ne sont pas touchés, assurent-ils. Les avions ne visent que les terroristes ».Sur place, il ne reste qu'une trentaine d'hommesChampagne-sur-Seine a accueilli, via la Croix Rouge, jusqu'à 88 réfugiés. Ils ne sont plus qu'une trentaine d'hommes, en attente d'être dirigés vers une ville qui les accueillera définitivement. « Mais depuis les attentats, il y a des villes qui ne veulent plus de nous, assurent ces réfugiés, qui bénéficient d'une carte de résident puisqu'ils ont obtenu le droit d'asile. On a peur aussi que la loi change et que l'on nous expulse ».Impossible pour le moment de communiquer avec eux en français, alors qu'ils sont avides d'apprendre. « On voudrait avoir plus de cours », regrettent-ils. Pour le moment, quelques professeurs se dévouent bénévolement. Mais c'est tout. Les deux garçons de 14 et 10 ans, accompagnés dans ce terrible voyage depuis Raqqa par leur cousin Sohaib, 19 ans, ne vont pas à l'école.Le collège est pourtant en face de la résidence étudiante où ils sont logés. « On ne peut pas tout faire en même temps, insiste Alain N'Gouoto, sous-préfet chargé de la politique de la ville. Nous avons déjà fait des prouesses en leur accordant un statut de réfugié en un mois et en relogeant cinquante. Tous les enfants installés définitivement sont désormais scolarisés. Mais nous n'avons pas voulu déraciner une fois de plus ces jeunes en les changeant d'école ».Les habitants plutôt solidaires avec eux Les réfugiés sont restés enfermés, presque terrés après avoir vu les terribles images des attentats à Paris et au Stade de France. « On a bien vu qu'ils n'osaient plus sortir », témoigne un voisin. Pourtant les regards sont toujours bienveillants à leur encontre. « Ils sont très sympathiques. On arrive à communiquer un peu avec eux, se réjouit Danny, venue nourrir des chats sauvages. Au début, il y a bien quelques personnes qui disaient qu'on avait déjà nos propres pauvres. Puis on a bien vu qu'il y avait tellement de dons que la Croix Rouge a dû les refuser. On sait bien qu'ils seraient chez eux s'il n'y avait pas la guerre. »Quelques doutes s'immiscent pourtant dans l'esprit de certains habitants. « Il y a des infiltrés dans tous ces réfugiés, estime un passant. Peut-être pas ici à Champagne, mais en France c'est sûr ». Des doutes qui n'instillent aucune peur à Jean-Philippe, Anne-Marie et Xavier qui attendent leurs enfants à la sortie de l'école. « Il ne faut cataloguer personne, insistent-ils. Nous n'avons aucune animosité, cela ne sert à rien. Et puis de toute façon, ils sont très discrets, on ne les voit pas beaucoup ».