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Sébastien Proisy,
37 ans

« Sunshine ». C’est ainsi que ses amis le surnommaient, pour sa joie de vivre, son espièglerie, son sourire ultrabright, ses blagues potaches. Sébastien Proisy, fauché à 37 ans d’une balle à la terrasse du Carillon, dans le 10e arrondissement de Paris,« c’était la lumière », décrit Fanny, une amie très proche. « Il incarnait le Parisien par excellence : joyeux et superficiel, profond et intellectuel, charmeur et charmant. » Avec son look à la Pierce Brosnan, il adorait refaire le monde dans les cafés – notamment auFumoir, son QG, près du Louvre. « Nous nous y retrouvions chaque dimanche soir, pour y discuter de choses graves et légères, se souvient Fanny. Il avait sa part d’ombre et de secret, qu’il cachait bien, mais il avait le don de tout habiller de rire. »

Né à Valenciennes, dans le Nord, il vivait à Noisy-le-Grand (Marne-la-Vallée) depuis son enfance. « Il allait à l’école à Paris, dans les beaux quartiers, et le soir jouait au foot avec nous dans les cours black-blanc-beur de la ville », se souvient Jérôme, qui l’a connu à l’âge de 8 ans. Ses vacances en Bulgarie, dans la petite ville d’Oryahovo, d’où est originaire sa mère, Iordanka, l’ouvrent aussi à d’autres cultures. Pour son ami Dimitar, « il avait pris le meilleur des deux mondes : une éducation française parfaite, et une spontanéité, une chaleur héritées de ses origines bulgares ».

Grand lecteur, doté d’une bibliothèque impressionnante, il pouvait passer des heures à feuilleter des livres à L’Ecume des pages, une librairie de Saint-Germain-des-Près. « Il était passionné par la politique, la diplomatie, la géopolitique », raconte Thibault, l’un de ses camarades d’Assas, la fac où il avait décroché un master en arbitrage. Passionné par la chose publique, Sébastien avait travaillé pendant trois ans à la Commission européenne, avant de revenir en France. « Il avait lu tous les livres de et sur les grands hommes. J’étais convaincu qu’il aurait un destin comparable », insiste son ami.

Inspiré par ses lectures, il aimait parcourir le monde, à l’image de son père, Daniel, disparu lorsqu’il était adolescent. « Il avait un côté idéaliste, et romantique. Il s’est beaucoup cherché et il s’était enfin trouvé », raconte Dimitar. Après avoir repris des études à L’Ecole de guerre économique, « Sebbie » venait de créer sa société de conseil pour aider les entreprises à s’implanter en Iran et en Asie centrale. Son déménagement à Téhéran était prévu pour la fin de l’année. « Il bossait comme un dingue, mais il était comme toujours aussi disponible, souriant, et attentionné »,souligne Charles, un ami du primaire. Les deux copains devaient fêter leurs trente ans d’amitié avant son départ.

Chloé Hecketsweiler

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