C’est la plus importante fusion de l’année dans le monde. AT&T, l’un des principaux opérateurs de téléphonie mobile aux Etats-Unis, a annoncé samedi soir l’acquisition de Time Warner, propriétaire des chaînes de télévision HBO et CNN, pour 85,4 milliards de dollars (78,5 milliards d’euros). Cette mégafusion devrait être finalisée d’ici à la fin de 2017. L’offre de contenus permettra à AT&T d’« innover avec de nouvelles options publicitaires qui, combinées aux abonnements, contribueront à financer la création de contenus », a fait valoir le groupe. Cette fusion renforce le processus de consolidation à l’œuvre dans les télécoms et les médias. Objectif : s’adapter aux nouveaux comportements des téléspectateurs. En effet, les sociétés de contenus ont de plus en plus de mal à rester indépendantes, ce qui crée des perspectives pour les opérateurs télécoms, diffuseurs par satellite et câblo-opérateurs, relèvent les analystes. Les groupes de médias s’inquiètent du fait que la jeune génération regarde la télévision sur des appareils mobiles. Les sociétés de distribution, à l’inverse, ont tout intérêt à acquérir des contenus pour diversifier leurs revenus.
Mais cette fusion, comme d’autres avant elle, sera scrutée à la loupe par les autorités de régulation, qui ne voient pas d’un bon œil le mouvement de concentration en cours. Et elle suscite d’ores et déjà l’opposition d’une partie de la classe politique, à commencer par le candidat républicain à l’élection présidentielle, Donald Trump, et certains élus démocrates. Reste que ce mouvement semble difficile à arrêter. Le câblo-opérateur Comcast a ouvert la voie en rachetant NBCUniversal en 2011 et, plus récemment, les studios DreamWorks Animation. AT&T lui-même a mis la main l’an dernier sur le diffuseur par satellite DirecTV pour 48,5 milliards de dollars. Les analystes s’interrogent toutefois sur la pertinence de ces opérations de concentration verticale. Selon un expert, « l’intégration verticale entre programmes et distribution soulève un certain nombre de questions : DirecTV, par exemple, pourrait favoriser les contenus de Time Warner aux dépens de programmes alternatifs ou indépendants qui auraient peut-être la préférence des clients ».