ELECTROMENAGERLes fabricants retrouveraient-ils le goût de la réparation?

Obsolescence programmée: Les fabricants veulent convaincre qu’elle n’existe pas

ELECTROMENAGERA travers leur fédération Gifam, les constructeurs d’électroménager veulent rassurer le public sur la qualité de leurs équipements et les inviter à retrouver si besoin « le réflexe de la réparation »…
Le rayon lave-linge d'un magasin Boulanger.
Le rayon lave-linge d'un magasin Boulanger. - CHRISTOPHE SEFRIN/20 MINUTES
Christophe Séfrin

Christophe Séfrin

«L’obsolescence programmée n’existe pas ». Alexander Lohnherr, nouveau président du Gifam (Groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils d’équipement ménager), était clair ce mardi lors de la présentation des résultats 2015 de sa filière à la presse. Que des industriels puissent penser leurs produits pour qu’ils aient une durée de vie limitée fait partie des « marronniers, de partis pris, des phrases entendues chez les septiques qui pensent qu’avant tout était mieux ». Pas facile cependant pour les industriels du gros et petit électroménager de changer les mentalités, de passer les certitudes de beaucoup à la machine pour faire revenir les couleurs d’origine…

Redonner le réflexe de la réparation

Pourtant, le Gifam, dont la cinquantaine de membres vient d’enregistrer une année 2015 radieuse (lire encadré) entend bien prendre son bâton de pèlerin pour évangéliser les foules. Alors qu’il existe 6,8 appareils de gros électroménager et 14 de petit électroménager dans les foyers français, l’idée-force en ce début 2016 est « de redonner le réflexe de la réparation », selon Alexander Lohnherr. Sérieux ? Selon les chiffres en circulation, 40 % des consommateurs renouvelleraient leur équipement électroménager avant sa fin de vie. A cela plusieurs facteurs, dont certains ne sont pas uniquement liés à une panne. Pas rare que l’on change de réfrigérateur lorsque l’on refait sa cuisine, par exemple. Ou que l’on troque son vieux lave-linge lors d’un déménagement. Mais pour beaucoup de Français, le fait de remplacer plutôt que de réparer peut avoir des causes très pragmatiques. Comme de juger inappropriée une réparation pour un bien ayant déjà quelques années, alors que le produit neuf équivalent n’est finalement pas si cher. « Un réparateur m’a demandé 50 euros pour évaluer si ma machine à laver était réparable ou pas. Et ce, avant même de me fournir un devis ! », peste Florence, rencontrée dans un grand magasin, qui finalement remplacera son ancien lave-linge sans savoir s’il était réparable ou pas. Un grand classique.

Eduquer ou rassurer ?

D’où la volonté toute neuve des industriels de se mobiliser pour sensibiliser les consommateurs sur la réparation. Selon le Gifam, cela « va devenir un élément de stratégie et de différenciation des marques ». Lesquelles marques vont également développer des appareils connectés pouvant nous aider à nous prémunir de certaines pannes en nous alertant en cas de dysfonctionnement.

A terme, les produits connectés devraient aider à se prémunir des pannes. - SAMSUNG

Après deux opérations pilotes en 2015 à Marsac sur L’Isle (24) et Limoges (87) avec le réseau Envie qui invitaient les consommateurs le désirant à auto réparer un équipement avec les conseils d’un professionnel, la filière prépare pour le 4 juin sa première « Journée nationale de l’entretien et de la réparation des appareils électroménagers », avec des actions dans différentes villes, dont Paris. La réponse des professionnels aux Repair Cafés ?

Réparer au lieu de jeter : le propos des Repair Cafés. - CHRISTOPHE SEFRIN/20 MINUTES

Depuis 2009, ces lieux où des bénévoles réparent vos équipements devant vous se développent comme récemment à Saint-Prix (95). Il en existerait 900 dans le monde. Leur vocation est justement d’apporter la preuve qu’une panne sur un grille-pain ou un mixeur n’impose pas systématiquement de remplacer le produit mais se solde parfois par le simple remplacement d’un composant défectueux. Semblant vouloir aller dans ce sens dans son discours et ses futurs actes, le Gifam et ses membres se feront sans doute taxer de greenwashing. Car après tout, comment intégrer le fait que les fabricants aient envie de retrousser leurs manches pour que nous renouvelions moins rapidement nos équipements ? Une autre interprétation pourrait consister à reconnaître la prise de conscience d’une filière toute entière sur l’impérieux besoin de renouer pour de bon avec la confiance de ses clients. Et de les rassurer.

Un secteur porteur

Le monde de l’électroménager ne connaît pas la crise en 2015, la filière a enregistré une hausse de son chiffre d’affaires de 3,7 % pour les produits de gros électroménager et de 6,5 % pour les produits de petit électroménager. Les univers du froid (+27 %), du lavage (+42 %), mais aussi celui des centrifugeuses (+42 %) se sont particulièrement distingués. « C’est un bon cru », commente t-on au Gifam.

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