Terrorisme : avis de recherche de deux proches de Samy Amimour

Le trio était inséparable. Samy Amimour s'est fait exploser le 13 novembre dans la salle de concert parisienne alors que les services de renseignements le croyaient toujours en Syrie, pays qu'il avait rejoint en octobre 2013 avec Samir B. et Charaffe EM. Tous trois ont fait l'objet de poursuites judiciaires pour association de malfaiteurs terroristes. Amimour décédé, la procédure est toujours d'actualité pour ses deux comparses. En août 2015, le juge Marc Trévidic, dans un de ses derniers actes comme magistrat antiterroriste, signait l'arrêt de renvoi des trois individus devant le tribunal correctionnel.

Lors de leurs auditions en garde à vue face aux fonctionnaires de la DGSI ou devant le juge d'instruction, le trio n'avait pas caché son intérêt pour rejoindre un jour les zones de « djihad », même si Amimour prétendait vouloir y apprendre l'arabe... en Afghanistan !

Son camarade Charaffe, quant à lui, ne cachait pas ses intentions, du moins à son entourage familial. Durant leur enquête, les policiers ont retrouvé un texto envoyé par Charaffe à sa soeur dans lequel il affiche son projet de « mourir en martyr », une idée qui, écrit-il, « n'a pas quitté [son] esprit depuis un an ».

Ils ont suivi des cours de tir

C'est d'ailleurs  lui qui entreprend, dès 2012, les démarches les plus abouties afin de quitter la France pour le Yémen. Il est en relation avec un djihadiste francophone qui sévit aux côtés d'Aqpa, l'organisation d'Al-Qaïda qui revendiquera en janvier 2015 l'attentat contre Charlie Hebdo. Samir B., lui aussi, souhaite quitter la France et « la société de consommation ».

Ils ont contracté un prêt de 20 000 euros, acheté du matériel de randonnée. Ils se sont inscrits à la musculation et ont suivi des cours de tir via l'ANTP, l'Association nationale de tir de la police, comme l'a révélé i>Télé. Ils s'initient au maniement d'un 9 mm, d'un 38 spécial et d'une 22 long rifle. Pour être admis, il suffit de verser 260 euros et de produire un certificat médical et un extrait de casier judiciaire. Celui-ci ne faisait apparaître aucune condamnation pour Amimour, Samir et Charaffe.

Amimour, lui, explique que, s'il veut quitter l'Hexagone, c'est parce qu'il ne peut pas vivre pleinement sa religion, qu'il a un « sentiment d'oppression et de stigmatisation ». En voulant rejoindre un pays musulman « ... sans doute étais-je à la recherche de quelque chose que je ne trouve pas ici qui est de l'ordre de l'affectif et du personnel, de la fraternité religieuse que l'on trouve plus facilement dans ces pays ».

Au regard de sa participation aux attentats du 13 novembre, les paroles du kamikaze sonnent comme un mensonge : « Je suis contre l'assassinat d'innocents, quels qu'ils soient, et je ne cautionne pas cela. » Alors que la police tente de comprendre sa démission de la RATP, en octobre 2012, prélude, selon l'officier qui l'auditionne, à son départ dans une zone de combat, Amimour se justifie : « Je n'en pouvais plus des agressions et des provocations [sur sa ligne de bus, NDLR]. Je n'avais pas envie d'être abîmé à 35 ans. » Il est mort déchiqueté par son gilet explosif à 28 ans, emportant avec lui 89 innocents.