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Une nouvelle résolution onusienne pour sauver l’accord de paix au Mali

L’objectif des sanctions vise à éviter un déraillement complet du processus de reconstruction et de réconciliation du pays.

Le Monde avec AFP

Publié le 22 septembre 2017 à 12h33, modifié le 22 septembre 2017 à 16h38

Temps de Lecture 4 min.

Des hélicoptères de l’opération « Barkhane » survolent le fleuve Niger dans la région de Gao, en mai 2017.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, mardi 6 septembre, à l’unanimité, une résolution créant un régime général de sanctions pour le Mali où les entraves au processus de paix et de réconciliation se multiplient. « Il s’agit d’une demande explicite du gouvernement malien » et « de donner un nouvel élan à l’accord de paix » de 2015 qui est « sérieusement menacé », a déclaré l’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre.

Le texte prévoit la possibilité d’interdictions de voyages et de gels d’avoirs. L’adoption de la résolution va être suivie de la création à l’ONU d’un comité de sanctions pour identifier les individus ou entités contrevenant à ses dispositions et d’un panel d’experts devant s’assurer du respect des sanctions.

Nombreuses violations du cessez-le-feu

La désignation d’individus ou d’entités sera liée à des violations du cessez-le-feu, à des obstructions à la mise en œuvre de l’accord de paix, à des attaques contre les forces armées maliennes ou les casques bleus, à des violations des droits humains ou à des obstacles à l’acheminement d’aide humanitaire. Lundi au soir, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné dans un communiqué une attaque dans la journée contre un convoi de casques bleus, qui a tué deux d’entre eux et blessé grièvement deux autres dans le nord.

Alors que des pays comme la Russie ou l’Ethiopie avaient fait part de réserves sur l’opportunité d’instaurer un régime de sanctions pour le Mali, la France, rédactrice du texte, a tenté de les rassurer en soulignant qu’à ce stade il n’était question que de créer un régime général de sanctions et que l’identification de contrevenants n’interviendrait qu’ultérieurement.

La résolution se borne à rappeler les nombreuses violations du cessez-le-feu ayant accompagné la mise en place de l’accord de paix signé en 2015 entre le gouvernement et des groupes armés réunis au sein de la Plateforme. Elle dénonce aussi les violences qui ont touché le pays ces derniers mois et l’importance que conservent des mouvements armés djihadistes comme Al-Qaida au Magrheb islamique (AQMI), Al-Mourabitoune, Ansar Eddine, ou le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), déjà visés par des sanctions.

La décision onusienne ne tardera pas à être mise à l’épreuve puisque l’ex-rébellion à dominante touareg dans le nord du Mali et les groupes armés soutenant le gouvernement ont signé un nouveau cessez-le-feu impliquant l’arrêt immédiat de « toute hostilité » et « la libération des prisonniers », a-t-on appris jeudi auprès des deux parties.

Ce nouveau cessez-le-feu, signé mercredi 20 septembre à Bamako, est intervenu après plusieurs affrontements entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion) et les groupes progouvernementaux, dont les plus récents remontent aux mois de juillet et août. L’accord fait suite à une trêve provisoire conclue le mois dernier qui a permis un apaisement sur le terrain et le retour dans la ville de Kidal du gouverneur régional.

De précédents pactes visant à mettre fin à des années de violences dans la région ont jusque-là tous échoué, mais les observateurs se disent plus optimistes vis-à-vis de ce nouvel accord, signé mercredi soir à Bamako en présence de représentants des Nations unies, du gouvernement malien et de médiateurs internationaux.

« Situation volatile »

Le Conseil de sécurité « est gravement préoccupé par la situation sécuritaire volatile, notamment par le développement d’activités criminelles et terroristes dans le centre et le sud du Mali, comme par l’intensification des trafics de drogue et d’êtres humains » dans le pays, stipule la résolution.

Pour certaines capitales européennes, le Mali est aujourd’hui « dans une période presque pré-insurrectionnelle » à moins d’un an d’une élection présidentielle. « Il y a la crise au nord, la crise au centre, et maintenant une crise de régime », relève sous couvert d’anonymat un responsable européen. « C’est un régime qui ne sait pas où il va, qui est uniquement tourné vers la réélection du président ». Pour la crise au centre, il cite entre autres l’absence de l’Etat malien, la fermeture d’écoles remplacées par des madrasas coraniques et le non-fonctionnement des tribunaux.

Au cours des derniers mois, la violence a redoublé au Mali avec des violations répétées de cessez-le-feu et des attaques contre des casques bleus présents dans le pays pour accompagner l’accord de 2015. En dépit d’une présence militaire française et de celle de l’ONU, le pays reste un lieu de passage pour des trafics en tous genres et le théâtre d’actions de force de groupes djihadistes armés. L’armée malienne n’a guère la capacité de les neutraliser et l’Etat malien, dirigé par Ibrahim Boubacar Keïta, peine à combattre la corruption et à faire fonctionner institutions et administrations.

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Pour la France, qui souligne qu’un régime de sanctions a été demandé par le Mali lui-même dans une lettre en août, l’objectif de sa création est d’abord « dissuasif » et vise à éviter un déraillement complet du processus de reconstruction du pays. « L’impunité encourage une culture de corruption dans laquelle les trafics et les intérêts criminels peuvent prospérer et contribuer à l’instabilité et à l’insécurité », souligne ainsi la résolution.

Le nord du Mali était tombé en mars 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaida. Ces groupes ont en grande partie été chassés en 2013 à la suite d’une intervention militaire française qui se poursuit encore actuellement avec l’opération « Barkhane ». Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.

Le Monde avec AFP

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