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A Maiduguri, les fantômes de Boko Haram refusent de mourir

Entre Maiduguri et Boko Haram, une lutte à mort (1/5). Les habitants de la grande ville du nord-est du Nigeria font comme si la menace avait disparu, mais les terroristes ne cessent de se rappeler à eux.

Par  (Maiduguri, Nigeria, envoyé spécial)

Publié le 25 juin 2017 à 20h13, modifié le 02 juillet 2017 à 06h51

Temps de Lecture 17 min.

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Des étudiants de l’Ecole polytechnique de Maiduguri fêtent la fin de leurs examens autour de la piscine d’un hôtel à la mode, sans tenir compte du couvre-feu.

Jeudi 18 mai, peu avant minuit, à Maiduguri, un garçon dont nul ne connaîtra jamais ni le nom ni l’histoire s’est faufilé dans l’université avec sa ceinture d’explosifs. L’ombre à la voix à peine entrée dans l’adolescence, perchée dans un arbre, a crié un appel au djihad à l’attention des étudiantes claquemurées dans les dortoirs tout proches.

Mariam, 22 ans, grands yeux noirs, jolies mains ornées de henné, une passion pour la médecine et beaucoup de chance, y était. Elle a entendu la voix et l’explosion. « Les Boko Haram n’ont qu’à rester dans l’ignorance et nous laisser étudier. Ça m’a pris plusieurs années pour être admise à l’université, tu crois que je vais les écouter et retourner chez moi avant les examens ? », dit-elle le lendemain matin, à peine troublée par cette attaque-suicide qui n’a blessé qu’un garde.

C’est la quatrième fois depuis le début de l’année que l’université de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, est la cible des kamikazes. « On a l’habitude, et je vous assure qu’on ne les laissera pas gagner », disent à l’unisson ses copines Grace et Rhoda, animées par des rêves que les bombes ne semblent pouvoir détruire : « Ici, étudier est un combat. »

« Des pauvres types inutiles »

Au terme de leur année de « combat », Abubakar, 23 ans, et ses amis étudiants à l’Ecole polytechnique de Maiduguri célèbrent la fin des examens en caleçon dans une piscine privatisée, au son des stars du hip-hop américain et de l’afropop de Lagos. Ces beaux jeunes gens jouent les nababs, dansent, fument et s’éclaboussent, sous les regards espiègles des filles, vêtues de jeans moulants et de voiles légers.

Chrétiens ou musulmans, ils savourent cette enclave de liberté artificielle dans un hôtel protégé de la ville, parlent de sexe sans ambage et n’ont cure de la charia en vigueur depuis 2000 dans le nord du Nigeria. « On s’amuse comme on en a envie, lâche Abubakar. Les Boko Haram sont des pauvres types inutiles. Qu’ils aillent se faire foutre. » Ils festoieront jusqu’à l’aube pour s’affranchir du couvre-feu fixé à 22 heures, pour oublier la guerre, les attentats, la misère qui les cerne, et pour avoir l’impression de vivre comme ils l’entendent pendant quelques heures intenses.

Le 7 juin, des kamikazes ont pris pour cible des mosquées et tué quatorze personnes

Chaque nuit ou presque, des kamikazes comme le garçon sans nom de l’université se font exploser à Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno (nord-est), et aux alentours. Ils viennent de la brousse et parfois même du centre-ville, où Boko Haram compte des cellules et où plusieurs unités de fabrication d’explosifs ont été démantelées par les forces de sécurité ces derniers mois. Il en reste sans doute, mais qui prendra le risque de les dénoncer, et de risquer sa vie, pour une récompense de 2 000 dollars (environ 1 800 euros), comme le promettent des messages officiels à la radio ?

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