Bygmalion : confrontation sous haute tension chez le juge Tournaire

Cinq mis en cause sont convoqués par la justice pour expliquer leur rôle dans le système présumé de fausses factures de la campagne présidentielle de 2012.

Par

Nicolas Sarkozy a juré devant les enquêteurs ne rien avoir su du système de fausses factures visant à financer sa campagne présidentielle. 
Nicolas Sarkozy a juré devant les enquêteurs ne rien avoir su du système de fausses factures visant à financer sa campagne présidentielle.  © ALFRED/SIPA

Temps de lecture : 3 min

C'est un véritable cortège qui a rendez-vous, vendredi et lundi matin, au palais de justice de Paris. Une grande partie des protagonistes de l'affaire Bygmalion ont été convoqués par le juge d'instruction Serge Tournaire, pour une confrontation qui s'annonce déjà houleuse et fatigante. Le magistrat, sa greffière et les collègues du pôle financier devront peut-être prêter main-forte et apporter quelques chaises pour accueillir pas moins de cinq mis en cause et leur ribambelle d'avocats. De source concordante, le vice-procureur Baietto, représentant du parquet, devrait également être sur place.

Le point du soir

Tous les soirs à partir de 18h

Recevez l’information analysée et décryptée par la rédaction du Point.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Parmi les convoqués pour ce rendez-vous sous haute tension, on trouve le préfet Guillaume Lambert, ex-directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, qui a réclamé il y a quelques semaines une expertise totale des factures de Bygmalion. L'homme veut savoir à quelles prestations exactes correspondent les 18 millions d'euros de fausses factures et dans quelles poches sont tombés les millions évaporés. Il nie tout système de fausses factures qui aurait été destiné à combler un surplus de dépenses du candidat Sarkozy. À ses côtés, Fabienne Liadze, ancienne directrice des ressources du parti, et Éric Cesari, directeur général de l'UMP au moment de la campagne de 2012, devront également s'expliquer sur leur rôle. Enfin, Jérôme Lavrilleux, directeur adjoint de la campagne présidentielle du candidat Sarkozy, pourrait bien charger l'entourage de l'ex-président. Franck Attal, patron de la filiale événementielle de Bygmalion Event & Cie, dira n'avoir été qu'un simple exécutant. Et démentira tout soupçon d'enrichissement personnel des dirigeants de son entreprise et de ses sous-traitants.

Qui a donné les ordres à Franck Attal ?

Les juges d'instruction vont devoir redoubler de malice pour éviter que chacun se renvoie la balle dans ce dossier hautement sensible, à la veille des élections régionales de décembre. Depuis le début de l'enquête, les responsables de campagne à l'Élysée campent sur leurs positions et affirment n'avoir vu que les factures « en règle ». Nicolas Sarkozy, lui-même, a affirmé plusieurs fois aux enquêteurs qu'il avait appris le nom de « Bygmalion » longtemps après la fin de la campagne. Les juges en doutent fortement. Les magistrats veulent à tout prix déterminer qui a donné les ordres à Franck Attal afin d'établir de fausses factures, et qui était au courant de ce montage financier opaque et illégal. Bref : qui était dans la boucle ?

Fabienne Liadze va-t-elle enfin parler ?

Une partie de la pression repose sur les épaules de Jérôme Lavrilleux, que tous, y compris son patron Jean-François Copé, désignent dans leurs dépositions comme l'interlocuteur d'Event & Cie à l'UMP. Celui qui aurait imposé que l'on garde cette société, même quand les coûts excessifs des meetings de Marseille, ou encore d'Annecy, avaient été pointés par l'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy, dont Guillaume Lambert faisait partie. Fabienne Liadze va-t-elle enfin parler ? Va-t-elle se présenter en militante zélée qui aurait couvert les dépassements pour permettre la victoire de l'UMP ou, plus raisonnablement, en simple administrative évincée des jeux de pouvoir ? Une chose est sûre : elle ne faisait pas partie du premier cercle du président de l'UMP Jean-François Copé.

Les défenseurs de la Sarkozie déplorent cependant l'absence à cette confrontation de Pierre Chassat, proche de Copé et ancien patron de l'événementiel à l'UMP – il signait notamment les bons de paiement –, et d'Emmanuelle Robin-Teinturier, codirectrice des études. Ils étaient les mieux placés, selon eux, pour tirer la sonnette d'alarme au moment où les coûts de la campagne s'emballaient.

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (15)

  • adcitoyen94

    Trés étrange en effet que 3 juges que l'on dit compétents n'aient pas encore, depuis 1 an, établi le fait que les fausses factures avaient servis au financement de la campagne de N sarkozy. Pourtant tous les comptables vous diront que c'est facile à trouver et donc à prouver. Seraient-ils sur une autre piste ? Enrichissement personnel ? Et de qui ? Vivement le dénouement.

  • tsump

    Ces deux prétendants aux plus hautes fonctions au courant de rien mais c'est une plaisanterie quand on pense qu'ils veulent diriger le pays ne sachant pas gérer leurs proches si l'on veut les croire allez dehors et une justice implacable esperons le les aveux de lavrilleux sont la et bien la il est clair que l'on peur remercier hollande pour son élection en 2012 sinon cette corruption ènorme aurait finie sous le tapis...

  • Quand je vois la rapidité avec laquelle certains sautent aux conclusions sur ce dossier qui semblait tellement simple que depuis des mois 3 juges aguerris n'ont pas de conclusions, eux.
    Avant de savoir ce qui s'est passé on a déjà coupé la tête aux protagonistes. Tant pis si ils sont innocents voire même victimes. Si la justice les blanchit c'est uniquement parce que l'on ne condamne pas un politique. Car un politique est forcément coupable et la justice vendue. Il va y avoir du travail pour remettre les idées en place dans notre république.