Iran : réformateurs et modérés remportent les législatives

 

Robat Karim (Iran), vendredi. Deux Iraniennes montrent leur index droit marqué à l'encre après qu'elles ont voté au second tour des législatives.
Robat Karim (Iran), vendredi. Deux Iraniennes montrent leur index droit marqué à l'encre après qu'elles ont voté au second tour des législatives. AFP / Atta Kenare

    Les candidats réformateurs et modérés ont remporté

    de vendredi en Iran face aux conservateurs. Selon des résultats publiés ce samedi, ils auront un groupe parlementaire conséquent pour soutenir la politique d'ouverture du président Hassan Rohani.

    D'après des résultats officiels portant sur 64 des 68 sièges en jeu, la liste «Espoir» des réformateurs et modérés en gagne 36, contre 17 aux conservateurs et 11 à des indépendants. En ajoutant ces sièges aux 95 remportés par les candidats de la liste «Espoir» au premier tour du 26 février, les pro-Rohani auront, avec au moins 131 sièges, le groupe le plus important au Parlement de 290 députés. Mais ils n'atteignent pas la majorité absolue de 146 voix. Les conservateurs et les indépendants suivront avec respectivement 124 (dont 4 avaient été soutenus par les réformateurs) et 25 députés.

    Il faudra attendre la position des députés indépendants pour savoir si les alliés du président Rohani obtiennent la majorité de 146 sièges au Parlement. Mais même s'ils ne l'obtiennent pas, les réformateurs et modérés pro-Rohani pourront compter sur des conservateurs pragmatiques plus conciliants, les plus radicaux d'entre eux, opposés à la politique d'ouverture du président, ayant été éliminés dès le premier tour.

    VIDEO. Iran : les réformateurs confortent leurs gains au second tour des législatives

    C'est la première fois depuis 2004 que l'Assemblée iranienne ne sera plus dominée par les conservateurs et que les deux grandes tendances politiques iraniennes seront représentées de manière à peu près égale. A un an de l'élection présidentielle à laquelle Hassan Rohani devrait se représenter pour un second et dernier mandat de quatre ans, ces résultats, malgré le pouvoir limité du parlement, représentent une victoire personnelle pour le président qui, depuis 2013, a mené une politique de rapprochement avec l'étranger. Elle a culminé lors de la conclusion, en juillet 2015, d'

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    Au moins 3 femmes ont été élues à ce second tour, s'ajoutant au 13 l'ayant emporté le 26 février. La nouvelle Assemblée comprendra donc au moins 16 femmes, dont 15 réformatrices, contre 9 conservatrices dans la précédente qui était largement dominée par les conservateurs avec plus de 200 élus. C'est la première fois depuis la révolution islamique de 1979 que le Parlement comptera autant d'élues.

    L'attente de retombées concrètes après la fin des sanctions

    La nouvelle assemblée se réunira fin mai pour élire son chef. Le président sortant, Ali Larijani, un conservateur modéré, et le chef de file des réformateurs et modérés, Mohammad Reza Aref, devraient être en lice. Contrairement aux plus radicaux de son camp, Ali Larijani a défendu l'accord historique du 14 juillet 2015 sur le nucléaire conclu entre Téhéran, la capitale iranienne, et les grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne).

    Le second tour des législatives est intervenu un peu plus de trois mois après l'entrée en vigueur de cet accord et la levée d'une grande partie des sanctions internationales contre l'Iran. Mais, en l'absence de retombées économiques concrètes suivant la fin des sanctions, l'exaspération commence à se faire sentir. Or le président Rohani mise justement sur les retombées de cet accord pour faire baisser le chômage qui touche 11% de la population active (près de 25% de jeunes). L'ayatollah Ali Khamenei, l'homme fort du pays qui a la main sur les grands dossiers nationaux et internationaux, a récemment souligné que l'Iran a besoin de résultats «tangibles».