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En Hongrie, la police tente de forcer des migrants à aller dans un camp de réfugiés

La police anti-émeute tente de faire débarquer quelque 200 migrants non loin d’un camp de réfugiés à Bicske, à une quarantaine de kilomètres de la capitale hongroise.

Le Monde avec AFP

Publié le 03 septembre 2015 à 11h42, modifié le 03 septembre 2015 à 23h25

Temps de Lecture 4 min.

Alors que la police interdisait depuis deux jours l’accès à la gare centrale de Budapest aux migrants, l’entrée principale du bâtiment a été rouverte jeudi 3 septembre peu après 8 heures, provoquant une certaine confusion. Un premier train avec environ 200 migrants à son bord a quitté la gare à destination de Szombathely et Sopron, deux villes proches de la frontière avec l’Autriche.

(« Scènes chaotiques à Budapest alors que des centaines de réfugiés tentent d’embarquer dans un train. Cela semble dangereux. »)

La police anti-émeute tente de faire débarquer, jeudi 3 septembre, quelque 200 migrants non loin d’un camp de réfugiés à Bicske, à une quarantaine de kilomètres de la capitale hongroise.

Peu après le départ, à une trentaine de kilomètres de la capitale hongroise, la police anti-émeute a tenté de faire débarquer les migrants non loin d’un camp de réfugiés à Bicske, provoquant des échauffourées avec des passagers qui tentaient de résister. Dénonçant un « piège » des autorités, de nombreux réfugiés restaient à bord du train et à ses abords immédiats, scandant « SOS », et « No camp ».

(« A la police qui tend des bouteilles aux migrants restés dans le train, un passager crie : « Nous n’avons pas besoin d’eau, nous avons besoin de partir. »)

Peu après 15 heures la police hongroise priait les journalistes présents d’évacuer la gare. Dans une chaleur moite, certains voyageurs ont eu des malaises et ont été pris en charge par des secouristes de la Croix-Rouge.

(« Nous demandons ce qu’il va se passer pour ces gens après. Quoi qu’il en soit il n’y aura plus de caméras pour en témoigner. »)

« Entourloupe »

A Budapest, les liaisons ferroviaires internationales ont été interrompues devant l’afflux de migrants qui cherchent à se rendre en Europe occidentale « pour une période indéterminée », ont indiqué les autorités.

Un autre train a quitté la gare avec à son bord une centaine de migrants ainsi que des policiers casqués, officiellement à destination de la ville de Györ, située à mi-chemin entre Budapest et Vienne, près de la frontière slovaque. Selon Marton Bisztrai, un bénévole travaillant à l’accueil des migrants à Keleti, interrogé par l’AFP, le départ des trains était destiné à piéger les migrants.

« Je pense que c’est une entourloupe du gouvernement, de la police et de la compagnie ferroviaire. Ils veulent juste dégager les gens d’ici et les envoyer dans des camps. C’est très cynique. »

Lire notre reportage Article réservé à nos abonnés A Budapest, terminus en gare de Keleti pour les migrants

Au total, plus de 2 000 personnes sont bloquées dans la capitale hongroise depuis mardi et campent aux alentours de la gare. Ces migrants avaient auparavant débarqué sur les côtes grecques et traversé les Balkans pour gagner l’Union européenne. Ils espèrent désormais rallier en train l’Allemagne, comme l’ont fait d’autres migrants avant que les forces de l’ordre n’interdisent l’accès à la gare Keleti de Budapest en début de semaine.

Des migrants prennent d'assaut un train dans la gare de Keleti, à Budapest, le 3 septembre.

On ignore encore les raisons qui ont poussé la police à laisser de nouveau un accès libre à la gare jeudi. Ce retrait des forces de l’ordre coïncide toutefois avec l’ouverture d’une session parlementaire extraordinaire consacrée à un renforcement des lois sur l’immigration et aux sanctions à infliger à ceux qui tentent de franchir la frontière avec la Serbie.

Pour Orban, l’afflux des réfugiés menace l’Europe

La Hongrie est devenue un point de passage pour les migrants, dont 50 000 ont afflué dans le pays pour le seul mois d’août. « Personne ne veut rester en Hongrie, en Slovaquie, en Estonie, en Pologne. Tous veulent aller en Allemagne. Notre job est juste de les enregistrer et nous les enregistrerons », a déclaré jeudi 3 septembre le premier ministre hongrois, Viktor Orban. Il a ajouté que l’accueil des migrants n’était pas un problème « européen mais allemand ».

Dans une tribune publiée jeudi dans le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), Viktor Orban juge que l’afflux des réfugiés constitue une menace pour l’Europe. « Il ne faut pas oublier que ceux qui arrivent (...) sont les représentants d’une culture profondément différente, affirme M. Orban. Dans leur majorité, ce ne sont pas des chrétiens mais des musulmans. C’est une question importante, car l’Europe et l’identité européenne ont des racines chrétiennes. »

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, aux côtés de Viktor Orban en visite à Bruxelles, a appelé les Etats membres de l’Union européenne à « redoubler leurs efforts de solidarité » avec les pays en première ligne dans la crise migratoire en se répartissant l’accueil d’« au moins 100 000 réfugiés ».

La Hongrie a achevé, le 29 août, la construction d’une barrière de fils de fer barbelés le long de sa frontière avec la Serbie, censée empêcher son franchissement. Une palissade de 4 mètres de haut doit encore être construite sur les 175 kilomètres de frontière, fermée le 17 juin par les autorités hongroises. A la fin du mois d’août les celles-ci comptabilisaient jusqu’à 1 500 passages quotidiens de migrants à leur frontière.

« Je suis venu ici pour dire au président Schulz que la Hongrie a fait tout ce qui était possible pour assurer la régulation », a affirmé Viktor Orban à Bruxelles jeudi. Le premier ministre hongrois a expliqué que de nouvelles mesures allaient être prises pour « reprendre le contrôle de la situation ». « Nous allons informer tout le monde, les demandeurs d’asile, les trafiquants, les pays voisins, de ce que sont les nouvelles règles », a-t-il ajouté.

Le Monde avec AFP

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