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Le Conseil de Paris approuve la piétonisation des berges de Seine rive droite

VIDÉO - La maire de Paris a salué une «décision historique, la fin d'une autoroute urbaine à Paris et la reconquête de la Seine».

Ce lundi, devant le Conseil de Paris, où Anne Hidalgo dispose d'une majorité, la piétonisation de la voie rive droite de la capitale, la voie Georges-Pompidou, a été votée sans surprise. Au grand dam de l'opposition de droite. la maire de la capitale Hidalgo a salué une «décision historique, la fin d'une autoroute urbaine à Paris et la reconquête de la Seine».

Le conseil a approuvé la «déclaration de projet de piétonisation définitive» des berges, avec toutes les voix des partis de gauche (PS-PCF, PRG, PG) et des écologistes. A droite, LR et UDI ont voté contre, le MoDem s'est abstenu, lors de débats pugnaces mais courtois dans l'ensemble. Un arrêté municipal définitif suivra le vote dans quelques semaines.

Le projet ferme donc définitivement la voie Georges-Pompidou à la circulation automobile sur 3,3 km du quai bas, de l'entrée du tunnel des Tuileries (Ier arrondissement) à la sortie du tunnel Henri-IV (IVe arrondissement). Quelque 43.000 véhicules circulaient chaque jour sur ces berges classées au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Pour donner plus de poids à ses critiques, l'opposition a de nouveau brandi le rapport de la commission d'enquête relatif à ce projet. Tombé en août dernier, ce compte rendu émet un avis négatif à la piétonisation de la voie. Pour les auteurs de ce rapport, cette fermeture à la circulation va engendrer des reports de circulation plus importants qu'annoncé, des embouteillages accrus et du coup, un risque d'aggravation de la pollution de l'air. À cela s'ajoute une observation qui foudroie le projet. En contredisant l'analyse de la Ville de Paris, les auteurs soulignent que cette voie n'a pas perdu sa vocation à être un axe clé pour les habitants de la banlieue rejoignant Paris. Même si les maires de banlieue ne sont pas présents ce lundi pour demander le maintien du trafic sur cette rive, ils peuvent compter sur leurs collègues parisiens pour relayer leurs doléances.

Ainsi, après avoir lancé un appel à des états généraux de la circulation en association avec plusieurs élus de la petite couronne, Éric Azière, président du groupe UDI-MoDem du Conseil de Paris, comptait monter au créneau pour défendre les Franciliens. «Cet axe participe à l'activité économique. Les habitants d'Ile-de-France l'utilisent pour venir travailler dans la capitale», indique-t-il sans être fermé à une réflexion sur le devenir de cet axe. «Paris doit agir dans le cadre d'une concertation avec sa banlieue et d'un nouveau plan de circulation. Nous avions demandé un moratoire pour faire convenablement ce travail et cela a été refusé», regrette-t-il.

« Cet axe participe à l'activité économique »

Éric Azière, président du groupe UDI-MoDem au Conseil de Paris

La Ville de Paris prévoit l'installation de capteurs autour de cette voie pour évaluer les polluants émis par le trafic automobile. Pour Jean-François Legaret, le maire (LR) du Ier arrondissement, cette mesure est déjà dévitalisée. «Comme la droite l'avait demandé, il aurait fallu mettre des capteurs avant la fermeture de la voie Pompidou pour obtenir des premières données et pouvoir les comparer une fois la circulation interdite. Rien de tel en l'occurrence», fulmine-t-il.

De leurs côtés, les tenants de cette piétonisation persistent. La semaine dernière, Christophe Najdovski, l'adjoint chargé des transports, est revenu sur les raisons de cette décision. Contestant ce qu'affirme le rapport de la commission d'enquête, celui-ci assure que cette voie n'est pas un axe de transit. «Le transit est de 9 % aux heures de pointe le matin et de 5 % le soir», dit-il tandis que l'urbaniste, Frédéric Héran, à ses côtés, est revenu sur le principe «d'évaporation» de la circulation mis en avant par la Ville. «C'est un constat qui se vérifie à chaque fois et non une théorie», a tout d'abord précisé ce spécialiste. Ainsi, toute fermeture de voie de circulation se traduit systématiquement, selon lui, par une disparition importante du trafic. Entre ceux qui renoncent à prendre le volant et ceux qui adoptent de nouvelles habitudes de déplacements, la circulation diminue.

Le bras de fer entre la gauche et la droite autour de cet axe dépasse le cadre du Conseil de Paris. La région Ile-de-France tout d'abord joue la pression. Sa présidente (LR), Valérie Pécresse, qui demandait à être associée à la réflexion, a créé «un comité d'évaluation» sur les conséquences de la piétonisation des voies sur berge de la rive droite. Jamais, d'ailleurs l'usage nouveau d'un axe n'aura été autant surveillé. Le préfet de police de Paris, qui souhaite tester durant six mois cette voie Georges-Pompidou sans voiture, a aussi décidé de mettre en place un comité de suivi technique.

Ensuite, tout pourrait se jouer devant les tribunaux. La voie, qui accueille une exposition, est déjà fermée au trafic depuis trois semaines. «La circulation s'est reportée sur les quais hauts où l'on vit dans la pollution et les concerts de klaxon», décrit Jean-François Legaret qui n'écarte pas la possibilité de saisir la justice pour «mise en danger de la vie d'autrui».

D'autant que les premiers résultats de cette piétonisation sont contrastés. Un premier rapport de la direction de la voirie de la mairie de Paris, dévoilé par Le Journal du dimanche, montre une nette augmentation du nombre de véhicules, sur les trois premières semaines de septembre, sur les quais hauts et le boulevard Saint-Germain ainsi qu'un allongement du temps de parcours des automobilistes. Mais selon le JDD, ces chiffres seraient inférieurs à l'étude d'impact réalisée par un organisme indépendant.

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