Au lendemain de l'une des pires journées de l'histoire d'Air France, les personnels sont "choqués, scandalisés" par l'attitude d'une vingtaine de salariés survoltés. "Il y a eu de la manipulation, c'est clair", explique à L'Express avec un peu de recul Béatrice Lestic, secrétaire générale CFDT chez Air France. Elle dénonce ces actes et affirme qu'aucun belligérant n'était encarté dans son syndicat. "Les salariés qui sont rentrés dans la salle du CCE, on en connait quelques-uns. Ils n'étaient même pas concernés par le PSE".

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Et c'est bien le comble dans toute cette histoire. Il y a une dizaine de jours, la direction a communiqué auprès des représentants du personnel les grandes lignes et les sites qui allaient être ciblés par le plan. Les organisations syndicales ont alors eu la confirmation que ce sont surtout des plateformes du sud de la France qui étaient dans le viseur. La direction avait même été très claire, "ni le hub de Charles-de-Gaulle, ni la maintenance ne seront touchés".

"Un problème de sécurité"

Dès lors, lorsque le CCE extraordinaire commence lundi à 9h30, ce n'est pas de bon coeur que tout le monde y prend place. Mais l'heure est au dialogue. La direction détaille la liste des mesures adoptées en conseil d'administration la semaine précédente, à savoir la suppression à venir de 2900 postes et la fermeture d'ici l'été 2016 de 5 lignes long-courrier. Dans le même temps, "sur les réseaux sociaux, on voyait que les choses pouvaient dégénérer", explique Beatrice Lestic. "Il y avait du bruit au dehors de la salle, alors la direction a accepté de faire entrer une délégation de salariés. Malheureusement, elle a commis une erreur".

Invitée à entrer, la délégation pousse la porte et commence à prendre à partie la direction. Rapidement, le patron d'Air France Frédéric Gagey quitte la salle. La séance est suspendue. Dans la foulée, une partie des syndicats lui emboîte le pas. Il ne reste plus dans la salle que le DRH Xavier Broseta et le directeur d'Air France à Orly, Pierre Plissonner. "Il y a clairement eu un problème sur la gestion de la sécurité, dénonce Beatrice Lestic. Et particulièrement lors de l'exfiltration du DRH."

Pierre Plissonnier, responsable de l'activité long courrier à Air France et Xavier Broseta, directeur des ressources humaines, évacués par les forces de l'ordre après avoir été molestés le 5 octobre 2015 à Roissy-en-France

Pierre Plissonnier, responsable de l'activité long courrier à Air France et Xavier Broseta, directeur des ressources humaines, évacués par les forces de l'ordre après avoir été molestés le 5 octobre 2015 à Roissy-en-France

© / afp.com/KENZO TRIBOUILLARD

Sur le fond du dossier, la séance est considérée comme close. Les informations ont été communiquées aux instances représentatives du personnel (IRP), mais celles-ci n'ont pas eu le temps d'engager le débat, ce que regrettent la majorité des élus. La prochaine réunion du CE est prévue pour le 22 octobre, mais la direction a laissé la porte ouverte aux pilotes, malgré l'expiration de l'ultimatum. Il serait "irrecevable que le SNPL ne revienne pas avec des contre-propositions à la hauteur des enjeux", explique Béatrice Lestic. Car, faute d'un accord avec les pilotes d'ici janvier, c'est un second couperet qui pourrait s'abattre sur la tête des salariés d'Air France. Une source proche du dossier indiquait la semaine dernière à L'Express que 5000 postes seraient cette fois-ci menacés.

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