Funérailles de Shimon Peres : Obama salue un "géant", Netanyahu promet la paix

VIDÉOS. Des dirigeants du monde entier rendent un dernier hommage au Prix Nobel de la paix. Pour le monde arabe, Mahmoud Abbas est le seul dirigeant présent.

Source AFP

Barack Obama a rendu hommage à un
Barack Obama a rendu hommage à un "géant" dans son éloge.  © AFP

Temps de lecture : 6 min

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Des dizaines de dirigeants du monde entier ont fait le voyage pour un dernier adieu à Shimon Peres. Ils sont réunis à Jérusalem sous protection policière maximale pour les obsèques du Prix Nobel de la paix.

Les funérailles ont commencé avec l'acheminement, au son des prières funéraires juives, du cercueil ceint du drapeau bleu et blanc frappé de l'étoile de David jusqu'à une tribune devant le parterre de responsables internationaux et officiels israéliens. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a salué en Peres "un grand homme" pour Israël et le monde, Obama, Abbas et de nombreux chefs d'État ont pris place au premier rang. Le cercueil de Peres a été mis en terre à la mi-journée au cimetière national du mont Herzl à Jérusalem, à quelques mètres d'un autre Nobel de la paix, Yitzhak Rabin.

Poignée de main

Scène attendue de ces obsèques, la rencontre entre le président palestinien et le Premier ministre israélien. Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu se sont longuement serré la main. Sous une tente installée pour accueillir les dirigeants venus du monde entier pour assister à cet enterrement Abbas et Netanyahu ont échangé quelques mots. "Je suis ravi de vous voir, cela faisait longtemps", a assuré Abbas en anglais au chef de gouvernement israélien, avant de saluer son épouse Sara Netanyahu, selon une vidéo diffusée par le porte-parole du Premier ministre.

Les deux hommes ne s'étaient pas serré la main depuis le sommet sur le climat à Paris il y a près d'un an. Et la venue à Jérusalem d'Abbas est un événement rare qui ne s'était pas produit depuis des années, le président palestinien devant bénéficier d'un accord spécial des Israéliens dans la Ville sainte. Abbas est venu accompagné du numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et du chef des services de sécurité palestiniens notamment.

Un géant, pour Obama

Dans son éloge funèbre, Barack Obama a salué l'homme qui avait travaillé avec neuf présidents américains avant lui et qui lui rappelait "d'autres géants du XXe siècle [qu'il a] eu l'honneur de rencontrer". "Des hommes comme Nelson Mandela, des femmes comme sa majesté la reine Elizabeth", des personnalités dont l'existence couvre de telles périodes qu'il parlent "avec profondeur et connaissance, et pas en petites phrases", a souligné Obama. Mais, en présence du président palestinien et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, assis au premier rang à distance l'un de l'autre, Obama a ouvert son propos par le constat que la paix dont rêvait Peres était un "chantier inachevé". Peres était convaincu que la sécurité à laquelle aspire Israël passait par la paix avec les Arabes et les Palestiniens, et la création d'un État palestinien, a dit M. Obama. "Bien sûr, alors que nous sommes réunis aujourd'hui, nous savons que Shimon n'a jamais vu se réaliser son rêve de paix", a-t-il ajouté alors que la perspective de l'indépendance palestinienne paraît plus éloignée que jamais. Contraint par les circonstances, le président américain n'a pas élaboré et a conclu en hébreu par "Shalom haver iakar" ("au revoir, cher ami" en hébreu).

Avant Obama, Netanyahu avait salué en Peres un "grand homme" pour Israël et pour le monde et, se tournant vers le cercueil de son ancien adversaire, lui avait promis : "Il y aura la paix, Shimon." Mais il avait reconnu que, pour lui, la sécurité passait avant la paix. Le "rêve" de Shimon Peres était présent sur toutes les bouches, qui louaient aussi son optimisme, son invicible foi dans l'avenir, le jeunesse et l'innovation, son charme et son humour. Dans la gravité ambiante, ses enfants ont ressuscité sa malice. L'un de ses fils, Yoni, sur un ton personnel, a fait rire la foule en racontant ce que son père lui disait : "Pour mon éloge funèbre, commence par dire : Il était trop jeune pour mourir."



Sécurité maximale

Avec l'acheminement, puis la concentration de ces personnalités en un même lieu – le cimetière national du mont Herzl –, la police israélienne, pourtant rompue aux menaces sécuritaires, est sur les dents. Israël n'a pas connu de tel événement au moins depuis les funérailles en 1995 d'Yitzhak Rabin, qui avait été récompensé en même temps que Shimon Peres et le leader palestinien Yasser Arafat du Nobel de la paix en 1994. La police parle d'une opération sans précédent. Huit mille policiers ont été mobilisés. La sécurité intérieure chargée de la protection des personnalités a dit déployer des centaines d'agents.

Le mont Herzl, où reposent les "grands de la nation", et une grande partie de Jérusalem seront coupés du reste du monde pendant la moitié de la journée, avant qu'Israël n'entre dans le shabbat, rituel repos hebdomadaire. Les obsèques coïncident avec le début des congés des grandes fêtes juives qui font redouter aux autorités israéliennes un accès de violences palestiniennes. L'axe routier vital entre Jérusalem et Tel-Aviv sera fermé sur son tronçon entre la ville sainte et l'aéroport international aux heures d'arrivée des délégations en début de matinée et de leur départ en début d'après-midi.

"Au revoir, mon ami"

Quatre-vingt-dix délégations de 70 pays d'Europe, d'Amérique, d'Asie ou d'Afrique sont annoncées, selon le bureau de Shimon Peres. Cette affluence rend compte de l'immense respect que s'était attiré M. Peres en 70 ans de carrière à tous les postes – Premier ministre, ministre de la Défense, des Affaires étrangères, président. Entre 9 h 30 et 12 h30, entre les prières, les rites funéraires juifs et une chanson interprétée par le contre-ténor David D'Or, que Peres avait réclamés dans ses dernières volontés, les trois enfants du défunt, l'écrivain Amos Oz, les plus hauts dirigeants israéliens, le président Obama et l'ancien président américain Bill Clinton diront leur affection et leur admiration.

Bill Clinton, arrivé jeudi, n'a pas attendu les funérailles pour aller saluer celui qu'il appelait un « ami véritable ». Son cercueil ceint du drapeau bleu et blanc frappé de l'étoile de David avait été exposé sur le parvis du Parlement toute la journée pour que les Israéliens fassent leurs adieux à celui que tout le monde ici appelait Shimon et dont l'image était intimement associée à l'ascension d'Israël, de la naissance au statut de puissance régionale. Bill Clinton avait présidé en 1993 à la signature du premier accord d'Oslo et à la fameuse poignée de main entre les ennemis israéliens et palestiniens d'autrefois. "Shalom Haver" ("Au revoir, mon ami") : ses mots d'adieux prononcés à l'annonce de l'assassinat de Rabin en 1995 puis répétés à ses obsèques sont restés dans la mémoire collective israélienne.

Abbas seul à Jérusalem

Peres, mort mercredi à 93 ans des suites d'un accident vasculaire cérébral, était le dernier survivant des trois récipiendaires du Nobel de la paix 1994 reconnaissant leur implication dans le premier accord d'Oslo. L'accord jetait les bases d'une autonomie palestinienne et offrait un espoir aujourd'hui bien lointain de règlement du conflit israélo-palestinien. Aux yeux des Israéliens, Peres était aussi le dernier survivant de la génération des pères fondateurs de l'État d'Israël. Il était devenu dans son pays une personnalité largement consensuelle, considérée comme un sage de la nation.

Malgré Oslo et la conversion à la paix de cet ancien faucon, les Palestiniens ont une image bien plus sombre de lui, en instigateur de la colonisation juive et en homme de guerre et de l'occupation. Au milieu du concert de louanges internationales, les gouvernants des pays arabes, où les opinions restent majoritairement solidaires des Palestiniens, sont restés mutiques. L'Égypte, un des deux seuls pays arabes à avoir fait la paix avec Israël, a confirmé la présence de son ministre des Affaires étrangères Sameh Choukry. Il sera avec le président palestinien le plus haut représentant arabe. Quant à Abbas, sa présence publique à Jérusalem pour la première fois depuis des années l'expose encore davantage aux critiques des Palestiniens.

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Commentaires (6)

  • pigeon2012

    Dans cette cérémonie d'hommage exceptionnelle, où est Francois Hollande... Et le représentant de l'union européenne ?

  • sergio46

    Il ne cherche, en bon dirigeant de droite extrême, qu'à multiplier les colonies illégales sur des terres volées aux Palestiniens, pour rendre la Cisjordanie ingérable et donc un Etat palestinien impossible !

  • scapin

    Est réducteur. Présent en Israel, j'ai comme des millions d'Israéliens la cérémonie à la tv israélienne. Cette poignée de paluches n'a pas pris plus d'importance. C'était un simple acte de politesse. En revanche, bien qu'ils fussent assis l'un à côté de l'autre Bibi et Obama se sont superbement ignorés. Ils n'iront jamais en vacances ensemble. Et je comprends Bibi : Obama toujours aussi prétentieux n'avait pas à citer le nom du chef de l'autorité (?) palestinienne. Quant à la paix souhaitée par Peres et Clinton, c'est pas demain qu'elle aura lieu. Peres dans sa seconde partie de vie fit preuve d'une immense naïveté. Nous retiendrons de lui surtout qu'il fut un pion majeur dans la fondation d'Israel.