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Les Européens ont leur destin « en main », répond Angela Merkel à Donald Trump

Dans une interview au « Bild » et au « Times » lundi, le président élu des Etats-Unis a critiqué la politique européenne et s’est félicité du Brexit.

Le Monde avec AFP

Publié le 16 janvier 2017 à 12h26, modifié le 16 janvier 2017 à 20h32

Temps de Lecture 6 min.

Le président élu Donald Trump, le 13 janvier 2017.

Quelques jours avant son investiture, prévue vendredi 20 janvier, Donald Trump a accordé un entretien lundi à deux quotidiens conservateurs, l’allemand Bild et le britannique The Times, provoquant de nombreuses réactions en Europe.

Le futur président américain reproche notamment à Angela Merkel « une erreur catastrophique » sur l’accueil des migrants, trouve que l’OTAN est « obsolète » et se félicite du « succès » du Brexit.

Si les déclarations de M. Trump ont déclenché de vives critiques en France, en Allemagne et même aux Etats-Unis, le Royaume-Uni se réjouit des propositions avancées par le futur président.

  • Les Européens ont leur destin « en main », répond Angela Merkel

Lors d’une conférence de presse à Berlin lundi, Mme Merkel n’a pas souhaité répondre dans le détail, jugeant que les opinions exprimées par M. Trump étaient déjà connues. Elle en a toutefois profité pour réaffirmer ses positions sur le lien transatlantique ou l’Europe post-Brexit :

« Je pense que nous, les Européens, avons notre destin dans nos propres mains. Je vais continuer de m’engager pour que les 27 Etats membres travaillent ensemble vers l’avenir (...) face aux défis du XXIe siècle. »

La chancelière a par ailleurs affirmé que « lorsqu’il [Donald Trump] sera en fonctions  ce qui n’est pas encore le cas  nous travaillerons naturellement avec le nouveau gouvernement américain et nous verrons bien quels accords nous trouverons ».

Enfin, Mme Merkel a une nouvelle fois rejeté tout amalgame entre la menace terroriste en Europe et les réfugiés fuyant la guerre en Syrie. « Je veux séparer [la question du terrorisme] de la question des réfugiés (...) en ce qui concerne la guerre en Syrie », a-t-elle dit, soulignant que « la majorité des Syriens » ont fui « la guerre civile, les combats contre [le régime du président Bachar] Al-Assad et la répression d’Assad ».

  • François Hollande : l’UE « n’a pas besoin de conseils extérieurs »

Lors de la remise de la Légion d’honneur à l’ambassadrice américaine à Paris, Jane Hartley, lundi soir, le président français a fermement répliqué à Donald Trump et à ses critiques sur l’UE :

« Je vous l’affirme ici : l’Europe sera toujours prête à poursuivre la coopération transatlantique, mais elle se déterminera en fonction de ses intérêts et de ses valeurs. Elle n’a pas besoin de conseils extérieurs pour lui dire ce qu’elle à a faire. »

M. Hollande a également contredit le président élu américain en estimant que l’Alliance atlantique « ne sera obsolète que lorsque les menaces le seront devenues elles aussi ».

  • Londres se félicite de la proposition d’accord commercial de M. Trump

« Je suis un grand fan des Britanniques », « Le Brexit va se révéler être une chose géniale ». Au cours de cet entretien, le futur président américain s’est montré dithyrambique envers le Royaume-Uni, vieil allié des Etats-Unis. Il s’est ensuite dit impatient de rencontrer la première ministre britannique Theresa May, afin de conclure un accord commercial « rapidement et dans les règles » entre les deux pays.

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Une annonce qui a ravi le gouvernement britannique. Le ministre des affaires étrangères britannique, Boris Johnson, a ainsi qualifié de « très bonne nouvelle » la proposition de M. Trump. Il a néanmoins prévenu que cet accord devait être « clairement dans l’intérêt des deux parties ». Mais le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, s’est montré plus perplexe face à la conclusion d’un accord rapide entre les deux pays.

« Le Royaume-Uni pour l’heure est encore un pays membre de l’Union européenne. Mme May n’a pas encore utilisé l’article 50, qui déclenche les négociations. Et vous savez que les négociations dureront ensuite deux ans », a-t-il fait savoir. En attendant, « il ne peut y avoir d’accord de libre-échange qui soit conclu avec un pays membre de l’UE », a poursuivi M. Moscovici.

Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l’Union européenne, a abondé dans ce sens lundi. Dès lors que le Royaume-Uni est encore membre de l’UE, « il n’y a pas de négociations de manière bilatérale sur un quelconque accord commercial avec un tiers (...) C’est dans les traités », a-t-elle rappelé lors d’une conférence de presse à Bruxelles.

  • Jean-Marc Ayrault demande « l’unité des Européens »

Durant cet entretien à Bild et au Times, Donald Trump s’en est également pris aux institutions européennes et a prédit d’autres sorties de pays de l’Union européenne dans la foulée du Brexit. D’après le futur président états-unien, l’UE « c’est, en gros, un instrument pour l’Allemagne. C’est la raison pour laquelle je pense que la Grande-Bretagne a eu bien raison d’en sortir ».

Face à ces provocations, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, a affirmé lundi que « la meilleure réponse à l’interview du président américain, c’est l’unité des Européens », c’est de « faire bloc ». « Les déclarations de M. Trump interpellent, c’est pourquoi j’attends avec impatience que le secrétaire d’Etat américain qui va succéder à John Kerry, Rex Tillerson, puisse prendre rapidement ses fonctions pour que je le rencontre, pour qu’on puisse discuter de tous les points importants », a-t-il poursuivi à son arrivée à une réunion de l’UE à Bruxelles.

De son côté, le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, a jugé que « faire preuve d’un peu d’assurance nous ferait du bien dans une telle situation ». « L’Europe, dans la phase actuelle où nous sommes affaiblis, doit se ressaisir, elle doit agir avec assurance et défendre ses propres intérêts », a-t-il déclaré au quotidien Bild.

Le ministre de l’économie allemand et chef des sociaux-démocrates a également évoqué les conséquences que pourrait avoir un possible rapprochement entre Washington et Moscou, au détriment de l’UE : « Nous voyons tous avec un peu d’inquiétude que Trump et Poutine s’entendent sur toutes les mauvaises questions. Mais d’un autre côté il faut dire qu’une confrontation moins forte entre les Etats-Unis et la Russie serait quelque chose de judicieux. »

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Donald Trump et le facteur russe
  • L’OTAN a une « confiance absolue » dans l’engagement des Etats-Unis

Autre institution dans le viseur de Donald Trump, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). Pour le président élu des Etats-Unis, l’organisation transatlantique est « obsolète ».

« Les déclarations du président élu Trump (…) ont été reçues avec inquiétude », a reconnu lundi le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier. Sollicitée par l’Agence France-Presse pour réagir à la dernière déclaration de M. Trump, l’OTAN a renvoyé sans autre commentaire à la déclaration du secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg, au début de décembre.

Ce dernier avait notamment annoncé être « absolument confiant dans le fait que les Etats-Unis vont conserver leur engagement fort dans l’OTAN, dans le lien transatlantique et les garanties de sécurité pour l’Europe ».

  • John Kerry dénonce des « propos déplacés »

Lors d’une interview à la chaîne CNN International, le secrétaire d’Etat américain sortant a dénoncé les propos de Donald Trump. « Je pense très franchement qu’il était déplacé pour le président élu des Etats-Unis de s’immiscer dans les affaires d’autres pays de manière aussi directe », a-t-il déploré, reconnaissant par ailleurs le « courage » d’Angela Merkel dans sa gestion de la crise migratoire.

Le Monde avec AFP

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