Union européenne : 630.000 migrants entrés illégalement depuis début 2015

Fabrice Leggeri, le patron de l'agence européenne de surveillance des frontières Frontex, l'affirme dans une interview  à paraître lundi. Il plaide pour l'ouverture de centres de rétention aux frontières de l'Europe et la création de centaines de

Union européenne :  630.000 migrants entrés illégalement depuis début 2015

    Quelque 630.000 personnes sont entrées illégalement en Europe depuis le début de l'année, affirme Fabrice Leggeri, le patron de l'agence européenne de surveillance des frontières Frontex, dans une interview au groupe de presse Ebra (les Dernières nouvelles d'Alsace, l'Alsace).

    «Nous avons enregistré environ 630.000 franchissements illégaux de frontières, fin septembre», indique M. Leggeri, en parlant de «crise migratoire sans précédent en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale», dans cette interview à paraître lundi.

    La vraie frontière de la France est à Lesbos ou Melilla

    A l'approche du Conseil européen des 15 et 16 octobre, il plaide ainsi pour la coopération européenne, car «les Ã?tats-membres doivent comprendre qu'au lieu de déployer des centaines de policiers à leurs frontières nationales, il serait plus utile de les envoyer à la frontière extérieure. La vraie frontière de la France, elle est à Vintimille, mais aussi à Lampedusa, à Lesbos, à Melilla (enclave espagnole au Maroc)..» «Si chaque Ã?tat gère la crise dans son coin, sans se coordonner avec ses voisins, les flux ne cessent de passer d'un pays à l'autre, au détriment de tous», met-il en garde.

    Tout en se félicitant du doublement des effectifs de Frontex prévu en Grèce, qui sont aujourd'hui de moins de cent personnes, il affirme que, «si nous avions mille ou deux mille garde-frontières européens pour aider les autorités grecques, cela aurait un effet spectaculaire sur la crise à cette frontière».

    Moins de 40% des décisions d'éloignement exécutées

    Alors que les Européens planchent sur la mise en place de «hotspots» en Grèce et en Italie pour accueillir les migrants à leur arrivée en Europe et évaluer leur besoin d'asile, M. Leggeri souligne qu'«en moyenne, 39 % des décisions d'éloignement sont effectivement exécutées», notamment à cause du refus des pays d'origine de reprendre leurs ressortissants.  «Soyons réalistes : si nous voulons pouvoir renvoyer les migrants irréguliers vers leur pays d'origine, il faut des lieux de rétention, en particulier dans les hotspots», affirme-t-il.

    Alors que Frontex a affrété 39 avions l'an dernier pour renvoyer des migrants chez eux, M. Leggeri fixe un objectif plus ambitieux pour 2015 : «Nous devrions atteindre le nombre de 60 avions de retour de migrants illégaux à la fin de l'année». Interrogé sur la mise en place d'un corps européen de garde-frontières, tel qu'évoqué par le président de la Commission Jean-Claude Juncker, M. Leggeri avertit qu'un tel corps «n'est pas envisageable à moyen terme, et l'objectif est d'être efficace rapidement».

    La pression migratoire, un «défi de longue durée»

    «Il faut aller vers une gestion plus intégrée des frontières, un réseau européen de surveillance dont Frontex est la préfiguration. Et envisager une capacité d'action autonome dans certains cas : par exemple, que Frontex puisse intervenir dans une crise, sans attendre que l'Ã?tat concerné en ait fait la demande», martèle-t-il. Enfin il prévient que «la pression migratoire est un défi de longue durée», même si «nous devrions, d'ici un an, parvenir à maîtriser l'afflux brutal, sans précédent, auquel nous faisons face».

    En effet, explique-t-il, «je ne vois pas de solution à court terme en Syrie et dans la Corne de l'Afrique, ni à la différence de développement entre l'Europe et l'Afrique subsaharienne...».