"Moi(s) sans tabac" : nos trois fumeurs ont tous craqué

À l’occasion du "Moi(s) sans tabac", opération lancée conjointement par le gouvernement et Tabac Info Service, certains accros à la nicotine ont tenté de relever le défi d’arrêter la cigarette. Benjamin, Jeanne et Julien s'étaient laissé un mois pour ralentir ou mettre un terme définitif à leur consommation de tabac. En douceur, ou de manière ferme, chacun a mis en place sa méthode pour essayer de se débarrasser de ce fardeau malodorant et néfaste... En vain.

En ce début décembre, Benjamin continue à faire partie des 16 millions de fumeurs de France. Âgé de 25 ans, il a craqué au bout de cinq jours. Une soirée et des amis fumeurs ont eu raison de sa bonne volonté. Quelques jours plus tard, le jeune actif a finalement repris... Au même rythme qu'avant. Jeanne, elle, avait décidé d'arrêter à la mi-novembre, une date qu'elle avait préféré choisir plutôt que de s'imposer le 1er du mois. Finalement, la jeune femme a repris la cigarette après quinze jours de sevrage. Julien, lui, n'a pas donné suite depuis le 10 novembre. Aux dernières nouvelles, il était parvenu à ralentir sa consommation de façon remarquable au cours des premiers jours, sans pour autant se sevrer définitivement.

Jeanne, un arrêt net de 15 jours

Jeanne a arrêté de fumer le dimanche 13 novembre, au lendemain de son anniversaire. L'étudiante avait choisir cette date en amont, préférant attendre de fêter ses 22 ans avant de se lancer le défi. Jeanne avait prévu d'arrêter la cigarette en même temps que ses deux sœurs, mais seule sa sœur jumelle l'a finalement suivie. "On a tenu 15 jours toutes les deux. On était motivées... Et puis c'est reparti", raconte-t-elle. Les deux jeunes femmes n'osaient pas s'avouer mutuellement qu'elles avaient à nouveau craqué chacune de leur côté. "On a recommencé exactement en même temps, comme quoi on n'est pas jumelle pour rien", s'amuse-t-elle.

"J'ai recommencé à fumer le samedi 26 novembre. J'étais déjà sortie au cours des deux semaines écoulées, mais il était très dur de tenir en soirée. Je ne sais pas pourquoi mais, ce soir-là, j'ai complètement craqué", explique-t-elle. Jeanne comptait pourtant arrêter définitivement. "Puis je me suis dit qu'en soirée c'était trop dur et que je pourrais peut-être devenir une 'fumeuse sociale'. Ce n'est pas terrible mais au moins, je ne fumerais pas la semaine. Puis finalement, j'ai repris exactement le même rythme", explique-t-elle. Jeanne refume ainsi environ 10 cigarettes par jour. 

Pendant son sevrage, Jeanne explique n'avoir pas eu tant de difficulté à résister à l'envie de fumer au cours de la semaine. "J'ai été assez surprise par la facilité du défi, affirme la jeune femme. Ce qui m'a vraiment porté préjudice, ce sont les soirées. À partir du moment où il y avait de l'alcool, il était vraiment difficile de tenir." Maintenant qu'elle a repris la cigarette, Jeanne se dit "un peu dans le déni". "Je n'y pense pas trop pour ne pas vivre cela comme un échec. Je sais que je réessayerai, mais je remets cela à plus tard."

Benjamin a pris conscience de... Son amour pour la cigarette

Benjamin a commencé au premier jour du "Moi(s) sans tabac". Puis une soirée le 5 novembre a eu raison de sa détermination. "J'ai craqué parce que j'étais en soirée avec des amis fumeurs et je ne pensais qu'à ça", rappelle-t-il. Le mardi qui a suivi, après être parvenu à ne pas fumer pendant quelques jours après son écart, le jeune homme s'est autorisé quelques cigarettes au cours d'une journée stressante. "Et le lendemain, c'était fichu, raconte Benjamin. Je me suis trouvé des excuses. J'étais en train de terminer mon mémoire et je me disais que je ne pouvais pas tout faire en même temps". 

Pour le moment, plus question pour lui d'arrêter. "C'est mort, j'aime trop fumer", lance-t-il sans concession. "Je faisais le défi pour voir, mais je savais que je ne voulais pas complètement arrêter parce que c'est trop bon. Il faudra que j'arrête un jour de fumer mais là je ne peux pas, j'aime tout dans la clope", confie l'addict. Le mardi de la reprise, Benjamin a fumé cinq cigarettes, puis l'habitude est vite revenue. Il consomme à nouveau "de 10 à 15 cigarettes par jours", contre 15 à 20 tous les jours avant le défi. "Quand j'ai envie de fumer, je fume", reconnaît Benjamin. 

"Le jour où j'aurai vraiment envie d'arrêter, je m'en donnerai vraiment les moyens, envisage-t-il désormais. J'irai avec les patchs, ma cigarette électronique et les chewing-gums à la nicotine". Celui qui avait remarqué avoir une bouche moins sèche et une haleine moins chargée pendant son sevrage a retrouvé ces problématiques liées au tabagisme. "C'est un mal pour un bien", estime-t-il. Benjamin estime toutefois que ce Moi(s) sans tabac lui fait comprendre conscience de son addiction. "J'ai compris que j'aimais beaucoup trop la clope et qu'elle me manquerait beaucoup trop pour que je l'abandonne maintenant. Un soir au cours du sevrage, j'ai eu un cafard monstrueux et des nausées, ce qui me fait penser que j'aurai vraiment besoin d'aide le jour où je serai décidé d'arrêter". Un constat courageux, face à une addiction décidément solide.

Julien, lui, n'a pas donné suite à nos relances au cours du mois. Il avait affirmé, le 4 novembre, avoir fumé "6 cigarettes en deux jours", ce qui était considérablement inférieur à sa consommation habituelle. Un emploi prenant et un entourage de fumeurs ont peut être eu raison de sa motivation.

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