Fin de vie : "La loi ne pourra jamais tout résoudre", estime Michèle Delaunay

L'ancienne ministre des Personnes âgées entre dans le débat alors que l'ex-urgentiste Bonnemaison comparaît devant la justice pour avoir sédaté des patients.

Source AFP

Michele Delaunay, photo d'illustration.
Michele Delaunay, photo d'illustration. © CITIZENSIDE/AURÉLIEN MORISSARD

Temps de lecture : 2 min

Michèle Delaunay en a appelé mardi à la prudence et à l'humilité au procès de l'ex-urgentiste Nicolas Bonnemaison, jugé à Angers pour avoir abrégé la vie de patients incurables, en soulignant que sur la fin de vie, « la loi ne pourra jamais tout résoudre ». « La loi ne pourra jamais tout résoudre. Nous le voyons affaire après affaire », a affirmé la cancérologue de 68 ans, entendue comme témoin par visioconférence sur la problématique de fin de vie, au deuxième jour du procès à la cour d'assises du Maine-et-Loire. « Il y aura toujours un « colloque singulier » entre la personne qui est là, le médecin, et celle qui va se retirer, qui va mourir. À ce moment-là, la loi devra se retirer sur la pointe des pieds », a-t-elle suggéré, avant de citer Montesquieu, à l'adresse du Parlement en train de faire évoluer la loi sur la fin de vie : « Il faut écrire la loi d'une main tremblante. »

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L'avis des familles « est fragile »

Face à la fin de vie, « nul d'entre nous ne peut dire ce qu'il adviendra le moment venu », a lancé celle qui fut chef d'unité de cancérologie au CHU de Bordeaux, et à ce titre en première ligne. À plusieurs reprises, ses mots de praticienne ont résonné en soutien d'un accusé qu'elle a ostensiblement appelé « le docteur Bonnemaison » malgré sa radiation de l'Ordre en 2014, en dépit de son acquittement au procès en première instance, à Pau. « Le Dr Bonnemaison n'est pas un meurtrier. Un meurtrier est quelqu'un qui veut tuer pour un profit », or « les actes du Dr Bonnemaison semblent relever d'un questionnement : y a-t-il quelque chose à faire d'utile pour ce patient ? » a-t-elle affirmé.

Alors qu'il est reproché à Nicolas Bonnemaison de n'avoir pas informé les familles des sédations qu'il administrait aux patients, Mme Delaunay a exprimé « sa réserve à suivre trop l'avis des familles. Il est fragile. Il peut changer dans le deuil, être source de culpabilité ». D'où l'inéluctable solitude du médecin. « En 30 ans de cancérologie, aucun malade ne m'a demandé de mettre fin à ses jours. Par contre, de nombreuses familles m'ont demandé : Qu'est-ce que vous faites ? » Elle a enfin déploré le « grave dysfonctionnement » qui voit « seulement 1 % des personnes arrivant en fin de vie dans une EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) bénéficier des soins palliatifs », alors que 25 % sont envoyées « finir leur vie à l'hôpital, principalement aux urgences ». Or « ce n'est pas le métier, et surtout pas le rôle de l'urgentiste, d'accompagner la fin de vie ».

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Commentaires (6)

  • SIKKIM

    1)- rien ne dit que les patients victimes du Dr Bonnemaison, étaient mourants, ni qu'ils souffraient, ni qu'ils étaient atteints d'une souffrance « réfractaire » à tout traitement anti-douleur.

    2)- c'est le patient qui doit décider, et pas le médecin : or, ces patients n'ont pas demandé à mourir. Un patient qui veut mourir le dit. Les familles n'ont pas demandé qu'on tue leurs proches. Le Dr Bonnemaison a eu un geste impulsif, visant à tuer les patients, il l'a fait en série, il n'a pas informé les patients, ni demandé leur accord.

    3)- contrairement à ce que dit le Dr Michèle Delaunay, un criminel ne tue pas forcément pour un profit. Il y a des criminels qui tuent pour tuer, et des serial killer

    4)- A l'hôpital, c'est très facile de tuer, et quantités de médecins et de para-médicaux le font. Ça ne se sait pas, parce que c'est maquillé en mort naturelle.

    5) les médecins se mettent sur un piédestal : quelque soit ce que dit un patient ou une famille, le médecin n'écoute pas. Il y a chez certains médecins et para-médicaux, des problèmes de : ego démesuré, refus d'entendre les patients qui se plaignent de maltraitance et qui sont ensuite victimes de représailles, des médecins qui se livrent à des abus de pouvoir, abus de faiblesse et abus d'ignorance contre des patients et des familles, des médecins qui s'arrogent droit de vie/droit de mort sur les patients

    La loi Léonetti de 2005 devrait être entièrement re-écrite, il faut enlever le droit donné aux médecins d'imposer les privations et la mort à un patient  : ça n'est pas acceptable. Il faut faire la même modification dans la proposition de loi Claeys-Léonetti.

    Si le patient demande, il doit être exaucé (ou sa famille mandatée pour ce faire)... Sinon, les médecins doivent avoir l'interdiction d'imposer les privations et la mort aux patients.

  • Odalie

    Se demander comment ont fait la Belgique ou la Suisse pour aider les malades en phase terminale à abréger leur vie, sans souffrir et dans la dignité ?
    Ce sont aussi deux pays d'Europe, deux pays catholiques, alors pourquoi ont-ils trouvé une solution honorable mais pas la France ?
    Seules les personnes aisées peuvent faire le déplacement, les autres peuvent crever dans la douleur à cause de précautions ou de principes qui n'ont pas lieu d'être.
    Si une personne décide de sa fin, peut-on revenir sur sa décision ? SUREMENT PAS, mais il faut l'avoir écrit et même avec ce "testament", il y aura discussionssss.
    Quand un décès survient et que la personne désire telle ou telle cérémonie, sa parenté doit s'y plier, c'est la loi. Alors pourquoi n'en existe-t-il pas une pour la fin de vie ?
    Ce n'est surement pas maintenant que la décision sera prise ça contrarierait grandement certains électeurs de MOI JE qui perdrait des voix en 2017 et il en a grandement besoin !

  • rondelette

    Va t'elle régler cette affaire ! Qu'on nous laisse tranquille si on veut mourir vieux et souffrant ! On ne fait pas autant d'histoire pour envoyer des jeunes à la guerre ! Stop
    vive l'euthanasie !