Consigny - Le "burkini" appelle une réponse politique

L'interdiction des arrêtés anti-burkinis ne siffle pas la fin du match. Pour Charles Consigny, les politiques ne peuvent pas rester les bras ballants.

Par

L'arrêt du Conseil d'État ne met pas un terme à la polémique sur le burkini.
L'arrêt du Conseil d'État ne met pas un terme à la polémique sur le burkini. © Copyright (c) 1998 Hewlett-Packard Company

Temps de lecture : 2 min

Le Conseil d'État a jugé comme il le devait. Il ne pouvait pas statuer autrement. Les décisions des tribunaux administratifs qui ont précédé celle de leur juridiction de dernier ressort relevaient d'une forme de courage politique, remarquable mais en contradiction avec le droit. En l'absence de trouble à l'ordre public, antérieur aux interdictions, causé directement par le burkini, il est impossible, et non souhaitable, d'interdire aux gens de se vêtir sur la plage comme ils le souhaitent ! Par ailleurs, de véritables dérives commençaient à poindre, avec des femmes verbalisées, et chassées de la plage parce que refusant de se dévêtir, pour le port de vêtements autres que le burkini, lequel a pourtant une vraie spécificité, une esthétique à la fois futuriste et moyen-âgeuse qui laisse songeur.

La newsletter débats et opinions

Tous les vendredis à 7h30

Recevez notre sélection d’articles tirée de notre rubrique Débats, pour comprendre les vrais enjeux du monde d’aujourd’hui et de notre société

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription à bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Le Conseil d'État a fait ce qu'il fallait en droit. Il reste que nul ne peut nier que l'intégrisme islamique a pris des proportions extrêmement inquiétantes ces dernières années. Dans sa version barbare, avec les attentats. Mais aussi dans l'hostilité que les fondamentalistes manifestent à l'endroit de tout ce qui leur est étranger, c'est-à-dire notamment à la France, en France, l'une des grandes patries de l'égalité entre hommes et femmes, un lieu où les femmes sont sublimées par des œuvres littéraires rivalisant de tendresse à leur égard depuis plusieurs siècles. C'est une des raisons qui font que la France est un pays singulier dont le charme attire, pour le meilleur et pour le pire, des millions de touristes du monde entier. Doit-on vraiment rester les bras ballants devant des comportements qui remettent en cause les fondements de l'identité française, qui atteignent ce qui fait la beauté et la douceur de notre pays ?

Un prétexte à des rodomontades électoralistes

Ne pas interdire le burqini ne doit pas avoir pour conséquence de ne rien faire pour lutter contre le phénomène de la radicalisation religieuse. Les Français musulmans, dont la grande majorité n'est pas radicalisée, doivent se faire entendre plus fortement contre toutes les dérives intégristes, et notamment le burkini, au lieu de prendre contre eux les condamnations dont celles-ci font l'objet de la part des Français et de leurs responsables politiques, même s'il faut reconnaître que ces derniers font de ce sujet un prétexte à des rodomontades électoralistes.

La France n'est pas qu'un territoire hexagonal administré par une compagnie d'assurance qui s'appelle l'État. C'est autre chose et beaucoup plus que cela. Ceux qui se sont réjouis bruyamment de la suspension des arrêtés anti-burkinis sont les soumis du roman, superbe et prophétique, de Michel Houellebecq, Soumission, c'est-à-dire, sinon les nouveaux collaborateurs, en tout cas des gens dont la lâcheté commande les prises de position et la coupable passivité. Que l'on soit musulman ou catholique, noir ou blanc, de gauche ou de droite, on ne peut pas rester inerte devant l'avancée d'un nouveau fascisme, qui fera peu de cas, lui, des grandes libertés que certains prétendent aujourd'hui défendre.

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaires (64)

  • Clairevoix

    Merci de votre accord.

    Cependant, ce n'est pas un texte qu'il convient de proposer à ce stade, mais une stratégie. Et toute bonne stratégie commence par un diagnostic : qu'est-ce qui caractérise l'Islam dans une société avancée et laïque du XXIème siècle, et en quoi certains des dogmes, préceptes et rites de cette religion doivent, ou non, y être transposés sans nuance...

    Il serait utile de rechercher ce à quoi doit consentir notre société relativement à cette religion, mais aussi ce à quoi cette dernière doit s'en tenir sur une terre qui n'a pas le caractère d'une terre d'Islam et, jusqu'à plus ample informé, n'entend pas être traitée comme telle. Alors, une fois éclaircis ces champs de convergence et les limites à leur assigner, chacun verra que les conséquences à en tirer s'imposeront d'elles-mêmes, et dans un respect mutuel.

    Pour l'heure, nul ne sachant vraiment ce vers quoi se diriger, une telle clarification doit encore se faire jour, et l'immense majorité des Musulmans qui ne revendiquent rien doivent enfin se faire entendre, et cesser de penser soit que cela ne les concerne pas, soit que cela ne NOUS concerne pas !

    Cordialement à vous,

  • savoie5

    Le problème n'est pas forcément le voile mais c'est la loi de 1905 voulue par la gauche mais pas appliquée par la gauche. Pourquoi les socialistes ont-ils sortie de l'histoire cette période ?. Je me suis renseigné et cela a été terrible pour les catholiques de se soumettre (injures, invectives, menaces... Étaient les maîtres mots des anti-cléricaux), mais ils se sont pliés aux lois. Nul ne peut nier le fait religieux de cet accoutrement des millénaires passés. Ce qui est encore plus scandaleux c'est de constater que les féministes ne se montrent pas beaucoup sur ce coup : on préfère penser aux animaux. J'ai déjà évoqué le fait de la lourdeur d'un habit imbibé d'eau pour l'avoir VU et SUBI. Qu'en serait-il si une personne se noyait ?:les sauveteurs seraient exposés à la mort pour porter secours. Le problème de l'hygiène est aussi posé ainsi que celui du cache cache. NON je crois que les maires doivent trouver la parade en proposant des arrêtés plus explicites et incontournables, ou alors il faut légiférer, au besoin en modifiant la constitution car cela ne peut plus durer : en FRANCE tout s'en va, même l'identité.

  • Clairevoix

    Merci de votre petit compliment !

    Quant à votre commentaire de 9H28, que je n'avais pas lu car ma consultation de cet article et des réactions subséquentes n'a été que très "fugitive", j'adhère à chacun de ses mots...

    Ce n'est pas forcément de lois dont nous avons besoin, mais d'une stratégie adaptée... , et aussi subtile que les petites "progressions" de l'affichage de cette religion sont insidieuses.

    Bien cordialement à vous,