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C'est une énorme machinerie qui s'est mise en branle dimanche pour accueillir les délégués de 195 nations et de l'Europe (laquelle compte pour un dans les négociations). Durant dix jours, ce sont plus de 40 000 personnes qui sont attendues de toute la planète. Il faudra les accueillir, les loger, les désaltérer, les nourrir, les protéger, les informer, les soigner.
Lorsque nous arrivons vers 10 heures, surprise, pas un chat à l'accueil des journalistes. On est loin de la cohue de la dernière grande COP de Copenhague. Et pourtant, 3 000 journalistes sont attendus. Petite anecdote curieuse : après avoir confectionné notre badge, la ravissante hôtesse nous glisse : « Vous savez, les Français n'aiment pas Le Point ! » Elle ne plaisante pas le moins du monde. On ne pouvait rêver un meilleur accueil. Les boulangers de Paul nous réconfortent en nous offrant du pain tout chaud sorti de leurs fours. « Nous prévoyons de confectionner 5 000 sandwiches par jour », s'enorgueillit le responsable. Mais d'avouer, un peu gêné : « Ce n'est pas du pain bio. Ce serait techniquement impossible. »
Nous filons à la salle de presse. Pas une place de libre. Des milliers de journalistes de toutes les nationalités, de toutes les couleurs, de toutes les confessions ont pris d'assaut les tables réparties dans un hall digne d'une aérogare, sur deux étages. Des écrans transmettent les images des chefs d'État se relayant à la tribune des deux salles plénières de 2 000 et 1 300 places. Certains cameramen ne prennent même pas la peine de s'y rendre, préférant filmer les écrans. Un bâtiment accueille 61 pavillons nationaux et des organisations non gouvernementales. Pour l'instant, ce n'est pas la cohue. Le pavillon de l'Inde est l'un des plus grands avec un superbe mur d'eau sculptant les mots COP21 et Inde dans l'espace.
21 000 tonnes équivalent CO2 à compenser
Les négociateurs ont leur propre zone interdite au public. Ils se partagent 32 salles où cela va certainement saigner, car, pour l'instant, une quantité astronomique de points restent à régler pour aboutir à un protocole satisfaisant. Cependant, la plupart des représentants des petites nations pauvres ne se font aucune illusion. Ils devront encore se nourrir de promesses.
Parallèlement aux négociations, plus de 350 conférences/débats sont programmées. Chaque jour, 300 élèves du primaire et du secondaire devraient réaliser des travaux liés au climat. On nous promet également 18 expositions et projections. Et pour nourrir les nombreux visiteurs attendus, les entreprises de restauration se sont engagées à fournir une alimentation responsable, basée sur les circuits courts, le respect de la saisonnalité, des plats végétariens, des produits bio et, bien entendu, sans OGM. Malgré tous les efforts, la COP21 émettra tout de même 21 000 tonnes équivalent CO2. Pour effacer cette fâcheuse addition, le gouvernement français financera des projets qui économiseront cette même quantité de CO2. Un centre de tri de déchets est même prévu sur place.
Enfin, pour ceux qui aiment les chiffres : la sécurité est assurée par 106 gardes des Nations unies, 292 agents de sécurité privés, 1 500 policiers, gendarmes et pompiers. Pour faire marcher la boutique durant 10 jours, 3 000 personnes ont été recrutées, dont 900 pour l'accueil, 480 pour la restauration, 120 pour le traitement des déchets, une dizaine de dames pipi et 1 500 pour l'aménagement. La surface de la COP21 est de 180 000 m2, dont 100 000 m2 constitués de structures temporaires. 412 500 repas seront servis sur les deux semaines. Enfin, le chiffre principal : ce petit raout planétaire coûtera 170 millions d'euros.
Que du bonheur ! ?
... Les sans dents n'ont toujours pas de travail, , ne trouve toujours pas de logement, vont aux restos du coeur, ne peuvent s'acheter un véhicule approprié à la Cop21