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La collecte des données personnelles n'attend pas le nombre des années

Vingt-neuf autorités de protection des informations sur Internet, dont la Cnil en France, ont audité des sites web destinés au jeune public. Et le constat n'est pas brillant.
par Amaelle Guiton
publié le 2 septembre 2015 à 19h15

Sur Internet, les enfants ne sont décidément pas mieux lotis que les adultes : à eux aussi la collecte d'une adresse ou d'un numéro de téléphone susceptibles d'être revendus à des tiers, l'accès des applications pour smartphone à la géolocalisation et à la liste d'amis, la pub ciblée dans le fil d'actualité d'un réseau social… La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) a publié ce mercredi les résultats d'une étude menée en mai, en lien avec 28 autres autorités de protection des données dans le monde, sur les sites web destinés aux enfants et aux adolescents. En France, elle en a examiné 54 – sites de jeux, d'actualité, de soutien scolaire, réseaux sociaux, etc. – et le constat n'est pas brillant.

Le gendarme de la vie privée pointe notamment «une large collecte de données personnelles», manifestement pas toujours nécessaire, et déplore que seuls 39% des sites qu'elle a testés proposent à leurs jeunes utilisateurs «une manière simple de supprimer leurs comptes». Elle relève également que l'information sur la politique de gestion des données personnelles n'est majoritairement pas adaptée au jeune public, et que celle sur les cookies – ces petits fichiers stockés dans les ordinateurs lorsqu'on visite nombre de sites web – est, elle, carrément inexistante la plupart du temps… Sans compter que dans 62% des cas, «aucune mesure de vigilance ou de contrôle parental» n'a été mise en place – alors même que le consentement préalable des parents est obligatoire pour recueillir des données sensibles ou des photos auprès de mineurs.

Les éditeurs de sites pour enfants peu précautionneux ou trop gourmands en matière de données personnelles se sont donc vu adresser un courrier «leur rappelant leurs obligations et les droits de leurs jeunes utilisateurs», et la Cnil précise qu'elle «se réserve la possibilité d'effectuer de nouvelles vérifications», voire «d'engager des procédures de sanction» – pour mémoire, elle a récemment mis en demeure, dans un autre genre de beauté, plusieurs sites de rencontre un peu trop légers avec la loi informatique et libertés, qui se sont vus, du coup, nommément cités. Quant aux parents inquiets du respect de la vie privée de leurs rejetons, ils ont droit pour leur part à une fiche pratique pour mieux les accompagner dans «un Internet plus sûr».

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