Sécurité routière : petits arrangements avec les chiffres

Le gouvernement a retardé la publication des bons résultats de septembre afin de pouvoir déployer quelques jours plus tôt son arsenal répressif.

par Jacques Chevalier

Le Premier ministre, le 2 octobre dernier, n'entendait pas que son effet d'annonce répressive soit pollué par de trop bons chiffres de la sécurité routière.
Le Premier ministre, le 2 octobre dernier, n'entendait pas que son effet d'annonce répressive soit pollué par de trop bons chiffres de la sécurité routière. © Nikon Inc. & Nikon Corporation 2009

Temps de lecture : 3 min

À contretemps. C'est trop souvent ce qui se passe avec la Sécurité routière qui navigue dans un optimisme béat lorsque la situation se dégrade et sort le bâton lorsque les chiffres s'améliorent. Dernier exemple en date, le Comité interministériel de sécurité routière (CISR) qui, sous la pression d'un été prétendument meurtrier, s'est réuni pour la première fois depuis quatre ans. Et décrète tout un train de mesures avec un déploiement de radars hors série.

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Seulement voilà que quelques jours après ce pilonnage de « l'usager-délinquant en puissance »  sortent les statistiques officielles du mois de septembre. Celles-ci révèlent une chute de 17,4% du nombre de morts sur les routes. Une inversion brutale de la tendance après plusieurs mois de dégradation continue qui ont motivé l'arsenal répressif vanté par Manuel Valls lui-même.

Cependant, ces chiffres de septembre se révèlent être les meilleurs depuis… 1948 et cassent l'impact d'une communication préparée dans l'urgence où le pandore tient une bonne place. Pour être bien comprise, l'annonce du train de mesures autophobes ne pouvait en effet côtoyer une aussi bonne nouvelle. Connue des services de l'État, elle aurait été ainsi sciemment retardée de plusieurs jours afin de ne pas fausser le message sécuritaire.

C'est au moins ce qu'avance l'association 40 Millions d'automobilistes, qui se dit « ravie de cette nette amélioration mais dénonce aussi une communication gouvernementale volontairement tardive, permettant de focaliser la réunion du comité interministériel de sécurité routière sur les mauvais chiffres de l'été ».

- © ERIC FEFERBERG Nikon Inc. & Nikon Corporation 2009
Le tandem Manuel Valls et Christiane Taubira est redoutable pour fausser l'interprétation des faits de sécurité routière © ERIC FEFERBERG Nikon Inc. & Nikon Corporation 2009

L'accusation est d'autant plus grave que l'association fait état d'une manipulation des membres du CISR, ayant à l'esprit durant leurs travaux les seuls chiffres négatifs des mois de l'été 2015. Ils étaient, dès lors, bien préparés à statuer sur les nouvelles mesures à mettre en œuvre pour prétendument réduire l'accidentalité routière. « Des mesures qui, bien entendu, ne consistent qu'en le renforcement de l'axe répressif à l'encontre des usagers de la route, avec, en particulier, la multiplication des radars et l'apparition de drones pour traquer les automobilistes », souligne l'association.

40 Millions d'automobilistes dénonce même une manipulation de l'opinion publique par un Manuel Valls ne mentionnant que les mauvais chiffres de l'été. « Il aurait en effet été impossible pour lui d'annoncer une nouvelle vague de répression intensive s'il avait révélé qu'en réalité la situation s'était nettement améliorée dès le mois de septembre !  ajoute  40 Millions d'automobilistes. Quel plus mauvais signal envoyer aux automobilistes que de punir toute la classe alors qu'elle n'a jamais obtenu de meilleurs résultats ? »

C'est d'ailleurs tout le sens de la pétition lancée par l'association contre le train de  mesures du CISR, à retrouver et à signer sur le site internet www.legrandraslebol.com. Depuis le 1er octobre dernier, elle compte déjà plus de 145 000 signatures. Pour les usagers qui ont le sentiment d'être manipulés, et le dernier exemple en date est éclatant, c'est une façon d'échapper au troupeau moutonnier. À l'exemple du diesel où les gouvernements successifs se sont fourvoyés, la sécurité routière est un débat faussé et probablement devenu secondaire en comparaison avec les autres causes de décès en France. Celles-là ne suscitent qu'une profonde indifférence en dépit de leurs chiffres beaucoup plus élevés.

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Commentaires (9)

  • Surlaligne

    On ne sait plus où donner de la tête tellement ce gouvernement nous ment et sur tous les sujets : les accidents de la route, les chiffres du chômage, la croissance, le copinage, les augmentations d'impôts, l'endettement, la politique étrangère etc.
    Pas un jour ne se passe sans que M. Hollande (avec un air satisfait) ou M. Valls (avec un air furieux) ne nous raconte une contre vérité... .
    La liste serait sans fin

  • alaindragui

    Depuis mai 2012, le peuple n'a jamais été aussi manipulé ! Alors en décembre prenez de votre temps et mettez le pendules à l'heure et faites valser ces manipulateurs sans modération aucune mais avec certitude !

  • vikingralou

    Quand on parle de mortalité routière, et qu'on ne dissocie pas ces morts entre les différents véhicules on trompe le public ! Ainsi les motos, qui en fait consomment autant qu'une voiture, sont un des principaux vecteurs de décès ! Et on ne parle pas des sorties de boîtes qui alimentent régulièrement les unes des journaux ! On ne parle pas non plus de l'âge du conducteur, ni de son sexe ! Autant de données qui s'évaporent avec les statistiques gouvernementales ! A la fin, toujours plus de répression ! A la fin, toujours plus d'argent dans les caisses de l'Etat !