Culture : Audrey Azoulay joue "fair-play" avec Fleur Pellerin

Les caméras n'ont d'yeux que pour la ministre de la Culture sortante, Fleur Pellerin. Audrey Azoulay se tient droite, discrète derrière son ancienne camarade de la promotion Averroès de l'Ena, qui parle au micro. Des dizaines de journalistes ont fait le déplacement pour cette passation des pouvoirs au ministère de la Culture de la rue de Valois. En cause : les conditions du limogeage de Fleur Pellerin, qui ont fait jaser dans les rédactions.

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Alors, les projecteurs, les photographes n'en ont pratiquement que pour Fleur Pellerin, oubliant presque la nouvelle ministre. On sent poindre l'émotion du départ, avec les collaborateurs de Fleur Pellerin les larmes aux yeux et les coups de coude des journalistes pour s'approcher de la ministre sur le départ. Les yeux brillants, elle parle et rend hommage à Manuel Valls – notamment pour avoir proposé (son) nom au président de la République en 2014 – et à la France, car il y a « peu de pays au monde » qui font d'« une enfant trouvée dans les rues d'un bidonville d'un pays en développement » et issue d'une « famille modeste de domestiques » un ministre.

Le discours de Fleur Pellerin dure dix minutes. Celui d'Audrey Azoulay, à peine trois. Juste le temps pour l'ex-conseillère de François Hollande et ex-numéro deux du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) d'évoquer la « responsabilité » culturelle de la France et de louer le « chemin parcouru » par sa prédecesseure au ministère de la rue de Valois.

Commence alors une cohue surréaliste de caméras autour de Fleur Pellerin. On la questionne, on lui redemande son émotion. Audrey Azoulay est à l'extérieur du cercle. « Laissez passer la ministre », réclament plusieurs fois des collaborateurs. Enfin, un passage s'ouvre. Pas un journaliste ne questionne la nouvelle ministre sur ses priorités, sur sa joie, sur son expérience dans le cinéma. Elle laisse dignement, sobrement, à Fleur Pellerin savourer ce – dernier ? – moment de célébrité médiatique. Même lorsqu'elles descendent ensemble les grands escaliers du ministère. Dans le hall du Palais Royal, des proches de la ministre sortante poussent la chansonnette, émus aux larmes.

Barbara et l'orgue de barbarie

« Bien sûr nous serons très fiers de ce temps où tu voulais faire de la rue de Valois la serre de la culture », chante ainsi le cabinet de la ministre sur l'air de Göttingen, de Barbara, et accompagné d'un orgue de barbarie. « Tes résultats menés sans stress, crédits d'impôt, aides à la presse, nous fortifient dans l'assurance que nous sauverons l'intermittence. »

La cérémonie aura duré une demie-heure. Une demi-heure de « fair-play » pour Audrey Azoulay. La nouvelle ministre, qui a déjà eu un petit rôle dans un film, sait qu'elle aura désormais le rôle principal Rue de Valois. Du moins, jusqu'en 2017 ! Jeudi dernier, un internaute avait ouvert un faux compte Twitter. Vendredi, la ministre de la Culture et de la Communication a ouvert son « vrai » compte : il comptait déjà environ 5 000 followers samedi, vers 15 heures. La célébrité ne fait que commencer...