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Un ex du GIA placé en garde à vue

Cet ancien du groupe terroriste algérien assigné à résidence dans le Maine-et-Loire n'a pas respecté ce lundi l'obligation de pointer à la gendarmerie. Il risque à nouveau la prison.
par Pierre Benetti
publié le 27 juillet 2015 à 21h05

C'est une cavale involontaire qui pourrait faire sourire si elle n'était pas désespérée. Lundi, Libération racontait l'histoire de Merouane Benahmed, ex-membre du Groupe islamique armé (GIA) interdit de séjour en France et assigné à résidence dans le Maine-et-Loire depuis sa sortie de prison, en 2011. Après avoir été trimballé du Gers à l'île d'Oléron, il était arrivé dans le village de Beaupréau en novembre 2014. Des polémiques médiatiques et plusieurs plaintes du maire plus tard, il était «transféré» le 3 juillet vers la ville de Segré, puis, le 21, vers Châteaulin (Finistère), encore une fois à la demande d'un maire récalcitrant. Une semaine après son installation dans cette commune de 5 000 habitants, l'homme âgé de 43 ans, père de quatre enfants, a été placé en garde à vue pour ne pas avoir respecté l'une de ses obligations : les quatre pointages quotidiens à la gendarmerie. Il risque trois ans d'emprisonnement et devrait être bientôt déféré au parquet de Quimper.

«Il n'en peut plus d'être traité comme un chien, réagit son avocate, MIsabelle Coutant-Peyre. Il a peut-être voulu faire bouger les choses, dans l'indifférence la plus totale des juridictions.» Joint par téléphone il y a quelques jours, Merouane Benahmed était en effet à bout de nerfs. A la fin d'une logorrhée contre les services de police et de renseignement, il avait tenu à ne pas divulguer son nouveau lieu de séjour pour «être tranquille», «ne pas faire parler de lui». Ce fut malheureusement chose faite assez vite, la presse locale se faisant l'écho de son exil breton dès le lendemain de son arrivée.

«De l'hôtel à la gendarmerie»

«Je suis présenté comme Satan et je vais de l'hôtel à la gendarmerie», racontait-il, donnant l'exemple d'un autre assigné à résidence, Ali Yashar, ancien imam d'Argenteuil, qui n'est pas sorti pas de la commune de Rostrenen (Côtes-d'Armor) depuis 2007. Selon le ministère de l'Intérieur, ils sont sept à être dans cette situation bloquée : à la fois interdits de séjour en France et non expulsables vers leur pays d'origine. Condamné en 2006 à dix ans d'emprisonnement pour avoir fomenté des attentats en France, Merouane Benahmed est condamné à mort en Algérie. Toujours dans le Gers, son épouse et ses quatre enfants sont privés de nationalité française.

A l'annonce de son arrestation, MCoutant-Peyre a réitéré sa demande de levée d'assignation à résidence, prise par arrêté ministériel en 2011. Comme les élus précédents, la maire de Châteaulin, Gaëlle Nicolas, a immédiatement exprimé son opposition à la venue de l'ex-membre du GIA dans sa commune, estimant avoir été mise devant le fait accompli. Le ministère de l'Intérieur, qui prend en charge son logement et un repas par jour, indique quant à lui «respecter le droit». «J'attends un peu et c'est terminé, l'assignation à résidence. C'est pas une vie. Je préférerais même retourner en prison», ajoutait Benahmed au téléphone, comme pour annoncer qu'il n'allait pas continuer de pointer indéfiniment à la gendarmerie de Châteaulin.

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