Assaut de Saint-Denis : "Hasna a été tuée gratuitement", d'après sa mère

Assaut de Saint-Denis : "Hasna a été tuée gratuitement", d'après sa mère
Les policiers devant l'immeuble où le Raid a mené son assaut, à Saint-Denis, le 19 novembre. (KENZO TRIBOUILLARD/AFP)

La mère d'Hasna Aït Boulahcen cherche à comprendre pourquoi sa fille est morte dans l'assaut du Raid, à Saint-Denis le 18 novembre dernier. Elle a décidé de porter plainte.

Par Le Nouvel Obs
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C'est une mère qui réclame justice pour sa fille, Hasna Aït Boulahcen. La jeune femme de 26 ans a été tuée, en compagnie de son cousin Abdelhamid Abaaoud, lors de l'assaut mené par le Raid à Saint-Denis le 18 novembre 2015, cinq jours après les attentats qui ont coûté la vie à 130 personnes.

Pour sa mère, Hasna a "été tuée gratuitement" par la police. Dans un témoignage diffusé par France 3, elle s'interroge sur les circonstances de la mort de sa fille :

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"Pourquoi ont-ils tué Hasna ? Elle a crié 'au secours, au secours, laissez-moi sortir'. Pourquoi la police ne l'a-t-elle pas laissée sortir ? Elle n'est pas une terroriste, elle n'a rien fait, pourquoi l'ont-ils tuée ?"

L'enregistrement audio d'un voisin témoigne en effet de la volonté de la jeune femme de se rendre à la police. Pourtant, les forces du Raid n'ont pas accédé à sa demande. Sa mère ne comprend pas pourquoi Hasna n'a pas été arrêtée. Elle serait morte asphyxiée sous les décombres après qu'un kamikaze qui se trouvait avec elle a déclenché sa ceinture d'explosifs.

Hasna Aït Boulahcen s'était chargée de trouver une planque à son cousin par l'intermédiaire du logeur Jawad Bendaoud. Puis, deux jours après les attentats, elle était allée chercher en voiture Abdelhamid Abaaoud, caché dans un fourré à Aubervilliers, pour le conduire à l'appartement de Saint-Denis.

"Ni une terroriste ni une complice"

D'après l'un de ses avocats, Fabien Ndoumou, la jeune femme a été manipulée par le djihadiste : "Elle était sous pression de son cousin. Il lui a dit 'Si tu ne viens pas, je vais tuer les membres de ta famille et les enfants de tes amis.'"

"Elle n'est ni une terroriste, ni une complice. Elle a donc le statut de victime", conclut Maître Ndoumou. Sa mère prend elle aussi la défense de celle qu'elle décrit comme une jeune femme "fragile, naïve et perdue". Pour elle, Hasna n'avait rien d'une djihadiste : "Elle était maquillée, joyeuse." "On lui a tourné la tête", se désole-t-elle.

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Selon ses proches, Hasna s'était radicalisée environ un an avant les attentats, passant d'un look de garçon manqué, chapeau de cow-boy et santiags, au voile intégral. Sur Facebook, la jeune femme avait également fait part en juin 2015 de son intention de partir en Syrie mais n'aurait pas pu effectuer le voyage.

La famille de la présumée terroriste souhaite porter plainte pour meurtre et non-assistance à personne en danger. En janvier, Maître Ndoumou avait déjà porté plainte contre X mais la procédure n'avait pas abouti.

M. H.

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