Dépêche

Calais: intrusion inédite sur 15 km dans le tunnel sous la Manche de 113 migrants

Calais (AFP) - Une intrusion concertée d'une centaine de migrants qui ont réussi à parcourir 15 km dans le tunnel sous la Manche avant d'être repris, du "jamais vu" selon Eurotunnel, a paralysé pendant toute la nuit de vendredi à samedi le trafic, qui restait perturbé en début de soirée.

Vers minuit, "une centaine de migrants ont forcé une clôture et le passage auprès d'agents de sécurité du tunnel", a indiqué à l'AFP une porte-parole d'Eurotunnel.

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Puis, "les migrants sont entrés dans le tunnel sud, assez loin, sur 15 km environ", a relaté la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, à l'AFP. Les gendarmes sont intervenus pour les empêcher d'aller plus loin et ont procédé à des interpellations; 23 migrants étaient actuellement en garde à vue, selon le parquet de Boulogne-sur-mer.

Au cours d'un point presse informel à Strasbourg, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a réagi samedi en affirmant que "la stratégie à Calais ne changera pas". "Laisser la frontière sans sécurité, sans garantir son étanchéité, c'est envoyer le signal que les passeurs peuvent continuer à faire leur trafic; nous ne le souhaitons pas", a-t-il déclaré.

"Ma responsabilité c'est de ne pas perdre le cap et de ne pas me laisser impressionner par les manœuvres des organisations criminelles qui visent de façon abjecte à prélever des sommes de plus en plus importantes à des personnes de plus en plus vulnérables en les poussant parfois à des actes violents, et de ne pas perdre de vue les objectifs humanitaires qui sont les nôtres", a-t-il ajouté.

"C'est du jamais vu auparavant, c'est une attaque déterminée et bien organisée" que l'intrusion massive de la nuit, a affirmé un autre porte-parole d'Eurotunnel. Les migrants "ont couru à travers le terminal, plaquant au sol certains membres du personnel et lançant sur eux des pierres".

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"On a eu des migrants manifestant une certaine agressivité", a confirmé la préfète. "D'habitude ils reculent devant les forces de l'ordre, là ils voulaient passer, ils étaient 113".

Selon une source policière interrogée par l'AFP, "il y a eu un gros mouvement de migrants qui a traversé la ville (de Calais) vers 23H00 vendredi en présence de militants (alermondialistes, ndlr) No Border, et ils se sont dirigés vers le site Eurotunnel".

Les pompiers ont, eux, fait état de dix blessés légers dans la nuit, dont sept migrants, deux gendarmes et un membre du personnel de sécurité d'Eurotunnel.

Brèche de 30 mètres

Peu avant 09H00, une action similaire a eu lieu au port Est de Calais quand environ 300 migrants, selon la sécurité portuaire, ont tenté de s'introduire en plusieurs points distincts sur le terminal voyageur et dans des camions, avant d'être dispersés par la police.

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Par ailleurs, dans la matinée "environ 200 migrants ont investi la rocade portuaire et ont provoqué des ralentissements en jetant des pavés sur la route. Les forces de l'ordre ont subi des caillassages" avant de parvenir à maîtriser la situation, a rapporté une source policière.

Le trafic dans le tunnel a été interrompu de 00H30 à 08H05, heure de départ d'un train Eurostar depuis l'Angleterre.

Le service des navettes a repris progressivement. Mais des retards étaient encore signalés samedi en début de soirée.

Eurostar a également indiqué que ses trains subissaient "des retards pouvant atteindre une heure".

Dans la matinée, des agents de la police aux frontières (PAF) sécurisaient une grosse brèche de près de 30 mètres dans l'une des nombreuses barrières sécurisant le site, a constaté un photographe de l'AFP.

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Le site du tunnel, qui totalise 650 hectares, a fait l'objet pendant l'été de nombreuses tentatives d'intrusion, généralement la nuit. Un pic à 1.700 avait été atteint le 3 août.

D'importantes mesures de sécurisation - nouvelles barrières, renforcement d'effectifs, chiens renifleurs - avaient été prises. Le nombre de tentatives avait baissé pour se fixer autour de la centaine par nuit.

Certaines de ces intrusions se sont soldées par la mort de migrants. Depuis le 26 juin, 13 d'entre eux sont morts aux abords du tunnel en tentant de rallier l'Angleterre.

Environ 3.500 migrants vivent dans des conditions indignes dans le camp dit "de la nouvelle jungle", à l'est de Calais.

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