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Professeurs, parents et syndicats en ordre de bataille pour la rentrée

En mai dernier, les enseignants manifestaient déjà contre la réforme du collège. Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

INFOGRAPHIE - Qu'ils soient hostiles à la suppression des classes bilangues, à l'introduction des EPI ou attachés à l'enseignement des langues anciennes, les opposants à la réforme du collège s'organisent pour faire entendre leur mécontentement dès les prochaines semaines.

Association de professeurs spécialistes, syndicats, associations locales de parents d'élèves, de jeunes: les opposants à la réforme du collège tentent de s'organiser pour faire entendre leur voix dès septembre. Tous écrivent des tribunes dans la presse, lancent ou ont lancé des pétitions.

Ils entendent se joindre aux manifestations organisées par les syndicats. «Notre priorité pour cette rentrée, c'est la réforme du collège. Nous allons tout faire pour qu'elle soit remise à plat. Le dossier est loin d'être clos», affirme Roland Hubert, cosecrétaire général du Snes-FSU, principal syndicat d'enseignants du second degré. Lors d'une intersyndicale organisée ce mardi, une grève sera programmée en septembre avant une manifestation nationale en octobre. «Quel intérêt pour le gouvernement de mettre en place une réforme qui n'est pas portée par les personnels?» interrogent encore les syndicalistes, selon qui «changer une loi, c'est compliqué, changer un décret, non». Si le syndicat affirme ne pas être «contre l'interdisciplinarité», il considère que les fameux enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) introduits par la réforme vont surtout profiter aux élèves les plus favorisés et enfoncer les plus faibles. «Il est paradoxal qu'avec la réforme du collège, la gauche au nom de l'égalité institue des disparités entre établissements», insiste le syndicat.

Sur un plan juridique, l'association de latinistes Arrête ton char dénonce un vice de forme. Pour Me Henri de Beauregard, qui a saisi le Conseil d'État en juin, le «comité technique ministériel» (CTM) aurait dû être consulté en mai avantla publication du décret validant la réforme. L'avocat qui avait réussi à faire plier le gouvernement l'an dernier sur les bourses au mérite espère renouveler son succès dans les mois qui viennent.

« C'est le moment de résister et de recruter des élèves, pas celui de se soumettre et de disparaître »

Des professeurs d'allemand

Nouveauté de cette rentrée, des associations locales de parents d'élèves Peep de Paris (indépendante de la Peep nationale qui ne la reconnaît pas comme appartenant à sa fédération) et du Rhône viennent, quant à elles, cette semaine d'affirmer leur opposition à la réforme du collège. «Elle va créer une inégalité entre les établissements. Nous souhaitons que les mêmes choix soient offerts à tous, y compris en langues anciennes. On nous dit qu'on supprime les classes bilangues parce qu'elles sont élitistes, mais c'est faux. Des gamins issus de tous horizons sociaux s'y épanouissent. Nous faisons confiance aux professeurs qui critiquent fortement cette réforme, que ce soient les professeurs de mathématiques, de lettres, d'allemand», explique Armelle Malvoisin, la présidente de cette association locale parisienne. Cette dernière annonce des «actions coups de poing» chaque mois.

Défendre l'allemand et les langues anciennes

Les germanistes ne veulent pas voir mourir leurs classes bilangues. Aussi ont-ils multiplié les assemblées générales juste avant de partir en vacances: «Attention au risque d'anticipation de la réforme existant, d'après vous, dans certains établissements, précise-t-on à Rouen. Il serait pour l'allemand totalement contre-productif de ne pas recruter d'élèves bilangues pour la prochaine rentrée sous prétexte que ce dispositif serait condamné. Rien n'est joué. C'est le moment de résister et de recruter des élèves, pas celui de se soumettre et de disparaître.» L'association pour le développement de l'allemand en France (Adeaf) propose de porter tous tout au long de l'année un badge «Ich *cœur* my bilangue». «Nous maintiendrons ainsi notre mobilisation vivante et présente à l'esprit de tous, élèves, chefs d'établissement et parents», indique Laurence Caillarec, de Rouen.

La présidente de l'association, Thérèse Clerc, appelle à diffuser le plus largement possible des cartes postales illustrées par Plantu à envoyer à l'Élysée le 26 septembre (Journée européenne des langues) auprès des parents d'élèves, des comités de jumelage, des conseils municipaux des communes jumelées, en informant les médias locaux notamment là où bilangues et classes européennes seront supprimées. Des rassemblements seront aussi organisés ce jour-là.

La toute récente association Jeunes et contre, un collectif d'étudiants et de jeunes professionnels, est déterminée à faire entendre la voix des jeunes dans le débat sur la réforme du collège. Attachée aux langues anciennes, elle veut aussi se mobiliser. «La société civile doit se saisir de ces sujets, défiler dans la rue. Nous ne pouvons rester indifférents», insistent ses membres. «Nous ne pensons pas que votre réforme, dont l'objectif principal est d'approfondir l'égalité, puisse atteindre son objectif, sinon par le bas: en effet, l'ignorance pour tous est une manière de rétablir l'égalité», ont-ils écrit à Najat Vallaud-Belkacem.


Ce qui change à la rentrée

• La maternelle devient à cette rentrée une école qui donnera plus de place au vocabulaire et au jeu, avec de nouveaux programmes. Un rapport de l'Inspection générale de l'Éducation nationale publié en 2012 avait relevé une tendance à la «primarisation» de la maternelle, avec «une anticipation dans la préparation à la lecture et à l'écriture au détriment d'autres acquisitions». La maternelle est désormais définie comme une «école bienveillante».

• La «morale laïque» sera enseignée une heure par semaine à l'école élémentaire et deux heures par mois dans le secondaire. Cet enseignement, qui doit promouvoir les valeurs de la République, s'inscrit dans un «parcours citoyen» décidé après les attentats de janvier à Paris, qui comprend aussi une éducation aux médias.


Ce qui va changer en 2016

• La réforme du collège entrera en vigueur à la rentrée 2016. Au programme: des «enseignements pratiques interdisciplinaires», impliquant des professeurs de plusieurs disciplines autour de huit thématiques, du développement durable aux langues anciennes, en passant par les sciences. Un mode d'enseignement par projet, destiné selon les mots de la ministre à «lutter contre l'ennui des élèves». L'option latin telle qu'elle est proposée aujourd'hui, les classes bilangues et les filières européennes disparaîtront.

• Les nouveaux programmes, que la ministre présentera cette année, seront mis en place du CP à la classe de 3e, et ce à tous les niveaux. Une précipitation qui pose la question de la faisabilité des manuels scolaires. Les nouveaux programmes d'histoire et de français suscitent d'ores et déjà de vives critiques.

Professeurs, parents et syndicats en ordre de bataille pour la rentrée

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234 commentaires
  • megalow

    le

    En Primaire nous avons 6.8 millions d'enfants à 24 élèves par classe soit 283 000 enseignants.
    .
    Nous avons donc 572 000 (855 000 - 283 000) enseignants pour le collège/lycée Soit pour 5.5 millions d'élèves / 572 000 profs un effectif moyen de 9.6 élèves par classe ou pour un classe de 30 élèves 3 profs.
    .
    Une classe fait 27 heures par semaine, un prof 18 heures, soit 2 profs mobilisés par classe .
    .
    Il me semble que 190 000 enseignants (20%) ne sont pas devant des élèves.
    .
    Il y a un très gros problème avec les chiffres du ministère !

  • cat24

    le

    A tous ceux qui critiquent les profs, fainéants..etc...pourquoi ne pas mettre vos enfants dans le privé (sous contrat c'est bon marché) ? évidement dans le privé, on demande aux parents de s'occuper de leurs enfants, et s'ils sont trop mal élevés et perturbateurs, on les vire...dans le public !

  • cat24

    le

    Dans beaucoup d’établissements les cour d'éducation morale et civique ne peuvent être assurés car il n'y a pas assez d'heures attribuées par les rectorats...ou alors il faut supprimer d'autres heures (dédoublement en langue, heure de soutien...)

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