Harcelée pour s'être plainte de l'utilisation illégale de ses données

Lundi, le réseau social Twitter s'est, en l'espace d'une journée, transformé en un immense tribunal virtuel. Tout commence avec le tweet de Buffy Mars, simple internaute devenue une star malgré elle. Après la venue de deux techniciens Orange chez elle, pour des installations, la jeune femme reçoit un SMS de l'un d'entre eux. "Rebonjour, c'est le technicien orange. Juste pour vous dire que vous étiez très jolie et que vous avez un très beau sourire. J'ai pas osé le dire devant mon collègue en formation et c'est pas très pro. Voilà désolé pour la gêne..." peut-on lire dans le message. Choquée de voir que son numéro de téléphone est utilisé de cette manière, la jeune femme publie le SMS sur Twitter en commentant : "Voilà pourquoi je hais quand des techniciens viennent chez moi."

Dans un second tweet, elle pubile la réponse envoyée au technicien : "Bonjour. En effet ce n'est pas très pro. J'ai pris contact avec le service réclamation Orange. Cela va être remonté à votre service. Très bonne journée." Suite à la publication de son histoire, CrêpeGeorgette, une féministe connue sur la Toile, a décidé de lancer le hashtag #Harcèlementdomicile pour que d'autres femmes puissent témoigner.

Une histoire banale sur Twitter mais qui a rapidement dérapé. En fait, le hashtag a servi à concentrer les messages haineux d'autres internautes à destination de Buffy Mars. La jeune femme a ainsi été accusée d'avoir mis en danger l'emploi du technicien sans raison, puisque le SMS de celui-ci était tout ce qu'il y a de plus correct. Et que le harcèlement suppose qu'il y ait plusieurs messages...

Résultat : des messages d'une violence innommable. Une grande partie de la journée, "Buffy" s'est retrouvée en tête des tendances du réseau social, devenu la place du lynchage virtuel. "Quand quelqu'un te fait un compliment tu dis merci. Même s'il ne te plaît pas, tu ne l'affiches pas ici. J'espère que tu finiras célibataire toute ta vie", ou encore plus directement, "Buffy t'es une pute". Le journaliste Raphaël Grably a réuni quelques-uns de ces tweets choquants, rappelant que Buffy Mars "se plaignait juste qu'on utilise ses données personnelles pour lui envoyer des SMS sans son accord".

Et la jeune femme était tout à fait en droit de le faire. L'article 6 de la loi informatique et libertés dispose en effet que les données personnelles sont "collectées pour des finalités déterminées, explicites et légitimes et ne sont pas traitées ultérieurement de manière incompatible avec ces finalités". Ce n'est peut-être pas du "harcèlement", mais ça ne se fait pas.