Qui pourra participer au référendum sur le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes annoncé par François Hollande le 11 février ? Le président de la République s’est bien gardé de définir le périmètre exact de cette consultation « locale », en laissant — conformément aux textes de loi — la responsabilité aux « élus locaux » d’organiser cette consultation.
Mais vendredi, Matignon a suggéré d’organiser ce scrutin à l’échelle de l’ensemble du département concerné, la Loire-Atlantique. Tout en maintenant que ce référendum « sera défini à l’initiative des collectivités locales ». Concernant la date, le premier ministre Manuel Valls a indiqué à quelques journalistes en marge d’un déplacement à Munich qu’il espérait une organisation « avant l’été ». François Hollande avait jusqu’ici évoqué la tenue d’un vote avant le mois d’octobre.
La suggestion du gouvernement conviendra-t-elle aux élus locaux, alors que le débat a débordé largement les frontières de la Loire-Atlantique ? En conférence de presse, vendredi après-midi à l’hôtel de région, le président du conseil régional des Pays de la Loire, Bruno Retailleau, a froidement accueilli l’annonce du chef de l’Etat :
« Le référendum est un enfumage, ce que l’on attend d’abord, c’est l’évacuation de la ZAD. Ce référendum, c’est juste un moyen d’enterrer le projet. »
Et l’élu local de marquer sa forte opposition au projet de référendum : « Si le gouvernement me le demande, je n’organiserai pas ce référendum sur Notre-Dame-des-Landes. »
« Il faut que ça soit la Bretagne et les Pays de la Loire »
Vendredi matin, le sujet avait déjà provoqué quelques moments de flottement. Interrogé à ce sujet par France 2, le tout nouveau ministre de l’aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales, Jean-Michel Baylet, a ainsi expliqué « ne pas savoir encore » le périmètre concerné, mais « j’imagine que c’est l’ensemble de la population qui sera concerné ».
Le député européen Daniel Cohn-Bendit, opposé au projet d’aéroport, s’est dit pour sa part sur Europe 1 satisfait du référendum local, mais a évoqué un périmètre plus large que celui de Matignon.
« Il faut que ça soit la Bretagne et les Pays de la Loire qui choisissent (…), puisque c’est pour cette grande région qu’on fait Notre-Dame-des-Landes. »
Même avis du côté du parti Europe Ecologie-Les Verts (EELV), dont le porte-parole, Julien Bayou, s’est félicité, vendredi, de cette décision. « C’est de tout point de vue un aéroport inutile (...), et pour EELV, il est hors de question de refuser quoi que ce soit qui redonne un peu de pouvoir aux citoyens », a-t-il déclaré. Toutefois, le référendum devra remplir selon lui certaines conditions, comme l’organisation de débats équitables et l’accès à toutes les informations, y compris sur d’autres solutions que ce nouvel aéroport, et ce afin de permettre à chacun de « voter en conscience ». Autre condition : « Si le projet venait à être condamné par la justice au titre de la loi sur la biodiversité ou de la loi sur l’eau, il faudrait un abandon pur et simple du projet », a-t-il souligné.
Cosse, ministre mais toujours opposée au projet
Emmanuelle Cosse, nommée la veille ministre du logement, a nié sur France Inter avoir « marchandé » son entrée au gouvernement contre la tenue de ce référendum. « L’idée du référendum, portée par des élus locaux, vient en partie des élus du département », a-t-elle affirmé. Interrogée sur le périmètre de la consultation, elle a répondu que la Commission nationale du débat public devrait être consultée :
« Je pense que c’est typiquement ce type de structure qui peut aider le premier ministre à décider quel périmètre, qui vote, quelle est la question, à quelle date cela a lieu. »
L’ex-secrétaire nationale d’EELV, qui a démissionné jeudi soir de son mandat à la tête du parti, a enfin rappelé sa position : « Je suis opposée à ce projet (…), je ne changerai pas de point de vue là-dessus, évidemment. »
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