Le vice-président du Front national Florian Philippot à Paris, le 7 mai 2017

Le vice-président du Front national Florian Philippot à Paris, le 7 mai 2017

afp.com/FRANCOIS GUILLOT

L'affaire n'est pas sans en rappeler une autre, en décembre 2016. Après que Florian Philippot a qualifié Marion Maréchal-Le Pen de "personne seule et isolée" au FN sur la question de l'IVG, de nombreux responsables, notamment locaux, du parti avaient riposté sur les réseaux sociaux en s'affichant aux côtés de la députée du Vaucluse. Cette fois, c'est le médiatique vice-président du parti, gardien de l'orthodoxie du Front sur la question de la sortie de l'euro qui, sur la sellette, se retrouve obligé d'afficher ses soutiens.

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Dans la foulée du score décevant à la présidentielle, Florian Philippot a mis le feu aux poudres en lançant sa propre association, Les Patriotes, perçue par certains frontistes comme une structure parallèle et en affirmant le 19 mai qu'il quitterait le FN si la sortie de l'euro ne figurait plus au programme du parti.

Il "s'est placé lui-même en dehors des statuts"

Le secrétaire général Nicolas Bay avait alors dénoncé publiquement un "chantage" tandis que Marine Le Pen en personne ouvrait la voie à une sortie de Florian Philippot du FN. Plus violent encore, Jean-Richard Sulzer, membre du bureau politique du FN et collaborateur parlementaire de Gilbert Collard, a estimé mardi qu'en créant son association Les Patriotes, le "très peu apprécié" Florian Philippot s'était "placé de lui-même hors des statuts du FN". Ce à quoi les proches de Florian Philippot n'ont pas tardé à réagir avec virulence.

Bref, le torchon brûle autour de Florian Philippot. A tel point que Marine Le Pen a dû faire une mise au point ce mercredi. "Florian Philippot a toute sa place au sein du FN, chacun admet la plus-value qu'il a apportée, qu'il continue à apporter", a répondu l'eurodéputée lors de l'émission "Questions d'Info" LCP-franceinfo-Le Monde-AFP. Selon elle, les critiques contre son vice-président proviennent de "certains", "d'individualités qui représentent eux-mêmes". "Chacun a sa place au FN. Chacun participera dans le cadre de ce chantier de rénovation, de modernisation, avec ses qualités, ses idées", a-t-elle tenté d'apaiser.

Le besoin "d'avoir sa petite boutique..."

En fait, les critiques contre Florian Philippot n'ont rien de nouveau. "Mais son attitude méprisante à l'égard du Front, des cadres, de ses instances provoque un agacement assez vif", reconnaît l'un des principaux dirigeants du parti. Certes, sa fixation sur la sortie de l'euro "est partagée par une majorité de militants et de cadres mais sur le terrain, c'est un point de crispation". Alors, "le fait qu'il l'évoque maintenant, ça a ulcéré tout le monde. Ce n'était pas le moment d'en parler. Il y aura un Congrès en 2018 pour cela."

Pour cet important cadre, la création des Patriotes "révèle chez Philippot une forme de fébrilité". "Ce n'est pas très construit ni structuré. Ça ressemble surtout à un besoin d'être rassuré, d'avoir sa petite boutique..." "Je ne comprends pas son calendrier, ajoute un autre cadre. Ce n'est pas le bon tempo. Là, on est dans le combat électoral et il crée de la polémique. Il apparaît dès lors comme l'élément conflictuel au lieu d'être apaisant."

"Florian Philippot est fort de la faiblesse des autres"

Des interrogations donc mais pas de doutes sur le fait que Florian Philippot reste pour l'heure au sein du FN. D'autant que le vice-président a placé bon nombre de ses proches dans des circonscriptions gagnables, à commencer par son propre frère Damien Philippot dans la première circonscription de l'Aisne ou encore le conseiller régional Kevin Pfeffer dans la septième circonscription de la Moselle. "Florian Philippot est fort de la faiblesse des autres car lui, il travaille", reconnaît un proche de Marine Le Pen qui n'est pourtant pas très favorable au vice-président.

"Florian Philippot n'est pas isolé, il est entouré", abonde Jérôme Rivière, un transfuge de l'UMP, pas du tout sur la même ligne que lui. Pour ce partisan de la ligne "identitaire" du FN, l'énarque a "au moins le mérite d'être clair" lorsqu'il dit qu'il partira si l'abandon de la sortie de l'euro était acté. Une façon aussi de mettre la pression sur lui alors que le parti ne fera pas l'économie d'une analyse des raisons de son échec à la présidentielle, au lendemain des législatives.

Un sas pour faire venir des personnalités extérieures au FN

Chez les proches de Florian Philippot, on minimise l'impact de ces polémiques. "Franchement, qui connaît Jean-Richard Sulzer?", rigole un proche du vice-président qui revendique plus d'un millier d'adhésions aux Patriotes. "L'association s'intéresse à des questions bien plus larges que la simple souveraineté monétaire et a pour objectif de faire venir des gens de l'extérieur." Ce qui était bien le principe du moribond Rassemblement Bleu Marine. Pour l'heure, seuls deux cadres bourguigons de Debout La France (DLF), ont rejoint la structure. Une appartenance incompatible avec celle à Debout La France dont ils ne sont plus membres. Avec ou sans Florian Philippot, le trajet vers le Front national reste à sens unique.

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