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Au Brésil, le très populaire ju-jitsu aussi se divise sur la présidence Bolsonaro

Les compétitions ont été interrompues en raison de l’épidémie due au coronavirus, alors que la famille qui contrôle l’art martial dans le pays se déchire sur le soutien au dirigeant d’extrême droite.

Par  (Rio de Janeiro, correspondant)

Publié le 26 mai 2020 à 00h29, modifié le 26 mai 2020 à 05h53

Temps de Lecture 4 min.

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Robson Gracie, fils de Carlos Gracie, remet devant la presse une ceinture noire de ju-jitsu à Jair Bolsonaro, à Rio de Janeiro, le 25 octobre 2018.

LETTRE DE RIO DE JANEIRO

C’est l’une des innombrables victimes collatérales du coronavirus : la Confédération brésilienne de ju-jitsu (CBJJ) s’est résolue à annoncer, le 18 mai, la suspension de l’ensemble de ses événements sportifs jusqu’à ce que « les conditions adéquates pour le retour des compétitions soient réunies », c’est-à-dire jusqu’à nouvel ordre. Adieu le championnat national, initialement prévu pour fin avril et repoussé à des temps meilleurs.

L’annonce a déçu les fans, mais soulagé les élites dirigeantes. L’art martial japonais est immensément populaire au Brésil (qui en a créé sa propre variante : le redouté ju-jitsu brésilien), mais il est aujourd’hui plongé dans de profondes divisions, sur fond de sanglants règlements de comptes familiaux. Objet de la querelle ? Le président Jair Bolsonaro, évidemment.

Revenons un petit siècle en arrière. Le ju-jitsu arrive au Brésil en 1914. Cette année-là débarque dans le pays un fier Japonais à la moustache finement taillée et aux muscles saillants. Mitsuyo Maeda, 36 ans, connu sous le nom de « Comte Koma », est un spécialiste d’art martial formé à la grande école du Kodokan, qui rêve de diffuser judo et ju-jitsu dans le reste du monde. Depuis dix ans, il parcourt l’Europe et les Etats-Unis à la rencontre des foules.

Au Brésil, Maeda installe son tatami à Belém, porte d’entrée de l’Amazonie. Un adolescent de 12 ans se rend à ses représentations, ébloui par ce petit Japonais capable de jeter à terre les lutteurs les plus costauds de la région. Fils de diplomate, Carlos Gracie décide de tout lâcher afin de dédier sa vie à ce ju-jitsu venu du bout du monde. Le « Comte Koma » accepte de le prendre pour élève.

Plus d’adeptes que la capoeira

La suite : en 1925, Carlos ouvre à Rio de Janeiro son académie de ju-jitsu. A son tour, il fait le tour du pays, écrasant dans de dangereux combats de « vale tudo » (sorte de free fight) boxeurs et maîtres de capoeira. Dans sa croisade, Carlos est aidé par sa famille nombreuse, qu’il forme, et en particulier par son frère Hélio Gracie. Au fil des années, ce dernier modernise l’art martial, invente de nouvelles prises, et jette les bases d’un véritable « ju-jitsu brésilien ».

Selon une enquête du ministère de la santé, publiée en 2013, autour de 2,5 millions de Brésiliens s’adonneraient au ju-jitsu, soit 1,3 % de la population, davantage que l’iconique capoeira (1 %). Organisés en clan, les Gracie font l’objet d’un véritable culte, sujets de biographies et même de statues. Plus de 150 descendants de Carlos travaillent aujourd’hui comme lutteurs, entraîneurs ou directeurs de dojo. José Padilha, réalisateur de la série Narcos et de Troupe d’élite, compte consacrer un film à l’histoire de la dynastie.

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