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Brésil : les bolsonazis sèment la mort et la terreur
Smaïl Hadj Ali
Dimanche 14 octobre 2018
Publié sur
Investig'action
Dans un
précédent article, « Le Brésil sur la
voie du fascisme ?
[1] », nous avions
qualifié Bolsonaro de psychopathe et de
chef de gang de brutes fascistes, qui ne
connaît ni remords, ni retenue, attise
la haine et les frustrations, exalte les
instincts les plus obscurs, et
d’insondables pulsions mortifères chez
ses partisans depuis de nombreuses
années. Ces constantes, qui n’avaient
point besoin d’être confirmées, tant le
personnage et ses troupes s’identifient
et se projettent en elles, ont franchi
une nouvelle étape dans la journée et au
soir du premier tour.
Dans cette phase
d’accélération de l’histoire et de
bifurcation vers les pires régressions,
il ne se passe pas un jour, depuis le 7
octobre, sans que les bolsonaristes,
émules des Sections d’assaut nazies
[2] , intimident,
injurient, agressent, tabassent,
menacent de viols, poignardent, blessent
et tuent.
Ils portent la
terreur et la mort comme la nuée l’orage
À travers ces
pratiques fascistes, ils instaurent un
climat de peur et sèment la terreur afin
d’empêcher toute velléité d’expression
libre et démocratique le 28 octobre,
indépendamment du rôle essentiel, sur le
moyen et le long terme, de ces pratiques
et méthodes dans le dressage et le
contrôle de la population, dans
l’intérêt bien compris des classes
exploiteuses.
À cet effet, il y a
lieu de penser que Bolsonaro, si par
malheur il sort vainqueur au second
tour, n’hésitera pas à
institutionnaliser et fédérer ces
groupes et individus dans des milices
terroristes semblables, peu ou prou, à
celles des S.A nazis[3],
dans un pays où les appareils répressifs
d’État maillent fortement l’espace
public national.
Sans prétendre à
l’exhaustivité, les premières
recensions, effectuées par les médias
progressistes et démocratiques,
indiquent qu’entre dimanche 7 et
mercredi 10 octobre, plus de 70
agressions physiques ont été commises
par les nervis fascistes sur l’ensemble
du territoire brésilien.
Au moment où sont
rédigées ces lignes, ces agressions, ces
violences physiques se répartissent
ainsi : 14 dans le sud, 32 dans le
sudeste, 18 dans le nordeste, 3 dans le
centroeste et 3 dans le nord du pays.
Les quelques cas
que nous avons relevés ici ont valeur
d’exemple et sont significatifs du
climat de haine et de terreur qu’ils
veulent imposer à tous ceux qui ne se
reconnaissent pas dans leur projet
liberticide, ou le rejettent.
Le soir des
résultats le compositeur et maître de la
capoeira Romualdo Rosario Costa, dit Moa
do Catendè a été assassiné
par un bolsonariste suite à une vive
discussion dans une buvette de la
périphérie de Salvador de Bahia.
L’assassin est sorti du bar, pour
revenir avec un couteau et porter 12
coups fatals à l’artiste bahianais.
La veille, l’ex
chanteuse transgenre du groupe Furaçao
2000, Julyana Barbosa a été attaquée à
Rio à coups de barre de fer par un
groupe de bolsonaristes hurlant « les
gens-poubelles doivent mourir ».
D’autres cas de
violences extrêmes ont été rapportés par
les médias progressistes et
démocratiques.
Ainsi, dans la nuit
du dimanche 7 au lundi 8 octobre, à
Porto Alegre, cité fondatrice du Forum
Social Mondial en 2001, une jeune femme
de 20 ans a été violemment agressée par
trois bolsonaristes pour avoir apposé un
autocollant # Ele Não, –Pas
lui-, aux couleurs de la bannière
LGBT sur son sac à dos. Non contents de
la rouer de coups, ces brutes ont gravé
une croix gammée sur son ventre avec un
couteau.
Tout aussi violente
et abjecte fut la réaction du chef de la
police locale qui déclara, à la BBC News
Brazil, avoir dit à la jeune femme que
la croix gammée était un signe boudhiste
[4] qui prône la paix
et l’amour, et qu’elle pouvait vérifier
cela sur Internet.
En accord et en
phase avec les discours injonctifs
sordides de leur chef de gang, qui
affirma haineux en 2013, « Il y a
trop d’homosexuels. Je suis homophobe et
fier de l’être », les hordes
fascistes s’en prennent ouvertement et
violemment, dans les espaces publics aux
homosexuels, et ce partout dans le pays.
C’est ce qui s’est
produit dernièrement dans le métro de
Sao Paulo où des groupes de supporters
fanatisés du Palmeiras, un club de
football de première division paulista,
ont vociféré en boucle un hymne
homophobe : « Fais attention à toi
salope, Bolsonaro va tuer les PD ».
Les supporters de l’Atletico Minas
Gerais, en firent de même dans leur
stade à Belo Horizonte. Comment à cet
effet, ne pas songer à l’impact des
déclarations récentes scandaleuses et
irresponsables du Pape contre les
homosexuels.
Autres faits et
actes de violence. Dans la nuit du lundi
8 au mardi 9, à Curitiba, la ville où
est enfermé le prisonnier politique
Lula, un étudiant de l’université
fédérale de Parana portant une casquette
sur laquelle était inscrit le sigle MST
-Mouvement des sans-terre- a été agressé
à coups de bouteilles sur le crâne par
un groupe de bolsonaristes. La
meute formée de dix nervis, hurlait
« Ici nous sommes des Bolsonaro »,
puis s’est déchainée en vandalisant
La maison de l’étudiant de
l’université.
Toujours à
Curitiba, la ville où sévit le juge
inquisiteur Moro qui s’est acharné avec
une haine zoologique sur Lula, un
automobiliste a foncé avec son véhicule
sur un jeune journaliste de 26 ans, le
blessant grièvement au pied. Le
jeune homme portait un T shirt rouge
avec une photo de Lula, et fêtait dans
un bar la victoire d’un militant du PDT
de Ciro Gomes élu député de l’Assemblée
législative de l’État de Parana. Après
trois jours de très fortes douleurs et
un fort sentiment d’insécurité il se
rendit au siège de la Policia Civil,
pour déposer plainte et fournir le
numéro de la plaque d’immatriculation du
véhicule. Mais une fois dans le
bureau du policier-greffier, il
rebroussa vite chemin en constatant que
l’ordinateur du policier-greffier était
recouvert d’autocollants à l’effigie de
Bolsonaro.
Des dizaines
d’autres journalistes sont aussi la
proie de ces hommes de main, dont
certains se recrutent dans les fanges du
lumpen, du banditisme, mais aussi dans
les forces de sécurité, dans un pays où
sévissent les tueurs à gages des
« ruralistas » – propriétaires fonciers-
et, il y a encore peu , les Escadrons
de la mort, formés de membres de la
police.
Dans l’après-midi
du 8 octobre à Recife, capitale de
l’État du Pernambouc, alors qu’elle
sortait d’un bureau de vote, une
journaliste du « Jornal do Commercio »,
a été agressée à coups d’objets
contondants au visage et au bras et
menacée de viol par deux bolsonaristes
criant « Bolsonaro Président ».
Mercredi 10 octobre
la journaliste Gabi Coelho, chef
éditorialiste de Voz das Comunidades, un
média dédié aux favelas de Rio de
Janeiro, a été agressée et jetée au sol.
L’agresseur lui a arraché son sac à dos
sur lequel était collée l’affichette
« Ele nâo », en la traitant
de « macaque petiste »
Selon l’Association
brésilienne du journalisme
d’investigation, des groupes politiques
tels que le Mouvement pour le Brésil
libre, – M.L. B- un regroupement
fasciste, créé en 2014 lors des
manifestations contre Dilma Rousseff, la
vie et les profils des journalistes sont
dûment exposés sur les réseaux sociaux.
Ces pratiques qui relèvent de la
délation ont pour objectif la
stigmatisation et la livraison à la
vindicte fasciste des journalistes sur
la base de leur supposée affinité
politique et idéologique.
Selon,
l’Association, au-delà du M.B.L,
derrière ces agissements crapuleux, qui
se produisent depuis plusieurs mois, se
trouvent principalement l’un des fils
de Bolsonaro, Eduardo Bolsonaro, député
fédéral, la journaliste et députée du
parti fasciste, Parti social libéral
-P.S.-L , Joice Hasselman, et deux
procureurs de la république,
Marcello Rocha Monteiro de l’État
de Rio de Janeiro, et Alton Benedito
de l’Etat de Goias, à quoi il faut
s’ajouter, véritable oxymore,
l’humoriste fasciste Danilo Gentili.
Ces derniers temps
ces pratiques fascistes se sont
amplifiées et exacerbées.
L’association
rapporte qu’elle a recensé 137 cas
d’agression de journalistes depuis le
début de l’année 2018[5],
qui se répartissent en 62 cas
d’agressions physiques, dont 60 ont
atteint leurs cibles, et 75 à travers
les réseaux numériques, qui ont touché
64 journalistes.
Pour l’association,
ces agressions, ces harcèlements et ces
menaces ont pour objectif de réduire au
silence les journalistes et sont des
signes évidents d’un mépris de la
démocratie.
« Le droit à
l’information, essentiel pour la société
dans son ensemble, est compromis lorsque
les professionnels de la presse sont
empêchés d’exercer librement leurs
fonctions”, a déclaré le président
de l’Association.
A toutes ces
violences, à ces agressions
systématiques, à cette terreur,
Bolsonaro, qui vient de refuser tout
débat pour le second tour face à Haddad,
a déclaré : « Je ne peux pas contrôler
mes partisans ». En ce sens, il est en
accord total avec son projet
idéologiquement et politiquement mortel
pour les libertés. Toutes les libertés.
Notes :
[1] Journal Notre
Amérique – Investig’Action du 11 octobre
2018
[2] S.A Nazis, ces
sinistres chemises brunes, créées par
Hitler en Allemagne nazie entre 1921 et
1945 agressaient physiquement et
l’assassinaient systématiquement les
opposants politiques.
[3] En février 2018,
lors de l’émission CQC de TV Bandeirante,
à la question : « Si vous étiez allemand
pendant la seconde guerre mondiale,
auriez-vous rejoint l’armée nazie ? »,
il répondit sans hésitation : « Logique,
sans aucun problème », et ajouta
qu’Hitler était « un grand stratège ».
Notons que son allégeance notoire à
l’idéologie nazie n’a jamais posé de
problèmes aux milieux sionistes
brésiliens qui l’ont invité, en tant que
pré-candidat à la Présidence, à
discourir au Club Hébraïque de Rio de
Janeiro le 03 avril 2017. Durant cette
conférence, entre autres monstruosités,
il assimila les Afrobrésiliens à des
animaux.
[4] Le réseau des
bouddhistes progressistes a condamné
jeudi 11 octobre, l’assimilation des
valeurs bouddhistes par ce chef de
police avec la croix gammée symbole du
nazisme.
[5] Cette situation ne
semble pas inquiéter, outre mesure,
Reporters sans frontières, qui sur son
site se félicite de la décision des
autorités brésiliennes, prise le 18
septembre 2018, d’élargir « le
mécanisme de protection des défenseurs
des droits de l’homme, aux
professionnels des médias. RSF vit
probablement sur autre planète
médiatique. Notons que RSF, ce
n’est guère étonnant, se garde
bien de se prononcer sur la
brutalisation quotidienne de la
société brésilienne par les médias PIG,-
Partido da imprensa Golpista-.Cfr,. Le
Brésil sur la voie du fascisme ? In
Journal Notre Amérique – Investig’Action,
11 octobre 2018.
Source : Journal de
Notre Amérique (à paraître)
Le
dossier Monde
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