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Billet de blog 14 octobre 2019

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La fusion digitale de Celluloïd

Dans ce nouvel épisode du podcast, on plonge dans la fusion musicale du label Celluloïd qui a produit des musiques frappées par les évolutions technologiques et idéologiques de leur temps. Quand le studio assoit son statut de méta-instrument. Quand le multiculturel s’incarne dans une musique ni de là-bas, ni d'ici. Premier volet d'une série consacrée aux labels musicaux français.

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"Matière plastique très malléable à chaud, mais très inflammable, obtenue en plastifiant la nitrocellulose par le camphre". Telle est la définition du terme celluloïd par mon petit Larousse qu’il m’arrive encore régulièrement de consulter, Wikipédia n’ayant pas eu encore complètement raison de lui. A l’heure de la prise de conscience écologique et de l’effondrement programmé de notre civilisation thermo-nucléaire, on voit mal un label se prénommé de la sorte en 2019.

Je ne résiste pas, moi le clermontois habitant une avenue attenant du fief de notre ex-président Valéry Giscard d'Estaing de le citer « nous, en France, on a pas de pétrole mais on a des idées ». Quand on pense à tout le pétrole que l’état français a pompé, via ses grandes compagnies pétrolières, en Algérie ou au Gabon pour ne citer que ces deux pays, on rigole bien en se remémorant cette formule. Pas de pétrole ou presque, du plastique beaucoup, des idées c’est certain. Des idées musicales notamment.

Illustration 1
Celluloïd

Celluloid né en 1977 à Paris sous l’impulsion d’un producteur qui n’est pas à son coup d’essai. Jean Georgakarakos plus connu sous le nom de Jean Karakos a déjà plusieurs vies de producteurs derrière lui. Il fut à la tête du label BYG qui publia ce que la décennie 70 comptait d’expérimentations et d’avant garde musicales en jazz, musiques contemporaines et rock. BYG, pour Boruso, Young et Georgakarakos, les patronymes du trio fondateur. 


Le self made man d’origine grec contribue ensuite au magazine Actuel grâce auquel il rencontre Jean-François Bizot qui sera de l’aventure Celluloid. Bizot présente à Karakos un troisième laron, Gilbert Castro. Le trio est constitué et l’affaire démarre. L’ambition première du label est de proposer des éditions françaises de disques produits en Europe ou outre-atlantique, comme l’album OK Fred du chanteur Errol Dunkley qui reprend ici un thème de John Holt. Suite à un voyage new-yorkais et une rencontre charnière avec le bassiste, musicien et future producteur Bill Laswell, Jean Karakos propose à ses compères d’émigrer en terre promise, New York City.


La ville vit alors les dernières heures du mouvement disco et laissera place à une scène foutraque et éminemment fusion dans les années 80, avec les rencontres pas toujours prévisibles entre disco, hip hop, rock et funk. No wave baby! Pourtant, Bizot et Castro ne sont pas chauds pour larguer leurs amarres parisiennes. Cette décision fut salutaire, Bizot fera dans les deux décennies qui viennent ce que Paris a fait de mieux en matière de découvertes et d’innovations culturelles et musicales, avec le lancement de Radio Nova particulièrement.
 Dés lors, Celluloïd aura deux têtes et deux bases arrières, l’une américaine, l’autre parisienne, et ce jusqu’à la fin de l’histoire, en 1988, l’année avant la sortie de la Lambada en 1989, hit dont je me garderai bien de vous faire écouter un extrait et qui scellera définitivement le clap final à l’aventure Celluloïd.



Celluloïd, dans mon esprit, a su développer un son à part, en prise avec les évolutions sonores et techniques de son temps, et l’avènement de l’ère digitale. Ceci est d’autant plus particulier que la branche française de Celluloïd réédite et distribue davantage qu’elle n’enregistre du matériel original. Les studios d’enregistrements s’étoffent grandement dans les années 1980 et de nouveaux préceptes de productions ont le vent en poupe. Une certaine artificialisation se formalise alors dans les modalités de conception et de productions des albums. Surtout, le studio entérine définitivement sa place dans le processus de production. Le studio n’est plus seulement le lieu et le moment où les musiciens enregistrent, l’étape consistant à respecter au maximum l’expression musicale et instrumentale. Non, le studio devient un instrument, il modifie et transforme plus sensiblement le son et s’inscrit de ce fait dans la musicalité des titres et albums qu’il met en boite. 



La suite :

La Causerie Musicale #14 | © Musique pour l'Imaginaire © Arnaud S.

Retrouvez les références musicales et bibliographiques citées dans le programme sur le blog de la causerie musicale

Le podcast est également disponible sur itunes et spotify.

Belle écoute!

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