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Simon Billy : « Si je cherche le record du monde, c'est aussi pour les rendre fiers »

Simon Billy chez lui, sur les pistes de Vars. (L. Billy/DR)
Simon Billy chez lui, sur les pistes de Vars. (L. Billy/DR)

Auréolé d'un titre de champion du monde de ski de vitesse en 2021, Simon Billy va tenter cette saison de battre le record du monde. Il en aura l'occasion à partir du 27 janvier lors de deux compétitions organisées chez lui, à Vars.

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« Comment vous sentez-vous à l'aube de cette nouvelle saison ?
Je me sens bien. J'ai hâte que ça reprenne parce que ça fait un moment que c'est compliqué avec le Covid. L'année dernière, on a pu faire que quelques courses en Suède. C'était très frustrant. J'espère qu'on pourra faire plus de pistes cette année. Pour ça, je me suis bien préparé.

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De nombreux mois sont passés depuis le dernier championnat du monde, comment gère-t-on une préparation si longue ?
Au-delà du Covid, les longues préparations sont habituelles dans le ski de vitesse. On ne peut pas skier l'été parce que les glaciers sont difficilement praticables. Donc on a le temps de bien se préparer. Pour commencer, je monte sur mes skis tous les jours, chez moi à Vars. Mais l'essentiel de ma prépa, c'est un énorme travail physique, notamment du renforcement musculaire. C'est obligatoire d'avoir un corps au top pour ne pas être en danger. Il faut pouvoir assumer les changements de direction à plus de 200 km/h. La moindre faute peut être fatale, je le sais parce que j'ai déjà eu un gros accident. Donc je me suis préparé à fond pour affronter les descentes.

« Ça bouffe tellement d'énergie de dompter la peur »

Quelle est l'importance du mental dans votre sport ?
Le plus dur dans le kilomètre lancé (autre nom du ski de vitesse) c'est l'aspect mental. La piste de Vars, elle fait peur quand tu la regardes même pour un pro comme moi. Donc pour l'apprivoiser, je m'y rends tous les jours. Avec la neige qui est tombée, on va atteindre au moins 230 km/h, il faut se rendre compte de la vitesse. Quand tu arrives en bas de la piste, tu es plus vidé émotionnellement que physiquement. La course c'est qu'entre 15 et 20 secondes. Attention, physiquement ça reste costaud tout de même. Mais ça bouffe tellement d'énergie de dompter la peur. Quand tu descends, tu prends un bon shoot d'adrénaline. Physiquement, je pourrais descendre une dizaine de fois dans la journée, mais émotionnellement parlant ce n'est juste pas possible. Pour réussir à endurer tout ça, il faut penser et vivre ski de vitesse tous les jours. On ne peut pas être à fond uniquement de décembre à avril, ce n'est pas sérieux. Ce n'est que comme ça que le jour J, je suis prêt dans mon corps, dans ma tête et avec mon matos.

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Votre matos ?
Ouais carrément, une autre spécificité de la prépa, c'est qu'on doit trouver du matériel plus performant soi-même. Comme un casque et des skis qui permettent de gratter un peu de vitesse supplémentaire. Les détails peuvent faire la différence dans le ski de vitesse. Là, on va bientôt tester le matos. J'espère qu'on a fait du bon boulot.

Le début de saison sera chez vous à Vars, avec deux grosses manches. Comment appréhendez-vous l'événement ?
C'est ultra cool de commencer la saison à domicile. En plus, Vars j'adore, c'est là où on peut atteindre les plus grosses vitesses. Commencer chez moi, c'est à la fois beaucoup d'engouement et beaucoup d'attente. Beaucoup d'engouement, parce que je vais skier devant toute ma famille, mes proches et mes potes. Beaucoup d'attente, parce que Vars est la piste la plus rapide, elle est spéciale. En plus, je vais affronter Simone (Origone) qui représente forcément une grosse concurrence. Il y a deux ans, il m'a battu chez moi. J'ai envie de repasser devant à la maison, c'est important.

Simon Billy, vice-champion du monde à Vars en 2019. (R.Morel/DR)
Simon Billy, vice-champion du monde à Vars en 2019. (R.Morel/DR)

En mars dernier, vous étiez sacré champion du monde pour la première fois : quels sont vos objectifs pour cette saison ?
Je détiens le record de France depuis 2016 (252,8 km/h) et, à l'époque, j'étais jeune donc c'était une performance incroyable. Aujourd'hui, j'ai grandi et j'ai bien évolué dans ma discipline. Je suis prêt à passer au niveau supérieur : le record du monde. L'essence même du ski de vitesse ce sont les records donc je vise le meilleur, tout simplement. Pour cette saison, j'ai trois principaux objectifs : le titre de champion du monde, un nouveau globe de cristal et, le plus important, le record du monde.

Votre père a été recordman du monde en 1996. Est-ce que votre famille joue un rôle dans votre pratique ?
J'ai eu la chance d'avoir évolué dans un cadre de ski de vitesse depuis que je suis petit. Même si mon père ne m'a jamais poussé à en faire, il trouvait ça trop dangereux pour mon frère et moi. Mon père et mon frère m'accompagnent toute l'année, que ça soit sur les pistes, pour améliorer le matériel ou pour m'aider mentalement. Donc oui, ma famille joue un grand rôle dans ma vie de sportif. C'est une vraie aventure humaine et familiale. Si je cherche le record du monde, c'est aussi pour les rendre fiers. »

Les dates de la saison 2022
27 janvier-31 janvier : Championnat du monde à Vars
31 janvier - 3 février : manche de la Coupe du monde à Vars
10 février -12 février  : 1er manche de la Coupe du monde à Salla (Finlande)
10 mars-12 mars : 2e manche de la Coupe du monde à Idrefiäll (Suède)
31 mars-2 avril : 3e manche de la Coupe du monde à Grandvalira/Grau Roig (Andorre)
publié le 26 janvier 2022 à 19h15 mis à jour le 26 janvier 2022 à 20h11
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