Castelnaudary. "Le ballon rouge" sur "cinephilesdedemain.blog"

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Correspondant

l'essentiel cinéma. La chronique de Denys

Paris, dans les années cinquante. Pascal, un bambin de 6 ans, libère un ballon rouge accroché à un réverbère. Le ballon se met à suivre l’enfant partout où il se rend. Cette étonnante complicité entre le petit bonhomme et le jouet suscite la curiosité, puis la jalousie des enfants plus grands qui, cherchant en vain à s’approprier ce ballon apprivoisé, finissent, de dépit, par le faire éclater. Pour consoler Pascal, meurtri par la disparition brutale de son compagnon, des centaines de ballons multicolores affluent de tous les coins de Paris et s’attachent à l’enfant pour l’emporter dans les airs… "A une époque où le cinéma pour enfants n’était pas encore un filon, Albert Lamorisse faisait figure de pionnier. À l’opposé de l’anthropomorphisme puéril de Disney ou de Jean Tourane (le cinéaste oublié de Saturnin, Le petit canard), les films de Lamorisse sont des contes oniriques (un peu surannés sans doute) qui misent sur l’intelligence et la sensibilité du jeune public. Il en va ainsi du Le Ballon rouge, Palme d’or du court-métrage 1956, sur l’amitié d’un poulbot et d’une baudruche cerise. Dans un article publié dans les Cahiers du cinéma en 1957, le critique André Bazin (qui officiait aussi dans les colonnes de Radio-cinéma-télévision, l’ancêtre de Télérama) montre comment le cinéma selon Albert Lamorrisse avec bonheur sa fameuse théorie du "montage interdit" (1) : elle plaide pour le réalisme du plan-séquence et proscrit le recours au champ-contrechamp, nuisible, selon ses critères, à la crédibilité de l’action. A fortiori si cette action est surnaturelle, il est indispensable de voir, dans le même plan, le poulbot suivi par son ballon "magique". À l’heure du trucage numérique, une telle démonstration n’a plus de raison d’être, mais elle témoigne de la passion pour les questions esthétiques qui habitait la critique dans les années 50 et qui semble aujourd’hui l’avoir désertée."

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