RTE déroule le premier câble électrique pour raccorder le futur parc éolien offshore du Calvados à la terre

Devant Bernières-sur-Mer, profitant d’une fenêtre de trois jours favorables, le chantier du parc éolien a procédé au déroulage du câble raccordant les futures éoliennes à la côte. Une opération complexe et spectaculaire.

Chantier du raccordement du futur parc éolien du Calvados devant Bernières-sur-Mer les 21, 22 et 23 mai : au loin, un navire-câblier déroule le câble qui serpente, accroché à des bouées, jusqu'à un fourreau passant sous la plage. LP/Esteban Pinel
Chantier du raccordement du futur parc éolien du Calvados devant Bernières-sur-Mer les 21, 22 et 23 mai : au loin, un navire-câblier déroule le câble qui serpente, accroché à des bouées, jusqu'à un fourreau passant sous la plage. LP/Esteban Pinel

    Devant Bernières-sur-Mer, à marée basse, un nombre impressionnant de bateaux et de plateformes s’affairent ce dimanche 22 mai. « Le chantier est assez proche de la côte », dit une personne sur la jetée. « Ça nous paraît loin à nous », répond, le sourire en coin, Jacques Frémaux, le directeur du projet de raccordement du parc éolien en mer du Calvados pour Réseau de transport d’électricité (RTE). Du samedi 21 au lundi 23 mai, ses équipes ont mené une opération complexe : dérouler le premier câble qui raccordera le futur parc offshore à la côte.



    « Il faut amener le câble d’un navire câblier jusqu’au parking du Platon, à Bernières », là où l’électricité générée au large rejoindra le réseau terrestre. Jacques Frémaux poursuit l’explication : « Les deux liaisons sous-marines sont stockées sur ce navire câblier. Il est stationné à un peu plus de trois kilomètres du parking. À cette distance, il faut sortir le câble, le faire flotter sur 2,5 km pour l’amener dans un fourreau installé sur l’estran. » Ce fourreau est la porte d’entrée vers les installations terrestres. Il passe sous la plage. L’idéal serait que le navire déroule le câble au plus près, comme lors du raccordement du futur parc de Fécamp, où il avait pu s’approcher à 400 m du but. « Mais ici, la hauteur d’eau n’est pas suffisante et le bateau à 3,2 km du rivage. Faire cette opération sur une telle distance, c’est une première en Europe », dit le responsable de RTE.

    Le navire-câblier mobilisé pour le raccordement du parc éolien du Calvados : on aperçoit l'imposant câble électrique qui sort du bateau, soutenu par des bouées. LP/Esteban Pinel
    Le navire-câblier mobilisé pour le raccordement du parc éolien du Calvados : on aperçoit l'imposant câble électrique qui sort du bateau, soutenu par des bouées. LP/Esteban Pinel

    Entre le navire, doté d’une bobine géante, et le fourreau au fond de l’eau, le câble a de faux airs de serpent à la surface de la mer. « Pour faire flotter un câble qui pèse 120 kg par mètre, il faut y accrocher des bouées tous les cinq mètres », détaille Jacques Frémaux. Le câble est guidé par des plateformes et des caissons flottants, et stabilisé par des petits bateaux, pour ne pas dériver à cause du courant. En tout, une vingtaine de bateaux et 150 personnes sont mobilisés sur trois jours. Une fenêtre identifiée de longue date, à la faveur de marées et d’une météo favorables. Et si RTE prévoit trois jours, c’est aussi parce que le câble avance à la vitesse d’environ quatre mètres par minute.

    La mécanique est rodée. Des opérateurs accrochent les bouées à la sortie du navire câblier. Un treuil tire le câble. Au-dessus du fourreau, sur une plateforme, d’autres équipes enlèvent les bouées. Le câble plonge alors dans cette sorte de tube, sous la bonne garde de plongeurs. Un chantier d’envergure surveillé de près par plusieurs embarcations. Interdiction de s’approcher trop près. Quelques pêcheurs locaux sont rappelés à l’ordre et priés de s’éloigner. Le périmètre « sanctuarisé » s’étend plus loin au large, jusqu’à un bateau orange à l’allure singulière : le Normand Pacific.

    Le Normand Pacific est un bateau équipé de robots sous-marins qui creusent les tranchées où sont déposés les câbles de raccordement du parc éolien du Calvados. LP/Esteban Pinel
    Le Normand Pacific est un bateau équipé de robots sous-marins qui creusent les tranchées où sont déposés les câbles de raccordement du parc éolien du Calvados. LP/Esteban Pinel

    Jacques Frémaux fait les présentations : « Il réalise les tranchées pour installer les câbles. Il est équipé d’un robot qui travaille sur le fond marin et réalise environ 60 m de tranchées à l’heure ». A ce jour, 8 km ont déjà été creusés sur les 15 qui sépareront la côte de la future station du parc éolien offshore, par laquelle transitera la production des 64 éoliennes, à l’horizon 2024 « Ce raccordement permettra d’acheminer sur terre 4500 mégawatts, soit la consommation de 90 % de la population du Calvados, indique Nathalie Lemaître, la déléguée régionale RTE pour la Normandie. C’est le deuxième parc que l’on raccorde sur la côte normande après Fécamp ». Viendra plus tard celui de Dieppe-Le Tréport avant des projets au large de la Manche.

    Une nouvelle fenêtre entre le 7 et le 10 juin

    Une étape symbolique et technique est donc franchie avec le déroulage du câble. La délicate opération du raccordement terre/mer achevée, le navire câblier va poursuivre sa route en suivant la tranchée sous-marine, pour y déposer le câble, mètre après mètre. Une nouvelle fenêtre est prévue entre le 7 et le 10 juin pour renouveler le chantier de ce week-end de mai. Car le parc nécessite deux câbles pour faire passer toute l’électricité. Il faudra à nouveau dérouler, accrocher des bouées et guider dans le fourreau. Des travaux dantesques à quelques kilomètres du rivage qui ne manqueront pas d’intriguer les curieux à Bernières-sur-Mer et aux alentours.