Dakar : en route pour devenir la capitale des affaires ouest-africaine

Chaleureuse et foisonnante, Dakar a débuté une mue délicate pour se transformer en hub économique de l’ouest africain. Multiples atouts pour cette métropole originale qui bénéficie maintenant d’un nouvel aéroport international de standing. A la mesure de ses ambitions.
vue-aérienne-de-Dakar

Allier affaires et tourisme, travail et plaisir : c’est le pari en forme de clin d’œil de Dakar, vibrante capitale du Sénégal, deuxième puissance économique d’Afrique après la Côte d’Ivoire. Face à la concurrence d’Abidjan, l’autre grande dame francophone, Dakar entend bien se hisser au premier rang des capitales d’affaires incontournables en Afrique de l’Ouest.

Ces derniers temps, la capitale du Sénégal a multiplié les projets d’infrastructures pour domestiquer sa circulation dense et ses quartiers débordant des activités du secteur informel. Objectif : attirer une clientèle d’affaires et muscler un secteur touristique en pleine expansion.

Des quartiers d’affaires intégrés à la ville

Domestiquer Dakar n’est pourtant pas une mince affaire. La ville s’étend sur une superficie de 55O km, mais elle est située sur une presqu’île et son développement est sous contrainte. Or, il est estimé que la moitié des quatre millions d’habitants de la région de Dakar vivent encore dans des logements de fortune au milieu d’une circulation épique.

C’est dire que, comme beaucoup de villes africaines, Dakar offre le spectacle d’un contraste saisissant. D’un côté, des quartiers extrêmement populaires, parfois constitués d’habitations très modestes. De l’autre, un monde de maisons d’architectes et de jardins luxuriants dans les quartiers des Almadies et celui de Fann, lieux de résidence du personnel d’ambassades et des cadres expatriés à Dakar.

Le quartier d’affaires est incontestablement le Plateau. Ce centre-ville où furent érigés les premiers bâtiments coloniaux accueille aujourd’hui les sièges sociaux de la plupart des grandes entreprises du pays, ainsi que des rues commerçantes encombrées et en proie à des embouteillages quasi permanents.

Désengorger la ville a été le fer de lance de Khalifa Sall, maire de Dakar et président de Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA). Au cours des années 2000, la ville avait déjà connu des améliorations avec, notamment, la construction de routes modernes sur les artères principales, de ponts et d’échangeurs ainsi que la création de nouveaux quartiers résidentiels (Sacré Cœur 3, Liberté 6 Extension, Almadies Zone 7…).

Mais ce développement avait alors entraîné des phénomènes indésirables : spéculation immobilière, surpopulation, crise du logement social et développement anarchique d’activités économiques. Sous la houlette du maire Khalifa Sall, il s’est donc agi de revenir en douceur sur ces évolutions annexes sans pour autant compromettre le développement de la ville. Avec un objectif clé : “rétablir l’équilibre entre croissance économique, respect de l’environnement et équité sociale”, avait promis l’édile.

« Conurbanisation »

Première priorité : les routes.  La capitale intra-muros, qui suffoquait avec un seul axe pour rejoindre la zone Est, a bénéficié en 2013 du premier tronçon de l’autoroute de l’Avenir. Une extension de 16,5 kilomètres, comprenant trois échangeurs et 18 voies de péages, a été livrée l’an dernier.

Au total, la capitale sénégalaise est maintenant reliée à la ville de Diamniadio, à 30 kilomètres au sud de la capitale, et au nouvel aéroport international Blaise-Diagne, inauguré le 7 décembre et distant d’une cinquantaine de kilomètres.

Pour le maire de Dakar, l’heure est venue de s’appuyer sur ces équipements pour privilégier avant tout la métropolisation et la conurbation – ce terme faisant référence à un ensemble constitué de plusieurs noyaux urbains appelés à se rejoindre. Une question de survie pour Dakar, puisqu’il s’agirait d’étendre l’aire de la capitale au-delà de sa presqu’île actuelle du Cap-Vert, où elle étouffe.

Le Dakar du futur pourrait alors aller bien au-delà, jusqu’à Thiès et Mbour, en passant par le pôle de développement urbain de Diamniadio. Cette ville, situé à 15 kilomètres du nouvel aéroport, est la clé de voûte de l’avenir de Dakar et s’insère dans les objectifs du Plan Sénégal Emergent (PSE).

Ce PSE regroupe un ensemble d’actions destinées à favoriser la croissance et l’emploi, le tout allant des grands projets d’infrastructures – autoroutes, Train Express Régional, rénovation du réseau ferroviaire – à l’amélioration du climat des affaires, en passant par des programmes sociaux concernant l’éducation et la santé ou encore une stratégie d’autosuffisance en riz. En 2014, le Sénégal avait annoncé avoir obtenu des engagements internationaux de l’ordre de presque 6 milliards d’euros pour financer le PSE.

Fort de cet appui international, le gouvernement du Sénégal cherche maintenant à mobiliser des ressources budgétaires propres, dans un contexte de finances publiques tendues et attirer des fonds privés, notamment via des formules de partenariat public- privé (PPP), afin de maitriser l’endettement public.

C’est dans ce contexte que le nouveau pôle urbain de Diamniadio, à proximité de l’océan Atlantique, commence à s’étendre sur une superficie de 2000 ha. Les premières rangées d’immeubles ont déjà été érigées par des développeurs sénégalais, rapidement rejoints par des acteurs issus de pays émergents, aux premiers rangs desquels figurent des groupes marocains, mais surtout Senegindia, une société en partenariat avec des groupes de BTP indiens.

SD City, l’ensemble bâti sur les 58 ha attribués à Senegindia, porte sur près de 2500 appartements et maisons économiques de moyen à haut standing en première phase de construction, ainsi que sur des équipements sanitaires, socio culturels et sportifs, un hôtel cinq étoiles, des centres commerciaux et plus de 10 000 m2 d’espaces verts. Des kilomètres de voiries et de pistes cyclables viendront compléter l’ensemble.

Les développeurs veulent s’attacher à éviter le syndrome Dakar – c’est à dire une surconcentration des services de l’Etat et de l’administration dans le centre-ville – en créant des “pôles” disséminés dans différents quartiers. Ils tentent aussi de se prémunir de l’effet cité-dortoir en encourageant la mixité sociale ainsi que les services de proximité.

Smart city

Le centre international de conférences Abdou-Diouf, qui a abrité le XVe sommet de la Francophonie en 2014, ne sera bientôt plus seul à Diamniadio. La ville en devenir doit bientôt accueillir un grand hôtel, une dizaine de bâtiments d’affaires et un parc numérique de 26 ha. La construction de la deuxième université de Dakar – l’université Amadou-Mahtar-Mbow, au coût estimé à 114 millions d’euros – est également en train d’être finalisée et le corps enseignant en phase de recrutement.

Toutes les conditions sont réunies pour faire de ce nouveau pôle urbain un modèle de ville intelligente qui anticipe ses besoins dans un esprit de développement durable. Il est ainsi prévu d’attirer des société nationales et internationales ou encore de dynamiser la recherche et le développement. Des objectifs qui seront desservis par le parc numérique de 26 ha doté d’immeubles équipés d’infrastructures de pointe tels que les centres de données, pôles de développement de logiciels, plates-formes d’appels, centres de formation, recherche, production audiovisuelle et multimédia ou encore incubateurs d’entreprises… Financé par Banque africaine de développement, le parc pourrait générer 35 000 emplois directs à l’horizon 2025. Les enjeux sont énormes, puisque le secteur tertiaire occupe plus de 62 % du PIB du pays avec une part prépondérante pour les télécommunications.

Mais c’est surtout au niveau des infrastructures que la smart city de Diamniadio est attendue au tournant. La ville disposerait en effet de la possibilité de piloter des applications comme la gestion informatisée du trafic ou l’optimisation énergétique.

A l’heure où le Grand Dakar est encore régulièrement frappé par des coupures d’électricité qui exaspèrent la population, Diamniadio sera approvisionnée en énergie propre par une centrale d’une puissance installée de 15MW. La conception architecturale des bâtiments doit leur permettre de mieux capter la lumière et d’améliorer la circulation de l’air. Ces innovations pourraient constituer un modèle de développement pour la politique énergétique de la ville.

Même ambition au niveau de la maîtrise de la circulation urbaine : Diamniadio est à vingt minutes du centre de Dakar, grâce aux nouveaux développements autoroutiers. À la logique de rééquilibrer les activités de Dakar en direction de la nouvelle ville répond l’ouverture prochaine de l’aéroport qui desservira aussi bien la capitale que les zones touristiques côtières grâce à un train rapide. Le chantier de ce train express régional approche avance rapidement. La première liaison ferroviaire rapide du pays ouvrira en 2019 pour un trajet de 57 kilomètres entre Dakar et le nouvel aéroport international. Pas moins de 115 000 voyageurs par jour devraient emprunter la ligne.

Défis

Dakar est donc bien placée pour accueillir un flux croissant de visiteurs d’affaires, d’autant qu’après la période 2008 – 2013 de croissance économique faible et irrégulière (2,5% par an en moyenne), l’économie sénégalaise s’est redressée depuis 2014. Elle a enregistré une croissance de 6,5 % en 2015 et 6,6 % en 2016. Cette embellie, due en grande partie aux premières retombées de la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE), devrait se poursuivre.

Selon les experts de l’ambassade de France à Dakar, l’accélération de la croissance s’appuie sur des conditions climatiques et un environnement conjoncturel favorables, mais aussi sur les politiques publiques et les investissements dans la production agricole, soutenant l’autosuffisance en riz et les exportations.

La progression de l’activité industrielle s’explique par un meilleur accès à l’énergie et à l’électricité grâce à la baisse du cours du pétrole et par une capacité énergétique en forte progression avec la mise en service de centrales thermiques et photovoltaïques.

Mais il reste à la capitale du Sénégal plusieurs obstacles à surmonter. Pour commencer, le climat des affaires est encore bien moyen, en dépit de certains progrès en termes de fiscalité. Dakar occupe la 147ème place sur 190 au classement Doing Business 2017.  La lenteur des procédures administratives et l’accès délicat au financement des entreprises sont des freins à la dynamique de croissance. Sans compter les aléas politico-économiques du Sénégal. Depuis mars dernier, le très populaire et ambitieux maire de la ville, accusé de détournements de fonds, dort en prison… d’où il continue d’administrer la capitale tout en clamant son innocence. Une particularité dont le Dakar des affaires se serait bien passé.

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES

Carte d’identité

Formalités

Depuis le 1er mai 2015, le visa biométrique a été supprimé pour toute entrée au Sénégal pour les ressortissants français. Pour un séjour de moins de 90 jours, il suffit simplement de présenter un passeport valide jusqu’à six mois après la date d’entrée sur le territoire.

Pour un séjour de plus de trois mois, une carte de résident est obligatoire et doit être demandée aux services de la direction de la police des étrangers et des titres de voyage.

Vaccination

Aucun vaccin n’est obligatoire pour entrer sur le territoire sénégalais. Dans la pratique, il peut arriver que les autorités sanitaires sénégalaises exigent, à la frontière, la présentation du carnet de vaccination international, même pour des passagers en provenance de pays européens.
Les vaccins suivants sont, toutefois, recommandés avant le départ :
·         fièvre jaune
·         méningite
·         poliomyélite

Monnaie

La devise au Sénégal est le Franc CFA (BCEAO).
1 € = 656 XOF

Décalage horaire

-2 h

S’y rendre

Il faut compter entre 5 et 7 heures de vol depuis Paris pour rejoindre Dakar. Outre Air France, Corsair et Air Sénégal, qui opèrent plusieurs vols directs hebdomadaires depuis Paris et certaines villes de provinces – Marseille et Lyon notamment –, plusieurs compagnies aériennes internationales proposent la liaison Paris-Dakar avec escale. Il existe également de nombreux vols charters. Bon à savoir : Dakar est l’un des carrefours aériens en Afrique. Air Sénégal assure ainsi des liaisons vers le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Maroc et le Niger.
·         Air Algérie : à Dakar 33 823 5548 ; www.airalgerie.dz
·         Air Europa : à Dakar 33 822 0299 ; www.air-europa.com
·         Air France : à Dakar 33 839 7777 ; www.airfrance.fr
·         Brussels Airlines : à Dakar 33 823 0460 ; www.brusselsairlines.com
·         Ethiopian Airlines : à Dakar 33 823 5552 ; www.flyethiopian.com
·         Iberia Airlines : à Dakar 33 889 0050 ; www.iberia.com
·         Royal Air Maroc : à Dakar 33 849 4748 ; www.royalairmaroc.com
·         TAP Air Portugal : à Dakar 33 821 5460 ; www.tap.pt

Services pratiques

Espaces de co-working :

JOKKOLABS
Ouvert en 2010, Jokkolabs propose un espace aménagé en bureaux équipés pour les entreprises, les travailleurs et salariés indépendants, ainsi qu’une communauté virtuelle (Jokkolabs) basée sur le partage et l’échange de pratiques professionnelles. Plus de 140 coworkers et une centaine d’entreprises.
Internet : www.jokkolabs.net

Regus Dakar
Regus propose deux espaces à Dakar : solutions sur mesure pour les start-up, entrepreneurs indépendants, PME et grands groupes en phase d’implantations. Des bureaux équipés prêts à l’emploi (mobilier, climatisation, connexion WIFI, …) sont à louer pour une heure, quelques jours ou plusieurs mois.
Azur 15 building, 12, Bd Djily Mbaye, le Plateau. Et 1er étage SIA Building, Les Almadies • Tél. : +221 33 829 64 64 • Internet : www.regus.sn

Dakar Business Center
Bureaux équipés, domiciliation et aide à l’implantation au cœur du quartier des Almadies, face au Conseil Régional de Dakar.
Almadies, face au Conseil Régional de DAKAR. lot 9 Zone 8 Ngor, DAKAR • Internet : www.dakarbusinesscenter.com

Renseignements business

Ambassade de France
1 rue El Hadji Amadou Assane Ndoye (accès par la rue Parchappe)
BP 4035 – Dakar • Tel : (221) 338 395 10 • Fax : (221) 338 395 181

Business France
Contact : Julien GIRAUD
Chargé de Développement Business France au Sénégal
Ambassade de France au Sénégal
Mail : julien.giraud@businessfrance.fr

Le Conseil des investisseurs européens au Sénégal (CIES)
Cette association regroupe une centaine d’entreprises françaises et européennes
2, Place de l’Indépendance, Dakar, Sénégal • +221 33 823 62 72 • www.cies.sn

Chambre de Commerce et d’Industrie de Dakar (CCIA-DAKAR)
1, Place de l’Indépendance, Dakar
BP : 118 DAKAR • Tel : +221 33 889 76 80/77 80 • www.cciad.sn